• Accueil
  • >
  • INSPIRATION
  • >
  • INTERVIEW : CEDRIC DURAND GAHUNGA X NEGRONEWS, RENCONTRE AVEC LE CRÉATEUR DE LA MARQUE ETHNIQUE «BELLANGE PARIS»

INTERVIEW : CEDRIC DURAND GAHUNGA X NEGRONEWS, RENCONTRE AVEC LE CRÉATEUR DE LA MARQUE ETHNIQUE «BELLANGE PARIS»

D’origine rwandaise et indienne, Cédric Durand GAHUNGA est un jeune créateur de prêt-à-porter sur mesure ethnique. En janvier 2014, il crée sa marque Bellange Paris.

Chic et branché, le styliste Cédric Durand nous emmène dans son univers coloré. L’entrepreneur nous raconte à travers cette interview son parcours, ses difficultés, ses ambitions et ses projets futur. C’est parti !

Qu’est-ce qui t’a attiré dans le monde de la mode ? D’où t’es venue l’idée de créer ta marque « Bellange Paris » ?

Depuis tout petit, j’ai toujours aimé être bien habillé, peu importe l’occasion, j’aime être au top. J’ai toujours eu l’ambition de créer ma propre structure. J’avais le souci du détail, le souci de la présentation. J’aimais la mode, le luxe, les vêtements et surtout habiller les gens. J’ai très vite compris que je pouvais faire carrière dans ce milieu-là. Je ne savais pas quand et comment j’allais démarrer mais, pour moi c’était dans la logique de mon parcours d’avoir ma propre marque de vêtement.

As-tu grandi dans l’univers de la mode et du luxe ?

Je n’ai pas grandi dans le milieu du luxe mais, c’est un univers qui m’a toujours attiré. Avec l’expérience, j’ai vu que j’avais cette sensibilité liée au luxe et liée à la mode.

Pourquoi avoir intitulé ta marque « Bellange Paris » ?

Je voulais une marque qui représente plusieurs concepts et qui ait un nom français. Dans le milieu de la mode, la France, c’est toujours valorisant surtout quand on veut exporter à l’international. Même si c’est de l’ethnique, je ne voulais pas d’un nom communautaire pour éviter d’avoir des barrières par rapport au marché que je vise. Je voulais quelque chose qui soit facile à retenir, facile à entendre et qui soit facilement prononçable.

T’inspires-tu de tes origines rwandaises-indiennes et de la culture italienne (par tes expériences dans des maisons de luxe comme Gucci) pour tes créations?

Ce qui domine dans « Bellange Paris », c’est la multiculturalité, c’est ce que je veux communiquer aux gens. J’ai des origines indiennes mais, je n’ai pas grandi dans cette culture. J’ai grandi dans la culture africaine, rwandaise et française également. Je me sers aussi de mon expérience dans les maisons italiennes. J’ai fait en sorte qu’il ait un maximum de mélange. Ce n’est pas flagrant dans ma première collection mais à l’avenir effectivement, je vais essayer de m’orienter vers des vêtements plus multiculturels par rapport à mes origines indiennes par exemple.

« Kemi Séba, qui est une personne vraie et très engagée dans ce qu’il fait, il m’inspire. »

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

J’ai plusieurs sources d’inspiration. En tant que créateur, on peut s’inspirer de tout et n’importe quoi, comme je le dis souvent. Cela peut être un tableau, un paysage, un décor d’intérieur… Je ne pourrais pas citer une seule source d’inspiration principale. Une personne comme Tyler Perry m’inspire beaucoup grâce à sa détermination. Et en France, Kemi Séba, qui est une personne très engagée dans ce qu’il fait, il m’inspire également.

En parlant de Kémi Seba, qu’as-tu pensé de son arrestation le 13 septembre 2014 ?

J’ai lu un article à ce sujet, les raisons ne sont pas vraiment citées. Kémi Séba reste Kémi Séba. C’est une personne qui est vraie et qui est souvent trop vraie pour certaines personnes. En France on déteste ça.

Si, tu devais choisir une personnalité noire (mannequin, chanteur, acteur etc..) pour être ton égérie, laquelle choisirais-tu ? Et pourquoi ?

Je dirais Blair Underwood pour son charisme, John Legend pour sa voix et sa simplicité et enfin Will Smith pour sa personnalité

Quel a été ton parcours jusqu’à la création de ta marque ?

J’ai obtenu un bac spécialité marketing et un bts Management des Unités Commerciales. Ensuite, j’ai travaillé dans plusieurs maisons de mode telles que Massimo, Gucci ou encore Dolce Gabana. Cela m’a permis d’acquérir une expérience dans la vente et découvrir l’univers de la mode.

« En France, deux tiers des créateurs ne passent pas le cap de la troisième année durant la création de leurs entreprises »

Quel(s) avantage(s) retires-tu à être ton propre patron ?

La liberté ! C’est la base et cela est très important. C’est ce qu’on recherche tous.

Quelles sont les difficultés ou les obstacles que tu as pu rencontrer durant la mise en place de ton projet ?

La première difficulté, que rencontre beaucoup d’entrepreneurs, concerne la finance et la trésorerie. Personne ne démarre avec des millions d’euros sur son compte. Aujourd’hui, il faut pouvoir être rentable. Ce n’est pas donné à tout le monde, il faut savoir investir au bon endroit. Avoir un retour sur investissement, c’est la principale difficulté. En France, deux tiers des créateurs ne passent pas le cap de la troisième année durant la création de leurs entreprises.

Quelle est ta clientèle type?

J’ai des profils variés, mes clients achètent souvent pour des cérémonies (mariage baptême, etc..). La première collection était axée cérémonie surtout les costumes. Au niveau des profils, j’ai eu toutes les origines. Je n’ai pas un profil en particulier qui se démarque, c’est vraiment que ce que je voulais, des profils variés.

À quand une collection femme ?

C’est un projet qui est en cours. À la base, je maîtrise plus le prêt-à-porter homme. La collection femme prend un peu plus de temps parce que tout simplement en France, on a beaucoup plus de créateur féminin. Cela demande beaucoup de recherche.

« J’ai participé au développement de TV 10, la première chaîne privée rwandaise »

Peux-tu nous en dire plus sur le projet de chaîne TV10 au Rwanda, Burundi et Kenya ?

TV 10 est la première chaîne privée rwandaise qui est diffusée au Rwanda, au Burundi et au Kenya. La chaine a été lancée courant 2012, j’ai participé au développement de cette chaîne.Sur cette chaîne, tu présentais une émission sur des jeunes entrepreneurs africains.

Quel était le but de cette émission ? As-tu rencontré des entrepreneurs africains talentueux ? Si oui, lesquels ?

J’ai monté cette émission dans le but de promouvoir les jeunes entrepreneurs et donner envie aux autres d’entreprendre. Il y avait plusieurs types de profils. Des entrepreneurs qui se lançaient et d’autres qui étaient déjà en plein développement. Chacun avait un projet différent, tout le monde se démarquait. Ils avaient tous des profils intéressants et étaient ambitieux. Je pense à un artiste comme Francis Iraguha, c’est un créateur rwandais. Avec sa marque Zahabu, il habille des célébrités telles que Sonia Rolland.

« La seule manière de se démarquer pour un Noir, c’est de casser ce cliché du noir toujours en retard et mal organisé. »

Quels sont les conseils que tu peux donner pour convaincre les jeunes entrepreneurs qui souhaitent lancer un projet ?

1- Essayer de monter un projet financièrement réalisable. Être conscient des différentes étapes à faire.

2- Réaliser une chose par jour pour développer le projet : Cela permettra de garder sa motivation. Toujours rester connecté au projet pour garder le mental et la motivation. 

3- Focaliser toute son énergie dans un seul projet : Beaucoup d’entrepreneur s’impliquent dans plusieurs projets mais se dispersent la plupart du temps. Il faut garder toute son énergie dans un seul projet.

Penses-tu qu’il est plus compliqué pour un jeune noir d’entreprendre quelque chose en France ?

En France, nous sommes dans un contexte économique difficile. Ce n’est pas le meilleur endroit pour entreprendre quelque soit la couleur de peau. De plus, les institutions ne font pas confiance à la communauté noire en France.
La seule manière de se démarquer pour un Noir, c’est de casser ce cliché du noir toujours en retard, mal organisé. Il faut casser ces clichés-là, en visant l’excellence dans ce qu’on fait. De plus, en tant que noir, on a la responsabilité de réussir pour notre communauté et pour nos enfants. Afin de leur permettre de grandir dans une France où les noirs sont considérés.
C’est à nous de faire en sorte que ça change, il ne faut plus attendre qu’on nous impose des tendances mais c’est à nous de les lancer. Je veux faire partie de cette génération de noirs qui prennent le temps d’essayer de faire changer les choses et d’entreprendre.

Qu’as-tu prévu pour la suite ?

La sortie de nouvelles collections, de nouveaux partenariats et beaucoup de nouveaux clients (RIRE). A moyen terme, J’ai l’objectif d’ouvrir une vraie boutique dans Paris. Pour l’instant je me focalise sur la boutique en ligne, qui me demande déjà pas mal de travail. Et cela me laisse le temps aussi de m’améliorer et de me perfectionner a chaque collection, petit a petit, pour pouvoir un jour rivaliser avec les plus grands.

NegroNews

Commentaires

commentaires

  • facebook Facebook
  • googleplus GooglePlus
  • twitter Twitter
  • linkedin Linkedin
  • linkedin Telegram
Précédent «
Suivant »