De par sa position géographique, le Mali représente un Hub stratégique en Afrique de l’Ouest : pont entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Sub-saharienne, le Mali relie également le Sénégal au Golfe de Guinée. De quoi donner des idées aux startupeurs maliens prêt à intégrer cette dimension logistique, notamment dans le hardware ?
Encore faut il que le pays – encore sous-équipé numériquement – ait les moyens de mettre les bouchées doubles pour devenir attractif vis-à-vis des investisseurs internationaux. Un chemin qui sera long mais qui dépendra surtout de la volonté des entrepreneurs maliens. Entretien aujourd’hui avec Aliou Yattassaye, entrepreneur et l’inventeur du YuvSmart, le premier smartphone conçu au Mali, se dit prêt à faire bouger les lignes.
LE YUVSMART EST LE PREMIER SMARTPHONE À AVOIR ÉTÉ CONÇU AU MALI, PEUX TU NOUS EN DIRE PLUS ?
Après un parcours professionnel en France dans le domaine des télécoms, je suis revenu au Mali, lorsque le boom du mobile en Afrique a commencé à se faire sentir. Sur le marché du device, il y a des choses à faire au Mali qui malgré les apparences est un pays très connecté ! On compte environ 20 millions de cartes SIM en fonctionnement au Mali : il n’y pas que les individus qui utilisent des puces téléphoniques, mais aussi les machines, par exemple dans la géolocalisation. J’ai donc décidé de lancer YuvSmart, en partenariat avec des entreprises chinoises, après avoir établi une vision long terme : le Mali est au milieu de l’Afrique de l’Ouest, et peut donc devenir une véritable plateforme logistique desservant toute la région, à commencer par la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Maghreb, etc. Mon rêve serait d’assembler nos smartphones ici au Mali – et non plus en Chine – afin de tirer profit de cet avantage géographique.
PAR RAPPORT AU SECTEUR DES TIC, QUELLES SONT LES OPPORTUNITÉS AU MALI DANS LE SECTEUR DES TIC ?
Ici, tout est à faire : les opportunités sont nombreuses, par exemple dans l’éducatif avec par exemple Microsoft qui s’intéresse au Mali. Ici il faut penser marché commun et CEDEAO. On a le potentiel de développer des startups africaines, mais il faut pour cela le soutien de l’Etat, une vraie culture de l’Etat en faveur de l’entrepreneuriat et du numérique. Pour le moment, l’Afrique reste encore largement absente dans l’économie numérique mondiale, alors que de nombreux modèles peuvent être inventés ici, par exemple avec le paiement mobile.
QUE PEUT APPORTER LA DIASPORA TECH AU SECTEUR DU NUMÉRIQUE AU MALI ?
Nous avons besoin de la diaspora malienne pour renforcer nos compétences : la diaspora peut apporter une réelle expertise internationale dans la finance, mais aussi au niveau technique car nous devons adopter une culture de ‘compliance’ et nous adapter aux normes – et donc aux attentes – internationales. Nous devons et pouvons expérimenter au mali un modèle d’innovation complémentaire entre les entrepreneurs locaux et la diaspora, dans une vision win-win. Les ingénieurs, les développeurs maliens ont besoin d’exemples et de success stories pour avoir envie de se dépasser, mais aussi pour garder l’envie de rester ici pour d’innover. En revenant au pays, la diaspora très qualifiée peut jouer ce rôle de modèle et d’exemple à suivre. Le secteur du numérique au Mali a encore besoin de beaucoup de temps pour vraiment décoller, la diaspora peut clairement nous faire gagner du temps !
Source : techafrique.startupbrics
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