GUADELOUPE: LE MASSACRE DE MAI 67 ‎

Dans l’histoire sensible qui lie les Antilles à la France, certains événements nous rappellent que bien souvent, la France a fait preuve d’un racisme d’État à l’endroit de ces territoires dit d’outre-mer. C’est le cas par exemple du massacre de Pointe-à-Pitre en mai 1967. Une affaire qui demeure assez sensible et met la France face à une réalité évidente, elle considère certains français (noirs directement venus d’Afrique, antillais, maghrébins) comme étant des citoyens de seconde zone, de second rang.

Ce massacre horrible et ignoble de populations civiles est parti d’un mouvement de contestation social. Le 26 mai 1967, des ouvriers du bâtiment se mettent en grève, au motif qu’ils voudraient voir leurs salaires augmenter de 2,5%. La demande sera tout simplement refusée. C’est le point de départ d’un mouvement de contestation.

Dans les affrontements qui éclatent entre policiers, CRS et la foule, sera tué Jacques Nestor, personnage très influent auprès de la jeunesse guadeloupéenne et membre du GONG, une organisation indépendantiste. La mort de ce dernier va sonner comme le véritable point de départ d’une situation chaotique. « ‎Deux armureries sont pillées et les gendarmes tirent à vue. Officiellement, il y a eu huit morts, mais ce chiffre est certainement sous-estimé. », affirme L’historienne Michelle Zancarini-Fournel. Tellement sous-estimé qu’en 1985 déjà, lors d’une visite, Georges Lemoine, alors secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-Mer, parlera lui d’un bilan oscillant autour de 87 morts.

En l’état actuel des choses, le chiffre réel est toujours inconnu, les victimes n’ayant pas été toutes identifiées.

Ce massacre intervient dans un contexte très tendu. En effet, deux mois, auparavant, se tenaient à Djibouti des manifestations indépendantistes. « ‎Là aussi, l’armée avait tiré à vue. En écho, dans les manifestations de mai 1967 en Guadeloupe, on scandait  » Djibouti, Djibouti « , pour rappeler les violences qui avaient eu lieu dans cet autre territoire français d’outre-mer. », rappelle l’historienne. Un rappel important dans la mesure où il met le doigt sur une pratique fréquemment utilisée par l’Etat français en ces temps. En effet en 1961 déjà, la manifestation des Algériens à Paris, avait elle aussi été réprimée via le même modus operandi.‎

Depuis le déroulement de ce massacre de Pointe-à-Pitre, l’État n’a jamais été poursuivi. Une situation liée directement à un sentiment de peur généralisé dans la société suite au massacre, mais aussi, au manque d’éléments formels incriminant l’État.

Le plus déplorable dans cette histoire est que, la grève est partie d’une volonté de voir les salaires augmenter de tout juste 2,5%, trois jours après les massacres, ceux-ci connaîtront une hausse de 25%. Soit dix fois plus que les revendications.

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