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L’appropriation culturelle, une façon de diminuer la femme noire ?

L’équipe Negronews vous invite à suivre le documentaire « BRAIDED, AN AMERICAN HAIR STORY » sur l’appropriation culturelle aux Etats-Unis ou comment le style capillaire de la femme noire en est venu à être sur le devant de la scène par des femmes non-noire.

Nous avons relevé des passages du documentaire pertinent et qui aideront à la compréhension du pourquoi de cette appropriation culturelle ; avant de devenir un phénomène de mode et de style, tout commence par l’histoire…

Et si finalement l’appropriation culturelle était une façon de diminuer la femme noire ?

 

Traduction de passage pertinent :

 

« Le premier souvenir des tresses que j’ai, serait une jeune fille étant assise entre les jambes de ma mère ou d’un membre de la famille coiffant mes cheveux ».

Dr Zinga FRAZER, Assistant Professor, Brooklyn College

 

« Avoir vos cheveux tressés devient alors aussi une célébration de qui vous êtes et une partie de votre identité en dehors de ce à quoi tu ressembles une fois ta coiffure défaite. Il y a tellement de choses à faire avec les cheveux des noirs, qu’ils soient raides, frisés, tressés… C’est tellement beau et malléable.

  1. UN PEU D’HISTOIRE:

« Une statue a été trouvé 500 avant J-C au Nigéria où les cheveux étaient tressés et nous avons réalisé que ces méthodes de tissage n’étaient pas utilisées, à travers les sociétés, dans l’Ouest de l’Afrique. Pour nous, la coiffure, c’est presque comme notre numéro de sécurité social ; c’est à dire que rien qu’en regardant la coiffure de quelqu’un, tu peux déterminer d’où elle vient, quel est son statut social dans la société, si il/elle est mariée, si il/elle est célibataire, si il/elle est veuf, si c’est un(e) guerrier(e), si il/elle ont été des soldats – les personnes la plus riche au sein de la société étaient celles dont dont les coiffures étaient les plus élaborées, irréalistes. »

« Sur les bateaux d’esclaves, l’une des premières choses qu’étaient faîte était le rasage complet de la tête »

« Si les cheveux étaient aussi un moyen de reconnaître le statut social d’un individu, alors il était possible de certifier et savoir d’où tu venais. Soudainement, on [les maîtres/les esclavagistes] leur rasait la tête, il n’y avait donc plus de façon de les reconnaître, de savoir à quel groupe ils appartenaient, la société dont ils dépendaient. Et quand les esclaves sont finalement arrivés aux Etats-Unis, ils ont complètement dû se renouveler, la culture de notre cheveu a dû être retravaillée.  Les gens, qui auparavant connaissaient leur racine, leur coiffure, n’ont soudainement plus eu accès aux méthodes du traitement de leur cheveu. »

« Durant l’esclavage, le dimanche était le jour où les esclaves pouvaient vraiment prendre soin d’eux, de leurs cheveux ; ils pouvaient réellement se pomponner, se faire beau et c’est là que les rituels de cheveu et de soin de soi sont nés. Le dimanche était aussi le seul jour où l’on pouvait découvrir la façon de traiter/coiffer le cheveu, ce qui pouvait durer une semaine entière ; vous n’étiez clairement pas capable de faire quoi que ce soit durant une semaine. »

« Cependant, cela ne veut pas dire que nous voulons ressembler aux femmes blanches; ce qui est toujours utilisé comme argument et c’est l’idée maintenu dans la culture pop, dans les médias, dans les débats politiques, dans les conversations politiques et partout l’idée est basée sur le fait que l’on ne s’aime pas soi-même. »

« Avoir des cheveux sophistiqués voulaient dire avoir des cheveux raides alors il y a eu un mouvement qui a fait ralentir les tresses aux femmes noires car ça ne faisait pas assez urbain dans le contexte contemporain de l’époque ; c’est pourquoi il y a eu de telles conséquences pour les femmes africaine-américaines qui portent leur cheveux ou des tresses ou tout autre type de coiffure qui n’était pas conforme au standard européen de beauté. »

« La première fois que les mèches, des tresses collées en particuliers, ont été vu et popularisé, c’était par une non-noire, Mary Cathleen Collins, plus connue sous le pseudonyme de Bo Derek, en 1979.  Son mari et manager voulait s’assurer que ce serait utilisé comme un tremplin afin de la faire connaître : en sortant de l’eau avec ses longues tresses collées blonde et le style a tellement décollé/plu que si vous regardez les magazines à partir de l’année 1979, NewsWeek notamment, a commencé à parler des tresses collées et soudainement cela a été vu comme beau et acceptable.

A partir de là, des salons se sont installés juste pour coiffer les femmes blanches.

L’année 1979 a enregistré un chiffre d’affaires allant de 300 à 500$ de plus et on a fait savoir aux femmes blanche que les tresses ne dureraient que quelques jours étant donné de la texture de leurs cheveux n’était pas la même que la texture des cheveux afro.

A partir de 1979, la femme blanche a commencé à être vu de façon plus exotique ; mais il n’y a rien d’exotique dans un style capillaire porté par d’autres femmes non exotiques.

Dans les années 50 jusqu’à même 60, particulièrement à l’université, on commence à voir des femmes noires se faire des tresses collées.

Dans les années 60 et 70, le style s’est vraiment popularisé, on voyait les tresses à la télévision, dans les séries télévisées avec Kim FIELD ainsi que Janet JACKSON ; elles portaient souvent leurs propres cheveux avec une tresse. Pour moi il est très important de voir quelqu’un qui me ressemble à la télévision et ces tresses nous connectaient au-delà du fait que l’on soit juste des filles noires. A la télé, il y avait Brandy NORWOOD avec ‘Moesha’, Janet JACKSON dans ‘Poetic Justice’. Puis dans les année 2000, Alicia KEYS a fait les tresses renversées en arrières ; c’était très à la mode, tout le monde en avait.

Juste après que Bo Derek ait popularisé les tresses collées, il y a eu procès/affaire judiciaire pour discrimination en 1981 introduit par une femme noire nommée Renée RODGERS. Elle travaillait pour ‘American Airlines’ et elle s’était faîte des tresses collées ; son argument légal de défense était de dire que son style de coiffure faisait parti de son héritage culturel.

Le juge a statué contre elle parce qu’elle avait fait cette coiffure après qu’un film de Bo Derek soit sorti et il n’y avait donc pas de base légal pour dire que c’était un héritage culturel parce qu’elle faisait essentiellement quelque chose pour imiter le style de Bo Derek.

Il y a aussi cette idée générale qui veut que si vous voulez qu’une personne noire fasse partie de votre entreprise, elle doit se conformer aux valeurs américaines selon l’employeur.

La productivité au travail a régressé après Bo Derek, quelque part, elle a été responsable de « whitewashing* » la culture et l’héritage des tresses collées a été dénaturé et on le voit de nos jours avec les Kardashians qui font la même chose avec les tresses et d’autres styles. C’est offensant et tellement gros que vous vous appropriez ce style, NOTRE style. »

Ayana BIRD, Auteur de “Hair Story: Untangling the roots of black hair in America”.

 

« Tout le monde avait des tresses collées, c’est ce que tout le monde portait dans le monde du hip-hop ; et même dans le monde du basketball. Allen IVERSON en portait et c’est devenu très populaire, tout le monde en voulait »

Young Ma, Hip-Hop Artist

 

2. IMPRESSIONS…

“ […] Comme nous savons que ce sont des coiffures qui viennent d’Afrique, […] c’est plus la façon de les coiffer, de les mettre en forme et de les rendre ‘stylé’

Shani GROWE, Hairstylist

 

« Et si on regarde de plus près à travers la diaspora, c’était une façon pour les femmes africaines d’exprimer leur propre style de beauté. »

« Quand on pense aux africaines-américaines durant la période l’esclavage, le fait qu’elles couvrent leurs cheveux était quelque chose qu’elles avaient l’obligation de faire jusqu’à très tard, plus précisément jusqu’à ce que la beauté noire soit reconnue dans les concours de reine beauté américain en affirmant qui elles sont et ce, que ce soit en lissant leurs cheveux, en les tressant ou en faisant des locks ou autre…

De là, naît un moment où les jeunes filles, les mamans, les grands-mères viennent partager un moment dans un lieu qui leur permet de trouver un sens commun, l’appartenance à un groupe. Elles pensent aussi comment affirmer leur image aux yeux du monde entier et à quel point elles aiment ce qu’elles sont: la couleur de leur peau, la beauté des produits qu’elles utilisent et donc des personnes comme Madame CJ Walker et autres ont créé une manière pour les femmes africaines-américaines d’être des businesswomen afin de sortir de ces tâches de labeur domestiques au sein des maisons esclavagistes.

Et cela fait donc partie de l’économie de la beauté de la femme noire.

Ce que l’on voit maintenant, c’est un genre de ‘glorification’ pour la beauté de la femme noire africaine-américaine, un délire, une mode ; mais la femme africaine-américaine qui porte des tresses collées connaît des conséquences significatives de ce style.

Une intervenante

 

« Les coiffeuses Sénégalaises auront probablement de différentes techniques que les coiffeuses nigérianes qui auront-elles une méthode différente comparé aux coiffeuses brésiliennes. »

« Si vous allez tout au long de la côte-est, vous trouverez des femmes africaines venant du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, dans beaucoup de locals nous avons des business ouverts. »

Malheureusement bien qu’elles soient bien formées, les opportunités restent limitées et donc leur compétences en tant que bonnes coiffeuses représentent leur revenu. »

« Ce sont des situations où l’on ressent la liberté d’être capable de dire que c’est son propre business, c’est ma culture, et ne pas se sentir assimiler aux normes américaines et en particuliers pour les femmes africaines-américaines »

« Historiquement, nous avons tous été mélangé mais en arrivant aux Etats-Unis, chaque communauté a gardé ses propres cultures, activités tout en étant un citoyen américain mais une partie de cela était une condition ou la voix basse du fait que l’on doit s’assimiler au travail dans nos environnements respectifs durant la grande migration. »

« Il y a beaucoup de cas où les femmes se sont mises à se faire des tresses ou leurs cheveux naturels, et ça ce n’était pas vu comme assez professionnel parce qu’ils s’attendaient à ce que l’on se sociabilise et que l’on se conforme à la culture blanche américaine. »

Une intervenante

 

3. LA NAISSANCE D’UNE VOCATION PUIS D’UN BUSINESS:

« J’ai des clients depuis mes 11-12 ans parce que ma mère ne pouvait pas me coiffer, ou alors je partais chez ma tante mais elle n’était pas souvent disponible et je ressemblais à une folle. »

« Ma mère me coiffait chaque dimanche après-midi pour l’école le lendemain mais c’était une torture, je détestais et j’ai dit, poliment que je n’aimais pas, ce à quoi elle me répondait de me coiffer seul et je lui disais ‘bien sûr que je vais le faire‘. A partir de là, j’ai commencé mes propres coiffures et j’ai commencé à apprendre à faire les locks, les twists sur des balaies espagnoles avec les franges qu’il y a pour astiquer le sol. Puis, j’ai appris à faire des couleurs avec un sèche-cheveux cassé et une fourchette pour faire les mèches et c’est comme ça que j’ai appris les textures de chaque cheveu afro. »

« J’ai eu plusieurs moments où le fait de coiffer était mon dernier recours pour payer mes factures et autres alors je suis reconnaissante pour le talent que Dieu m’a donné. Ça rend ma famille fière parce que malgré tout, je travaille dur. »

C’est tellement offensant que des gens qui se sont fait de l’argent sur le dos de la culture noire se l’approprie ; ils n’en ont même la terminologie correcte ; et décrive juste ce qu’ils se sont appropriés quand c’est pour le domaine de la mode. Et tout d’un coup c’est fun, cool et les gens de la haute classe sociale peuvent en porter, c’est avant-gardiste et stylé. Alors c’est comme si on s’en prenait une, nous communément appelé les gens du ghetto, nous traitant de démodé et ayant des looks peu flatteurs.

Evidemment que je suis vexée quand je vois des tresses collées avec un nom qui n’est même pas approprié dans l’industrie de la mode. Ce n’est pas montré de façon authentique parce que ça supprime ma culture qui est souvent occulté, à moins que tu essaies de globaliser ça d’une bonne manière.

Tout ça c’est parce que l’appropriation culturel est devenu un sujet de conversation. Je pense que les gens commencent à se corriger eux-mêmes et ça c’est bien, ça me donne de l’espoir pour le futur. »

« Quand je vois, les femmes européennes ou asiatiques qui rentrent dans nos salons et qui souhaitent se faire des tresses, qui souhaitent porter NOTRE culture ça ça me rend fier étant donné notre histoire. On vient voir quelqu’un comme moi sachant que je viens de là et que je connais les tresses, que je m’en fait moi-même alors à partir de là tu prends le control, tu guides tes clients de la meilleure des façons pour les rendre beaux et c’est pour moi la meilleure des choses/récompenses. C’est arrivé ces dernières années, c’est devenu un style à avoir ; le nombre de célébrités noire à porter ça a considérablement augmenté et ça fait plaisir.

C’est une nouvelle façon de montrer la beauté des femmes africaines-américaines »

 

Ce documentaire nous prouve bien, fait et date à l’appui, que l’appropriation culturel a quelque part longtemps été un moyen de diminuer la femme noire; c’est un phénomène qui persiste et qui a la dent dure mais c’est en nous valorisant d’abord nous-même que nous réussirons à éradiquer cela.

Nous sommes une nouvelle génération ce qui signifie une nouvelle façon de voir la société et il est très important de perpétuer un nouvel élan au sein de notre communauté et dans ce cas là, le style de coiffure est un moyen imparable pour diffuser NOTRE culture.

 

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« Whitewashing »: qui consiste à considérer que dans une adaptation les personnages « ambigus » sur le plan ethnique sont quasiment toujours blancs, ou pire, à faire jouer par des acteurs caucasiens les personnages qui sont clairement non-caucasiens, est un problème global à Hollywood. Le fait de changer l’origine ethnique d’un personnage s’appelle le « racebending ».

 

 

Faïna

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