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LUMIÈRE SUR LES PRATIQUES SOMBRES DE LA FRANCE EN AFRIQUE (2/2)

Le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio a suscité la controverse en France en suggérant que le pays empêche le développement économique de l’Afrique et contribue ainsi au flux de réfugiés en Europe. Mais dans quelle mesure cette caractérisation de la politique française sur le continent est-elle juste ? Notre rédaction a déjà publié une série d’articles visant à répondre à cette question sur la base d’éléments objectifs et étayés par un rapport qu’un expert américain a récemment publié sur son blog.

La vraie valeur du franc CFA n’est pas économique, mais politique

La politique monétaire a été un autre instrument de domination économique dans l’ancien empire. Le franc CFA a été créé par la France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en tant que monnaie pour ses colonies africaines. La stabilité du franc CFA a été assurée par la Banque de France, qui a garanti la convertibilité en francs français et qui est représentée au conseil d’administration des deux banques centrales sous-régionales de la zone. Lorsque le franc français a disparu à la fin du siècle, la Banque de France a continué de gérer le franc CFA, indexé sur l’euro.

Les critiques soulignent que l’appartenance à la zone franc CFA est synonyme de pauvreté et de chômage, comme en témoigne le fait que 11 de ses 15 États membres sont classés parmi les pays les moins avancés. La valeur du franc CFA a été largement critiquée pour être trop élevée, ce qui, selon de nombreux économistes, favorise l’élite urbaine des pays africains, qui peuvent acheter à bas prix des produits manufacturés importés aux dépens des agriculteurs, qui ne peuvent facilement exporter des produits agricoles. La monnaie est-elle trop forte ou trop faible ?

Les différends sur le taux de change optimal peuvent être trompeurs. La vraie valeur du franc CFA n’est pas économique, elle est politique. Les États membres de la zone franc n’ont pas de politique monétaire nationale propre. L’élaboration de la politique monétaire pour ces pays reste avec la France.

Paradoxes en Françafrique

Il est paradoxal de constater que la France est à la fois trop forte et trop faible dans son ancien empire en Afrique, et que les multiples stratégies employées pour maintenir son influence sont trop ou pas assez. L’assimilation culturelle excessive de la langue française et de l’éducation française n’a pas permis d’isoler les Africains francophones des influences plus larges d’un monde de plus en plus anglophone.

La cage monétaire du franc CFA jette un vaste filet monétaire sur quatorze pays africains, sans pour autant écarter l’influence mondiale du tout-puissant dollar américain.

Les forces françaises prépositionnées sont stratégiquement placées dans quatre bases militaires permanentes pour des interventions humanitaires rapides, mais ne contiennent pas assez de troupes pour réellement gagner une guerre. L’aide annuelle et l’aide au développement ne semblent jamais suffire pour relancer le développement dans une Afrique où les taux de croissance sont élevés.

Pendant ce temps, les marionnettes autocratiques placées au pouvoir politique par Paris ont réparti leur dépendance et ont cultivé des relations diplomatiques avec les puissances économiques asiatiques émergentes.

Considérons la question des interventions militaires françaises pendant et après la guerre froide. Selon les estimations du politologue canadien Bruno Charbonneau, la France a organisé 122 interventions militaires africaines, missions anti-insurrectionnelles, opérations d’appui au combat, opérations de maintien de la paix, opérations de sécurité et évacuations de non-combattants entre 1945 et 2005.

Les dessous des accords de défense

La France a signé huit accords de défense secrets avec le Cameroun, la République centrafricaine, les Comores, Djibouti, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo. En conséquence de ces accords, la présence de troupes françaises prépositionnées a été maintenue à Djibouti (3 000 hommes), au Gabon (600), en Côte d’Ivoire (550), au Sénégal (1 100) et au Tchad (700).

Mais quand on examine la vaste littérature sur les interventions françaises de maintien de la paix en Afrique, on trouve des critiques de tous les côtés. Outre les préoccupations des réalistes selon lesquelles la France a toujours essayé d’imposer son propre programme national par le biais d’opérations de maintien de la paix des Nations unies et pour les idéalistes libéraux de privilégier la non-intervention par rapport à la responsabilité de protéger, il existe d’autres préoccupations, notamment au sein même de la France, que la puissance économique et militaire française est en déclin depuis des décennies, que la France ne s’investit plus comme avant.

Selon cette critique du déclin et de la fin de l’empire ou de la fin de l’empire, si la France continue à s’investir trop dans les opérations de maintien de la paix en Afrique, elle encourra des coûts d’opportunité préjudiciables qui menacent sa propre sécurité.

Une extension excessive de son armée peut nuire à la France

Dans Naissance et déclin des grandes puissances, le politologue Paul Kennedy a expliqué que la suprématie d’une grande puissance sur le long terme est étroitement liée à ses ressources et à sa durabilité économique, et que le surendettement et le déclin relatif de l’armée constituent la menace constante pesant sur les puissances.

Les ambitions et les exigences de sécurité sont supérieures à ce que leur base de ressources peut fournir. Les missions de maintien de la paix françaises pourraient peut-être maintenir l’image de la France comme une grande puissance dans le système mondial et préserver sa réputation de toujours capable de projeter une puissance sur le continent africain.

Mais une extension excessive risque d’empêcher les forces armées françaises d’atteindre les objectifs des missions de maintien de la paix en Afrique : protéger les civils, vaincre les terroristes, prévenir le génocide. L’extension excessive pourrait également laisser la France dans une position tellement réduite qu’elle ne pourra pas se défendre… Une situation qu’elle ne croit pour l’heure pas possible de se produire.

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