L’origine des Negro Spirituals remonte au temps de l’esclavage. Exprimant toute la détresse, le drame des populations africaines arrachées à leurs terres, vendues et battues pour travailler dans les plantations Sud-américaines, ces chants étaient emprunts d’espoir, de ferveur et d’amour religieux.
Tout commença en 1619, lors de l’arrivée des premiers esclaves africains sur les côtes de Virginie. Les esclavagistes trouvaient que ces hommes s’adaptaient assez facilement au climat local et pouvaient donc être plus performants, ce qui était un bon point pour l’économie locale. Ainsi, d‘autres navires négriers suivirent, année après année et ce pendant plus de deux siècles. Des milliers d’hommes furent déracinés de leur sol natal et transportés dans d’effroyables conditions sur les terres américaines.
Dans un premier temps, les esclaves étaient contraints de vivre séparés du monde blanc, avec le peu de ce qui leur restait de tradition africaine. C’est alors qu’au 18ème siècle, lors d’un immense « réveil religieux » que des prédicateurs baptistes et méthodistes vinrent leur faire découvrir la Bible. La religion dite « des Blancs » à l’époque, s’est facilement répandue auprès des populations esclaves, qui reçurent grâce à la Bible, des messages de délivrance, une volonté de justice et de damnation des oppresseurs. Pendant ce temps, les missionnaires véhiculaient leurs cantiques dans les églises de l’époque.
A partir de cela se produit un mariage inattendu, qui donne un genre musical complètement nouveau tant par les mélodies, le rythme et l’interprétation : les Negro Spirituals. Ces deniers, conçus dans la ferveur des assemblées religieuses, les esclaves y transcendaient leur soif de justice et de liberté. L’apprentissage de ces chants se fait par répétition : le chef de chant dit une phrase que toute l’assemblée reprend.
A l’origine, ces chants étaient lancés par les « leaders » au cours de différentes réunions de prières puis repris par l’assemblée dans d’incroyables improvisations spontanées. Aucun instrument accompagnait ces chants, uniquement des battements de mains.
Pendant ces deux siècles, les Negro Spirituals sont chantés par les esclaves sans que les blancs ne s’en soucient. Leurs transmissions se faisaient uniquement de bouche à oreille, de plantation à plantation puis de génération en génération. C’est alors vers 1860 que des musicologues américains commencèrent à y porter de l’importance et à étudier les Negro spirituals (qui existaient par milliers). L’année suivante, le New York Times a publié pour la première fois le célèbre numéro « Let my people go » numéro grâce auquel, la population a su que les esclaves avaient su créer une musique originale, profondément émouvante et d’une forte richesse. Ce numéro a connu un énorme succès.
Dès 1871, les spectateurs commencèrent à découvrir les Negro spirituals chantés par une chorale d’anciens esclaves. Au fil du temps, on en simplifia les rythmes, on oubliera la rudesse des voix qui chantaient dans les plantations. Ces chants se sont rapidement intégrés dans la tradition musicale américaine dont voici les plus connus :
• Swing Low, Sweet Chariot
• Sometimes I feel like a Motherless Child
• Nobody knows the trouble I’ve seen
• Go down, Moses
• Free at Last
• Dem Bones
• Glory, Glory, o my lord
Après la guerre de Sécession, les noirs ont quitté les Etats du sud pour rejoindre les grandes villes du nord. Libres, mais sans travail, ils se regroupèrent en communauté pour témoigner leur intense ferveur religieuse, attisée par des pasteurs.
Désormais libres, ils préfèrent chanter leur confiance en Jésus dans la vie de tous les jours, plutôt que l’espoir d’une liberté dans la mort. C’est alors que naît le Gospel dans les années 1920-1930. De grands compositeurs, comme Thomas Dorsey ont développé le Gospel en créant des maisons d’édition et d’enregistrement, en organisant des concerts et, surtout, en révélant au monde les voix d’artistes telles Mahalia Jackson ou Aretha Franklin.
Le Gospel connaît aujourd’hui un grand succès aux Etats-Unis et dans de nombreux pays du monde. Sa force vient essentiellement de sa capacité à intégrer les musiques du moment (Soul, Rythme and Blues, rap, électro…), sans jamais oublier ses origines. Le gospel est originaire d’une culture qui permet aux hommes d’exprimer leur foi et leur espoir d’un monde où règne la paix.
NegroNews
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