Alors que l’heure de quitter le bureau ovale de la Maison Blanche s’approche progressivement, un bilan de la politique menée par Obama s’impose. Notamment, le bilan de sa politique africaine. En novembre 2008, on se souvient encore de l’enthousiasme qui a été celui des africains quand on annonçait Barack Obama élu à l’élection présidentielle. Cette victoire était pour les africains porteuse de fierté – de voir un fils du continent à la tête de la première puissance économique mondiale – d’espoir de voir les États-Unis plus engagée à aider les pays Africains, notamment dans leur lutte contre les dictatures installées depuis la nuit des temps dans le continent.
Une chose est sûre, Barack Obama ne renie pas son appartenance au continent africain. D’autant qu’il entretenait des liens forts avec le pays de son père où il s’était rendu à deux reprises lorsqu’il travaillait pour le Sénat. Dans son livre Les Rêves de mon père qu’il avait fait paraître avant son accession à la présidence, Obama avait évoqué avec émotion et lucidité ses séjours africains ainsi que la contribution de l’Afrique dans son devenir intellectuel. Cette Afrique pour laquelle il nourrissait certainement des ambitions dans le secret, et dont les peuples nourrissaient publiquement l’espoir d’un engagement fort et meilleur que ses prédécesseurs.
Ces prédécesseurs, dont la politique africaine avait abouti au renforcement de l’engagement américain dans la région subsaharienne tant sur le plan sécuritaire que sur celui de l’humanitaire, peut-on lire sur le site d’informations RFI. Sous la présidence Bush, l’aide des États-Unis aux États de l’Afrique subsaharienne a été multipliée par quatre, passant de 1,4 milliard de dollars en 2002 à 8,1 milliards en 2010. Le nom de ce président texan, est étroitement lié au programme Pepfar (President’s Emergency Plan for Aids Relief), qui est un plan d’aide d’urgence contre le virus du sida et qui a permis de sauver des millions de vies en Afrique en mettant les malades du sida sous antirétroviraux.
Bill Clinton quant à lui est à l’origine de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), une loi votée en 2000 permettant d’ouvrir sans contrepartie le marché américain à une liste de marchandises en provenance des pays africains. Enfin, la lutte contre le terrorisme oblige, les deux présidences participèrent aussi au renforcement des engagements américains en Afrique en matière de sécurité, aboutissant à la création par Bush en 2007 d’un commandement militaire pour l’Afrique (Africom). Voilà autant d’actions menées sous la présidence des prédécesseurs de Barack Obama, dont les Africains bénéficient encore aujourd’hui.
Pour ce qui concerne Barack Obama, la déception des Africains était particulièrement forte à la fin de son premier mandat. En effet, l’homme qui s’apprête à quitter la Maison Banche a tardé à s’engager dans une région qui n’a jamais été au cœur des intérêts américains, préférant même s’investir dans l’Asie-Pacifique où se joue une grande partie de l’avenir économique du monde. Même si on se souvient de ses escales symboliques en Égypte et au Ghana durant son premier mandat qui étaient essentiellement, riches en discours et pauvres en initiatives réelles. Pendant lesquelles il avait d’ailleurs déclaré « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes », avant de conclure des partenariats de sécurité avec un certain nombre d’États africains autoritaires.
Lors de son second mandat, le président sortant avait voulu rectifier le tir. L’administration Obama a mis en place, entre 2013 et 2015, plusieurs projets dont les principaux sont « Feed Africa » qui devait promouvoir l’autosuffisance alimentaire, « Trade Africa », destiné à faciliter les exportations africaines vers de nouveaux marchés et surtout « Power Africa », projet phare censé doubler l’accès à l’électricité en Afrique pour atteindre 300 000 mégawatts à l’horizon 2030. Des projets à long terme qui pourraient changer, croit-on, le visage du continent, si le financement prévu suit. Surtout, ces initiatives constituent une rupture par rapport à ce qui se faisait avant, en substituant à la traditionnelle politique américaine axée sur l’aide, un partenariat économique plus égalitaire. Selon Alex Vines, analyste à la Chatham House à Londres, en mettant l’accent sur le commerce et l’entrepreneuriat privé, le président sortant a changé le paradigme des relations entre l’Afrique et les États-Unis.
Malgré ses échecs et ses défaillances, Obama reste un modèle de l’homme politique dont la capacité d’attraction reste entière pour la jeunesse africaine.
NegroNews
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