[INSOLITE] VU SUR YOUTUBE : « SEX AND THE CITY » EN AFRIQUE ÇA DONNE QUOI ?

Si on vous dit : « C’est une série où les héroïnes sont :

anglophones ;belles ; urbaines ;ultra-sappées ;friquées ;
et très loquaces autour d’un cocktail…. »

Vous pensez New York et « Sex and the City », non ? Désormais, vous penserez aussi Accra et « An African City ». Cette série, diffusée depuis février dernier sur YouTube, raconte (en anglais) l’histoire de Nana Yaa, Ngozi, Zainab, Sade et Makena.

Nana est Carie, Sade est Samantha

Dans « An African City », on retrouve exactement les mêmes personnages que dans la série américaine de HBO… en noires.

Nana est la Carrie Bradshaw de la version occidentale, narratrice réfléchie et douce. Héroïne de la série ;
Sade est la Samantha Jones, cynique, libre, elle assume son amour du sexe et de l’argent ;
Ngozi est Charlotte York, la fille naïve qui croit au grand amour ;
les deux dernières sont ce qu’était Miranda Hobbes, des business women en attente d’autre chose.
Ici, pas de Manolo Blanik mais des robes qui marient mode occidentale et tissu wax. Le pitch, quant à lui, est dans la bande-annonce :

« C’est l’histoire d’un retour. C’est l’histoire de cinq femmes africaines qui ont quitté l’occident pour trouver la vie – et l’amour – à la maison. »

Elles parlent de tout, mais surtout d’amour et de sexe. L’une se plaint d’un amant qui sue des litres d’eau au lit, l’autre d’un type qui ronfle trop la nuit. Il est aussi question d’un partenaire péteur ou d’un gars qui laisse traîner des préservatif usagés (et remplis) dans des endroits improbables.

Une série créée sur de l’agacement

Les personnages de la série sont trentenaires et ont grandi aux Etats-Unis, sauf Makena qui a passé sa vie entre Londres et le Kenya.

Exactement comme Nicole Amarteifio. D’origine ghanéenne, la créatrice de « An African City » a fait ses études à Washington et a eu l’idée de la série sur un agacement. En 2010, alors qu’elle assistait à un cours de communication d’entreprise, une invitée du séminaire a commencé à parler de développement. Au Guardian, Nicole Amarteifio a raconté :

« Cette femme américaine faisait une présentation sur le développement des communications et, chaque femme africaine qu’on voyait sur ses photos portait un pot sur sa tête et était à moitié nue, avec de simples strings de perles.

Ça m’a vraiment agacé. Après ça, je suis allée voir mon prof et je lui ai dit : “Ça n’est pas l’histoire des femmes africaines. Ça n’en n’est qu’une part.” »

Jointe au téléphone, la créatrice (par ailleurs consultante en communication) donne la provenance de ces dizaines de milliers de vues par épisode :

« Dans l’ordre décroissant : du Ghana, du Nigeria, de l’Erythrée, des Etats-Unis, et ex-aeaquo : du Kenya et du Sénégal. »

Elle veut créer une nouvelle communauté en ligne et raconte s’être vu proposer de diffuser la saison 2 sur des chaînes européennes et américaines.

La jalousie d’« une Africaine occidentalisée »

Bien sûr, la série ne plaît pas à tout le monde. Dans les commentaires, certains reprochent aux dialogues d’être mal écrits et aux actrices de manquer de naturel (pour avoir tout regardé, je peux dire que c’est vrai, mais qu’au fil des épisodes, ça s’améliore). Autre critique récurrente : la série ne serait pas « représentative » de la (vraie) femme ghanéenne.

Ce décalage est assumé dans la série. En découvrant que l’homme qu’elle aime sort avec une Ghanéenne du cru, Nana est dépitée. La voilà qui lorgne sur cette fille et jalouse celle qui « EST Ghana » ,qui « EST Afrique », alors que Nana, selon ses mots, est « une Africaine occidentalisée » et « perdue ».

Pour Patrick Dumorine, président de l’association Ghana in France, la critique sur la « non représentativité » de ces personnages bourgeois est absurde et montre combien le regard posé sur l’Afrique est toujours un peu condescendant.

« Dans les films américains, on ne montre pas toujours la pauvreté, non ? »

La créatrice de la série s’agace :

« Ces femmes existent ! Il y a de la place pour beaucoup d’histoires. Si des gens trouvent qu’“An African City” n’est pas réaliste, qu’ils fassent leur série sur les femmes pauvres en Afrique, moi j’en ai marre de ce message où l’on montre toujours forcément des femmes pauvres en Afrique. »

Et riche ou pas riche, les personnages de « An African City » connaissent les mêmes problèmes que tous les Ghanéens. Dès le premier épisode, il est question d’une coupure de courant qui dure trois jours.

« On regarde la télé en famille. Donc… »

J’ai demandé à Doreen, une Ghanéenne de 28 ans, en France pour ses études, de regarder la série et de me donner son avis. Elle lui a semblé très réaliste et elle a adoré.

« C’’est des filles de la capitale ! Certaines personnes sont trop timides pour parler de sexe de cette manière, mais les temps changent et moi, au Ghana, je parle de sexe comme ça avec mes amies. »

En Europe et aux Etats-Unis, « Sex and the City », commencée en 1998, a été une petite révolution. D’un coup, on voyait sur le petit écran des femmes qui parlaient crûment de sexe, et sans sentiment souvent.

Dans « An African City », certes, Sade couche avec des hommes mariés sans état d’âme, mais Nana fait vraiment la délicate quand elle tombe sur les préservatifs usagés de son partenaire.

Nicole Amarteifio promet de la débauche ou selon ses terme à elle « des choses controversées ». C’est justement ce qu’elle a aimé dans la série américaine.

Si la série passe à la télé, tous les Ghanéens vont-ils se mettre à la regarder ? Pas vraiment, pense Doreen :

« Le problème, c’est que chez la plupart des gens, on regarde la télé en famille. Donc, il y a une vraie limite à ce niveau-là. »

Voici l’extrait :

Source : http://rue89.nouvelobs.com/rue69/2014/04/12/sex-and-the-city-noires-afrique-ca-donne-quoi-251450

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