Pour finir notre série d’articles sur le métissage, nous avons décidé de nous « immiscer » dans l’intimité de couples mixtes. Les participants à notre enquête ont accepté de répondre à une série de questions sur leur expérience d’une relation avec quelqu’un étant culturellement différent.
Dans un premier temps, nous leur avons demandé quels ont pu être les obstacles, difficultés majeurs relatifs à la mixité de leur couple. Certains ont pu dire qu’ils n’y en avaient aucune ou pas plus que dans d’autres couples mais d’autres ont pu s’ouvrir sur des difficultés liées notamment à la culture comme l’alimentation, la façon de s’exprimer (exemple : exprimer ses émotions), la barrière du langage, le fait que des fois la culture de l’autre soit plus présente que sa propre culture,… Mais la mixité de leur couple a pu aussi être mise à rude épreuve par leur rythme de vie, leur vision de la vie, l’expérience qu’ils peuvent en faire à travers leurs habitudes et leurs rituels par exemple. Cette difficulté pouvant s’exprimer par un manque de compréhension entre autrui et soi évoquée par A. 23 ans « Une certaine incompréhension vis-à-vis de certaines réactions et de points de vue », certains allant jusqu’à citer que cette incompréhension pouvait aussi bien concerner une divergence d’opinions quant à des sujets politiques et/ ou sociaux (ex : homosexualité), la place de la femme au sein de ce couple ou encore plus intimement la vision du sexe corrélativement à autrui, incompréhension qui se transformait en manque de soutien comme le montre T. 20 ans. La mentalité pouvant différer du fait d’éducations différentes, mais aussi de valeurs, de religions ou d’une appréhension de la vie différentes. Cependant, ce qui revient le plus souvent reste les difficultés liées à la famille, aux rapports avec les parents, mais aussi à leurs attentes, A. 22 ans évoque une « Mise à l’écart de la famille, mauvaise couleur », idée tout aussi flagrante chez D. 22 ans « Le regard des gens sur la religion, les préjugés contre les arabes, et inversement les préjugés de ma belle famille sur les français », la famille pouvant même exclure «Linguistique, il communique quasiment que dans sa langue maternelle lorsque qu’il parle avec un membre de sa famille, même en ma présence. » G. 27ans . L’entourage joue alors un rôle déterminant dans l’harmonie de la relation « Le regard des autres, les insultes par derrière bien sûr! Les pseudos mise en garde! La méfiance des autres, les sous-entendus et le racisme! » E. 33 ans, cet entourage qui accuse, qui insulte et qui pointe du doigt pour certains. Cependant, il y a des difficultés qui deviennent quelque chose de constructif comme le montre L. 41 ans « J’ai du tout lui apprendre au niveau de ma culture, mais surtout l’importance que cela a à mes yeux. ».
Ensuite, nous avons demandé quels avaient pu être les inconvénients et avantages vécus lors de cette relation. Beaucoup évoquent encore une fois l’incompréhension, NH. 28 ans ira jusqu’à dire « J’ai subi du mépris ». L’inconvénient qui revient souvent est aussi la famille qui n’accepte pas le couple, n’accepte pas les différences ou encore, selon E. 22ans « la famille est intrusive », certains évoquant le fait d’avoir dû se cacher durant des mois. D’autres évoquent des maladresses, une peur de mal faire les choses, liées à la différence de perceptions et aux différences culturelles qui posent soucis sur des questions importantes comme l’éducation des enfants, donnant lieu à des concessions, mais aussi à des reproches comme le montre A. 23 ans ou encore « une remise en question » K. 20 ans, remise en question qui, selon A. 25 ans permet devenir plus flexible sur certains points, cette flexibilité pouvant se transformer en devoir de suivre certaines règles afin de soutenir autrui ou alors de ne plus pouvoir rire de certaines choses, comme l’évoque S. 21 ans.A. 25 ans parle donc à juste titre d’un « choc des cultures ». Certains évoquent les blagues de l’entourage, les a priori sur la différence de leur partenaire comme L.21 ans qui nous raconte que les amis de son mari ont cru à un mariage d’intérêt, pour les papiers. D’autres ont pu évoquer cette différence comme significative d’une impossibilité de continuité de la relation, un frein à la construction de quelque chose de durable ou encore amenant à se poser la question d’où se trouve sa place dans la vie de l’autre ? Cependant, il faut aussi remarquer que beaucoup retiennent des avantages dans cette relation comme le partage, à s’adapter et l’ouverture d’esprit comme N. 20 ans « j’ai eu la chance de découvrir l’africain comme un autre que mon père et l’européen, voire l’américain comme un autre que l’autre. nous sommes bien plus proches les uns des autres dans l’expression la plus pure de nos sentiments. seuls dans un lit ou dans une voiture, tous les couples se ressemblent. ». L’échange de savoirs et de connaissances apparaît comme étant au cœur des aspects positifs retenus par la majorité des personnes. Il y a une réelle envie de se surpasser et de ne pas vouloir juger, tout cela motivé par une fascination et le mystère que représente autrui par rapport à tout ce que l’on a pu connaître, cela permettant de savoir ce que l’on peut accepter ou non dans une relation. Certains parlent de challenge de tous les jours. Nous pouvons résumer l’idée de ce paragraphe par M. 24 ans « Les avantages c’est découvrir de nouvelles idées, de nouvelles façons de faire, c’est de pouvoir découvrir dans un autre pays une nouvelle culture en allant visiter sa belle famille, de faire tomber les préjugés qu’on pouvait avoir, de se rendre compte qu’on est tous plus ou moins pareil malgré certaines différences qui divisent souvent les hommes et surtout qu’on peut réussir à s’aimer mutuellement et se respecter malgré ces différences. Les inconvénients c’est plutôt les autres, notamment les belles familles qui n’acceptent pas toujours cette union ou qui voudrait que le conjoint ou la conjointe se convertisse ou se rapproche de sa culture plus qu’eux ne se rapprocheront de la sienne. Parfois également, mais plus rarement le regard et les préjugés des gens dans la rue ou des connaissances, amis ».
Enfin, nous avons demandé aux sujets de nous dire si cela avait été un bon souvenir ou non pour eux. La réponse fut positive à 87%, certains la nuance cependant comme D. 21 ans qui estime que cela a tout de même été difficile ou encore S. 20 ans qui estime que des fois cela a pu lui faire peur. K. 37 ans quant à elle a pu estimer que c’était une bonne expérience par ses découvertes, mais estime aussi avoir souffert des jugements de leur entourage. D’autres n’en retiennent que majoritairement du négatif notamment à cause du mépris subi ou simplement « Parce qu’il est lui » comme T. 18 ans, sans pour autant garder un mauvais souvenir de ce métissage culturel. F. 18 ans estime que le souvenir de ce qu’ils ont dû faire pour les parents suffit à rendre l’expérience mauvaise. D’autres n’envisagent pas cela comme un bon ou mauvais souvenir, mais plus comme une nouvelle expérience de vie. L. 41 ans quant à elle nous dit qu’elle nous le dira après les 20 prochaines années, comme un message d’espoir. Ensuite, nous avons demandé à tous les sujets en guise de dernière question si la différence d’autrui avait pu être perçu comme une qualité de séduction en plus. 15, 5% des sondés reconnaissent que cela a été un attrait principal contraire à 2% des sujets qui disent que cela a été le contraire. 39% des sondés disent que cela n’a pas été la raison principale mais une des choses qui les a tout de même le plus attiré chez l’autre, 27,5% disent quant à eux que ce n’était pas vraiment l’attrait principal et le reste n’en a aucune idée.
Au terme de ce sondage et donc de notre étude, nous avons donc pu voir que la population était majoritairement favorable au métissage bien qu’il subsiste quelques réticences encore, notamment par rapport au fait de se mettre avec quelqu’un n’ayant pas les mêmes origines culturelles et ceci souvent chez la jeune population.
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