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[CULTURE] RAOUL DIAGNE, PREMIER FOOTBALLEUR NOIR EN ÉQUIPE DE FRANCE ET FILS DE MINISTRE

D‘origine sénégalaise, Raoul Diagne joue au Racing près de Paris. Son sous-secrétaire d’État de père l’aurait préféré médecin ou militaire.
ministre.

Cette équipe de France d’avant 1931, Jean-Marie Le Pen l’aurait adorée : que des Blancs ! Écoutez-moi, ces noms : Alexis Thépot (le gardien), Marcel Langiller, Edmond Delfour… Ne fleurent-ils pas le terroir hexagonal ? C’était trop beau pour durer. Le dimanche 15 février 1931, à l’occasion d’un match amical entre la France et la Tchécoslovaquie, un joueur originaire d’Afrique noire est aligné sur le terrain pour la première fois dans l’histoire du foot français.

Il s’agit d’un joueur du Racing âgé de 21 ans et se nommant Raoul Diagne. Mais attention, c’est un « nègre chic ». Il ne vient pas d’une cité. Il sait conduire autre chose qu’une Ferrari, il sait se déplacer sans un casque greffé sur les oreilles. Son père, le Sénégalais Blaise Diagne, a su, lui aussi, su intégrer une équipe de France, en l’occurrence l’Assemblée nationale. Et le voilà, désormais, sous-secrétaire d’État aux Colonies.

À l’époque, la nomination de Raoul en équipe de France ne crée aucune polémique publique. Il faut dire que, la veille de son premier match, il a refusé l’invitation d’Evra de se taper une pute anglaise… Curieusement, si sa nomination fait débat, c’est au sein de sa famille. Son père considère ce statut de footballeur professionnel comme une sorte de déchéance sociale : il aurait préféré que son fils embrasse la carrière militaire ou médicale.

Du reste, le sous-secrétaire d’État ne viendra jamais au stade voir son fils jouer. Pousser une « baballe » sur un terrain, en short, mais quelle déchéance ! En 1931, Raoul évolue déjà depuis plusieurs années au Racing, attaquant ou arrière droit. À l’occasion, il peut aussi jouer dans les buts. Zidane lui a également appris à donner des coups de boule…. Au cours de sa carrière, il gagne 3 fois la Coupe de France, endosse 18 fois le maillot de l’équipe de France. En 1938, il est sélectionné chez les Bleus pour la Coupe du monde organisée en France. Mais après deux matchs, les Bleus se font sortir en quart de finale par l’Italie. Déjà elle !

« La grande araignée »

Pour en revenir au premier match de Diagne en équipe de France, du 15 février 1931, 20 000 spectateurs ont pris place dans le stade. Les Tchèques ouvrent le score à la troisième minute par un penalty, mais les Français répondent à leur tour avec un penalty, à la vingt-troisième minute. Enfin, à cinq minutes du coup de sifflet final, un défenseur français, le mal nommé Finot, croit amusant de saisir le ballon à la main. Un sacré boulet que ce Blanc ! Troisième penalty. La Tchécoslovaquie l’emporte 2 à 1. Une défaite d’autant plus rageante pour la France que c’est elle qui a fait tout le jeu.

Le lendemain, Michel Rossini, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Football, écrit : « Diagne, dont c’étaient les débuts dans l’équipe tricolore, fut en tout point excellent en ce qui concerne le côté défensif de son rôle ; dans l’attaque, il a encore maintes choses à apprendre. » Pas une allusion à la couleur de sa peau. Soixante-sept ans plus tard, dans une interview donnée à l’occasion de la Coupe du monde 1998, Diagne évoque son intégration en équipe nationale : « Cela s’est fait très naturellement. Je n’ai presque jamais subi de méchantes réflexions. » À l’époque, les racistes, les fachos et les abrutis n’avaient pas encore pris les stades de foot en otage…

Au soir de la défaite contre la Tchécoslovaquie, la « grande araignée », comme on le surnomme alors, fête sa première sélection à Montmartre, où il est comme un poisson dans l’eau, adorant déconner et faire la fête. Zahia tente de l’entrainer, mais il ne mange pas de ce pain là. Il préfère se rendre chez Ève, un cabaret fort « déshabillé », pour y rejoindre sa copine Joséphine Baker, qui l’appelle son « petit frère ». Mais ce qu’il retient surtout de son aventure en équipe de France, c’est « une camaraderie, une chaleur véritable… c’était sans doute ce qui a été le plus beau dans le football de l’époque ». Le pognon n’avait pas encore tout pourri…

Source : http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/15-fevrier-1931-le-premier-footballeur-noir-en-equipe-de-france-est-fils-de-ministre-scandale-15-02-2012-1431492_494.php

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