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[DÉBAT] LES ANCIENNES PUISSANCES COLONIALES DOIVENT-ELLES RESTITUER AUX AFRICAINS LES ŒUVRES PILLÉES PENDANT LA COLONISATION ?

Des militants du Conseil représentatif des associations noires demandent la restitution aux autorités béninoises d’objets issus de la période de la colonisation.

La visite guidée des «oeuvres pillées» tarde à débuter. Mardi, 10h30, musée du quai Branly. Voilà 30 minutes que plusieurs membres du Conseil représentatif des associations noires (Cran) et quelques journalistes patientent dans le froid. La direction du musée leur interdit l’entrée. Louis-Georges Tin, président du Cran, assure que des œuvres exposées ont été pillées au Bénin durant la colonisation française. Il veut les présenter à la presse.

Dans une tribune parue ce mardi sur le Monde.fr, il demande la restitution de ces objets aux autorités béninoises. L’accès est finalement autorisé, mais «à titre individuel». Chacun paye son ticket. Interdiction formelle de prendre des photos. Un visiteur s’en étonne, il assure y avoir été autorisé à chacune de ses visites. «C’est ça le dialogue interculturel», ironise le dirigeant du Cran. «Nous ne voulons pas de débordements, dans n’importe quel lieu public, il est interdit de manifester», se défend-on du côté du Quai Branly. Visiblement, quelque chose dérange. «Ils ne veulent pas entendre parler d’œuvres pillées. Avec ces objets, on soulève le problème posé par la colonisation», explique Guy Samuel Nyoumsi, vice-président du Cran.

 STATUES ROYALES DU ROYAUME  DE DAHOMEY

Le choix de faire cette visite le 10 décembre n’est pas anodin. A cette même date de l’année 1906, mourrait le roi Behanzin, dernier roi d’Abomey, capitale du royaume de Dahomey (l’actuel Bénin) vaincu et exilé par les troupes coloniales françaises dirigées par le général Dodds. Sentant venir la défaite, le souverain met le feu à son palais avant de s’enfuir. Il veut éviter que les objets sacrés qui s’y trouvent tombent entre les mains des colonisateurs. Pourtant, les portes du palais, le trône, les récades (sortes de sceptres en acier ou en ivoire) et plusieurs statues royales sont bel et bien là, au cœur de Paris au musée du quai Branly. «Dans toute colonisation, il y a eu des échanges, des dons et c’est vrai des vols. Mais cela fait partie de la complexité historique et ne saurait en aucun cas se résumer avec le manichéisme dont fait preuve le Cran», affirme la direction du musée.

Sous la plupart des œuvres en question se trouve la mention «don du général Dodds». «Difficile de croire que ces objets lui ont été offerts par le peuple béninois contre lequel il s’est battu durant quatorze mois», rétorque Louis-Georges Tin. D’autant qu’en 1995, la France a signé à Rome la convention «d’unidroit sur les biens culturels volés ou illicitement exportés», poursuit-il. Une restitution qu’avait appelée de ses vœux Christiane Taubira en 2005, alors députée de Guyane. Problème : les seuls capables de réclamer ses objets, les descendants du roi Behanzin et les autorités béninoises, n’ont manifesté aucune demande pour le moment. Pour le président du Cran, ça ne fait aucun doute : «Le Bénin mais aussi plusieurs autres ex-colonies de la France sont soumis à des pressions officieuses pour les dissuader de réclamer leur patrimoine culturel».

Marius RIVIÈRE

Source : libération

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