Il est des sujets sur lesquels il n’est pas nécessaire de blaguer. On rirait volontiers sur les attentats à Charlie Hebdo ou encore sur la tuerie du Bataclan, qui vu de nombreuses familles françaises et internationales endeuillées. Pourtant, c’est d’abord de la compassion que l’on ressent face à ses drames, parce que ce sont d’abord de vies humaines dont il est question. Mais, il faut croire que les drames qui impliquent les pertes en vies humaines, sont des sujets à plaisanterie pour le président français, Emmanuel Macron.
Jeudi dernier, à l’occasion d’une sortie officielle du président en Bretagne, ce dernier était d’humeur blagueuse, et c’est aux Kwassa-Kwassa, qu’il s’en est pris. Les kwassa-kwassa, qu’est-ce, direz-vous ? C’est le nom de ces embarcations de fortune, dans lesquelles de nombreux migrants comoriens embarquent pour se rendre de façon « clandestine » à Mayotte. Et beaucoup parmi eux périssent au cours de cette traversée qui a déjà emporté « entre sept mille et dix mille morts depuis 1995 », selon un rapport du Sénat français de 2012.
« Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent », avait donc laissé le président français, sur un air de plaisanterie. Une plaisanterie qui a suscité la colère des Comoriens. Mohamed Bacar Dossar, le ministre comorien des affaires étrangères, a exigé dès lundi, les excuses d’Emmanuel Macron pour sa blague qu’il a qualifié de « choquante et méprisante » pour le peuple comorien. “L’emploi du « du » dans ses propos ont pu être perçus comme une façon un peu de dénigrer la population comorienne. Évidemment, nous ne dramatisons pas, nous mettons ça sur le compte d’une certaine légèreté », a – t – il ajouté, rappelant tout de même au souvenir d’Emmanuel Macron qu’ « il y a de nombreuses pertes en mer entre Anjouan et Mayotte (…). Des familles perdent des proches, des fils, des enfants… ce n’est pas un sujet qui se prête à l’humour, c’est cela qui a choqué les Comoriens. »
Le président comorien n’a pas manqué lui aussi de réagir à cette offense à son peuple, en déplorant une « déclaration inconsidérée » du président français, qu’il préfère mettre sur le compte de la jeunesse » de ce dernier. Profitant de ce fait pour mettre le président français face à sa bêtise, son homologue comorien, par la voix de son porte-parole, Said Ali Said Ahmed, déclare : « Les traversées périlleuses des Comoriens entre Anjouan et Mayotte sont un sujet qui mérite plus que la plaisanterie ou le sarcasme (…) mais maintenant que le président Macron a mis le sujet sur la place publique d’une façon inappropriée, il convient de trouver une solution à ce drame »
Les deux homologues ont donc convenu de « renforcer la coopération dans tous les domaines entre les Comores et la France pour empêcher de nouveaux drames humains ». Quant à Emmanuel Macron, il avait reconnu dès samedi, “un trait d’humour malheureux qui a pu blesser”.
NegroNews
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