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LE CFA : DOMINATION MONÉTAIRE DE LA FRANCE SUR LES PAYS AFRICAINS

L’une des influences les plus importantes dans la vie économique et politique des Etats africains qui étaient des colonies françaises dans le passé, c’est l’impact d’une monnaie commune ; le Franc de la Communauté Financière de l’Afrique (CFA).

Il y a en effet deux francs CFA distincts en circulation. Le premier est celui de l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) qui comprend huit pays Ouest Africains (Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Mali, Côte d’Ivoire, Niger, Sénégal et Togo).

Le deuxième, c’est celui de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) qui comprend six pays d’Afrique Centrale (Cameroun, République Centrafricaine, Tchad, Congo-Brazzaville, Gabon et Guinée-Equatoriale), cette division correspond à l’AOF (Afrique Occidentale Française) pré-coloniale et AEF (Afrique Equatoriale Française, avec l’exception que la Guinée6bissau était une colonie portugaise et la guinée Equatoriale, une colonie espagnole dans le passé.

Selon Mediapart, la politique monétaire gouvernant une agrégation aussi diverses de pays est simplifiée parce qu’elle est en fait opérée par la Trésorerie Française, avec aucune autorités fiscales centrales ni de l’UEMOA, ni de la BEAC. Sous les termes d’accord qui mirent sur pieds ces banques et la CFA, la Banque Centrale de chaque pays est obligée de maintenir au moins 65% de ses réserves d’échanges étrangers dans un « compte d’opérations » tenu par la Trésorerie Française, de même que 20% en plus pour couvrir d’autres obligations financières.

Les banques centrales de la CFA imposent aussi un CAP sur les crédits étendus à chacun des États membres équivalent à 20% des revenus publiques de ce pays au cours de l’année précédente. Bien que la BEAC et la BCEAO aient des facilités de découvert avec la Trésorerie Française, les DRAWDOWNS sur ces facilités de découverts sont sujets au consentement de la Trésorerie Française.

Le dernier mot c’est celui de la Trésorerie française qui a investi les réserves étrangères des pays africains en son propre nom à la Bourse de Paris.

En un mot, plus de 80% des réserves étrangères de ces pays africains sont déposées dans les « comptes d’opérations » contrôlés par la Trésorerie française.

Les deux banques CFA sont africaines de nom, mais ne possèdent pas de politiques monétaires propres à elles. Les pays eux-mêmes ignorent, il ne leur est même dit, quel pourcentage de la cagnotte de leurs réserves étrangères tenues par la Trésorerie Française leur appartient en tant que groupe ou individuellement.

Cette coopération monétaire entre la France et ses ex-colonies est «régie par quatre principes fondamentaux : garanties de convertibilité illimitée apportée par le trésor français, fixité des parités, libre transférabilité et centralisation des réserves de change», indique le site officiel de la Banque de France.

Le renflouement du trésor de la Métropole par les colonies remonte au 19ème siècle. «Les autochtones payaient alors un impôt de capitation à la Métropole. Une imposition par tête d’habitant mais aussi pour les biens personnels (produits vivrières, cheptel…) payée individuellement ou collectées par des commis locaux», selon l’historien et enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Moustapha Dieng.

«Expropriation» et «esclavagisme» sont donc les maîtres mots d’une politique française qui ne fait que «freiner la marche de ses ex-colonies» souvent définies comme étant sa propre «chasse gardée», se désole Sy à Mediapart.

L’Afrique joue toujours en CFA

Selon l’économiste sénégalais Sanou Mbaye, ex-fonctionnaire à la Banque africaine de développement «BAD», «la France investit ces réserves qui représentent des dizaines de milliards de dollars, dans des bons du trésor qu’elle utilise ensuite pour garantir les prêts qu’elle lève pour financer son propre déficit public».

A l’adoption de l’euro en 1999, la monnaie européenne est devenue ancre monétaire du F CFA sans que les mécanismes de coopération de la zone monétaire en soient affectés : 1 euro est fixé à 655,95 F CFA contrairement aux autres monnaies dont les cours sont non seulement flottants, mais également maintenus au niveau le plus bas.

En effet, «il faut 1 500 wons à la Corée du Sud, 15ème puissance mondiale, pour avoir un euro, à l’Inde (Nation émergente) 12 mille roupies pour avoir un euro, à l’Iran (puissance nucléaire) 14 mille 500 rials pour avoir un euro», déclare Sy.

Une telle politique monétaire consacre une valeur du franc CFA profondément en déphasage avec la réalité et les vraies performances économiques des pays qui l’adoptent comme monnaie.

Seules les entreprises françaises, détentrices du monopole dans les secteurs clés de l’économie, peuvent prospérer dans un tel environnement, fait remarquer pour sa part l’économiste Mbaye. «Ce taux de change très élevé permet aux entreprises françaises telles que Bouygues, Société générale, Bnp Paribas, Bolloré de protéger leur gain en ce sens que les prémunissant des dépréciations monétaires courantes», explique-t-il.

Autre grief soulevé par l’économiste sénégalais au sujet du franc CFA fabriqué et imprimé en France : «Les deux francs CFA sont convertibles à l’euro, mais sont inconvertibles entre eux.» Mbaye est alors convaincu que «la zone franc doit faire des réformes fondamentales pour obtenir la totalité de son autonomie financière».

 

NN

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