L’Afrique et la corruption, un débat qui suscite beaucoup de polémiques. Rien qu’en 2011, 946 milliards de dollars auraient été détournés selon l’ONG Global Financial Integrity.
Pendant la campagne électorale du président actuel Ghanéen, éradiquer la corruption dans la vie publique du Ghana était l’une de ses promesses majeures.
En début janvier le président ghanéen a promulgué une loi spéciale anti-corruption prévoyant la mise en place d’un bureau qui devra enquêter sur des actes qui impliquent les fonctionnaires, les personnes politiquement exposées et aussi les personnes du secteur privé.
A son arrivée au pouvoir, Le président fraîchement élu, avait annoncé avoir découvert un gap de plus de 1,6 milliard de dollars dans les comptes publics.
« Mon espoir et mes attentes sont que la création de ce bureau va constituer une étape importante dans notre détermination collective à éradiquer la corruption de la vie publique de notre pays. Nous savons tous que cela a été un fléau majeur dans le développement du Ghana » avait-il déclaré le 02 janvier dernier ; il estime aussi que la corruption est l’un des pires fléaux au développement.
Et si tous les pays africains prenaient exemple ? Ou si l’Union Africaine créait une institution supranationale chargée d’enquêter et des juger des hommes politiques, des hommes d’affaires voire les Etats Africains qui accepteraient ou proposeraient des pots de vin pour obtenir certaines faveurs ?
Le Saviez – Vous ?
- Les 2 pays les plus répressifs face à la corruption sont : le Mali (5 à 10 ans de prison) et la Zambie (jusqu’à 12 ans de prison)
- Cinq pays n’ont ni signer ni ratifier la convention des Nations Unies contre la corruption : Erythrée, Gambie, Guinée Equatoriale, Tchad et Soudan du Sud
- Selon l’UNODC, Mobutu, président du Zaïre de 1965 à 1997, aurait puisé dans la caisse de l’état 5 milliards de dollars, ce qui équivaut presque au PIB du pays à son départ (6,09 milliards), il serait alors le champion.
- Les institutions religieuses : 35% des Sénégalais les pensent corrompues ; l’armée : 65 % des Congolais la pensent corrompue, les partis politiques : 66% des Tunisiens les pensent corrompus et le système juridique : 72% des algériens le pensent corrompus.
- Au Zimbabwe, un accouchement est facturé 50 $ et chaque cri de la mère coûte 5 $. Si elle n’a pas de quoi payer, elle est détenue dans l’hôpital, et des intérêts s’ajoutent chaque jour.
- D’après l’enquête de Survey Enterprise de la Banque Mondiale, 80,5% des entreprises de la République démocratique du Congo ont dû faire des «cadeaux» pour obtenir un contrat public.
- Selon Transparency International, 24 % des Africains ayant eu un contact avec les forces de l’ordre au cours de l’année passée déclarent avoir dû verser un pot-de-vin.
La corruption selon le Rapport sur la gouvernance en Afrique IV publié par l’ONU en 2016, est l’un des obstacles à la transformation structurelle de l’Afrique, directement liée à la mauvaise gouvernance au sein de plusieurs pays africains. « L’absence de bonne gouvernance en Afrique laisse à entendre, le plus souvent, que les institutions sont faibles, les mécanismes régulateurs inefficaces, les cadres juridiques et réglementaires inadéquats et les mécanismes d’exécution inopérants : autant de facteurs qui font le lit de la corruption. » explique le rapport. Ce fléau sévit surtout les pays francophones sans épargner les pays du Maghreb.
La séparation des pouvoirs est vaguement remarquée dans beaucoup des pays africains. Il n’y aurait pas une vraie séparation entre les pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif. Souvent l’exécutif prime et influence les décisions législatives et/ou juridiques ; alors le réprimer ou l’interpeller en cas de manquement serait presque impossible.
On constate cependant des améliorations dans certains pays comme : Le Mali, l’Egypte et la Côte d’Ivoire avec une bonne progression de 4 points pour le Mali et 5 points pour l’Egypte et la Côte d’Ivoire.
Classement index Transparency International 2016 (du moins corrompu au plus corrompu)
Classement Africain | Pays | Classement mondial |
1er | Botswana | 35ème |
2ème | Cap Vert | 38ème |
3ème | Maurice | 50ème |
3ème | Rwanda | 50ème |
5ème | Namibie | 53ème |
6ème | Sao Tomé & Principe | 62ème |
7ème | Senégal | 64ème |
7ème | Afrique du Sud | 64ème |
9ème | Ghana | 70ème |
10ème | Burkina Faso | 72ème |
11ème | Tunisie | 75ème |
12ème | Lesotho | 83ème |
13ème | Zambie | 87ème |
14ème | Libéria | 90ème |
14ème | Maroc | 90ème |
16ème | Bénin | 95ème |
17ème | Gabon | 101ème |
17ème | Niger | 101ème |
19ème | Côte d’Ivoire | 108ème |
19ème | Ethiopie | 108ème |
19ème | Algérie | 108ème |
19ème | Egypte | 108ème |
23ème | Mali | 116ème |
23ème | Tanzanie | 116ème |
23ème | Togo | 116ème |
26ème | Malawi | 120ème |
27ème | Djibouti | 123ème |
27ème | Sierra Leone | 123ème |
28ème | Nigeria | 136ème |
29ème | Guinée | 142ème |
29ème | Mauritanie | 142ème |
29ème | Mozambique | 142ème |
32ème | Cameroun | 145ème |
32ème | Gambie | 145ème |
32ème | Kenya | 145ème |
32ème | Madagascar | 145ème |
36ème | Ouganda | 151ème |
37ème | Comores | 153ème |
38ème | Zimbabwe | 154ème |
39ème | RD Congo | 156ème |
40ème | Burundi | 159ème |
40ème | Republique centrafricaine | 159ème |
40ème | Tchad | 159ème |
40ème | Congo | 159ème |
44ème | Angola | 164ème |
44ème | Erythrée | 164ème |
46ème | Guinée Bissau | 168ème |
47ème | Libye | 170ème |
47ème | Soudan | 170ème |
49ème | Soudan du Sud | 175ème |
50ème | Somalie | 176ème |
(Sources : Transparency International, Banque Mondiale, OECDE)
Ghislain Nduhirahe
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