Plus de 130 personnes ont été tuées samedi dans l’attaque d’un village du centre du Mali par des hommes armés portant les vêtements traditionnels des chasseurs Dogon, rapportent des sources de sécurité et des autorités locales.
La communauté peule visée
« Au moins 134 civils, y compris des femmes et des enfants, auraient été tués et au moins 55 blessés » a déploré samedi soir le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, dans un communiqué publié samedi soir à New York.
Il a dit être « choqué et outré » par ce massacre. « Le secrétaire général condamne fermement cet acte odieux et appelle les autorités maliennes à enquêter rapidement sur cette tragédie et à traduire ses auteurs en justice », ajoute le communiqué diffusé par l’ONU.
Des hommes armés ont encerclé le village à l’aube avant d’attaquer les habitants de leurs maisons à Ogossagou, dans la région de Mopti. Les assaillants ont ciblé des membres de la communauté ethnique foulani (peuls) accusés d’avoir des liens avec des djihadistes.
L’attaque s’est produite dans la zone de Bankass, près de la frontière avec le Burkina Faso, où ces violences intercommunautaires sont particulièrement fréquentes.
« Village d’Ogossagou-Peul : plusieurs dizaines de morts dont le chef du village et sa famille, le marabout Bara Sékou Issa et toute sa famille », a affirmé dans un communiqué l’association de défense des droits des populations pastorales Kisal, faisant également état d’autres attaques dans des villages avoisinants, sans avancer de bilan.
« Tués à coups de pistolet et de machette »
L’attaque a eu lieu alors que les ambassadeurs de l’ONU se trouvaient au Mali pour discuter d’un accroissement de la violence. La mission du Conseil de sécurité a rencontré le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga pour parler de la menace croissante des combattants djihadistes dans le centre du Mali.
Les victimes de l’attaque meurtrière de samedi ont été « tuées à coups de pistolet et de machette », a déclaré un responsable de la sécurité locale à l’agence de presse AFP. Des témoins ont également affirmé que presque toutes les huttes du village avaient été incendiées.
Cheick Harouna Sankare, maire du village voisin de Ouenkoro, a qualifié l’attaque de « massacre ».
Des affrontements entre chasseurs Dogon et éleveurs peuls nomades peuvent se produire pour l’accès à la terre et à l’eau.
Affrontements interethniques
Les Dogons accusent également les Peuls de liens avec des groupes djihadistes. Ces derniers affirment que l’armée malienne a armé les chasseurs pour les attaquer.
L’année dernière, des centaines de personnes sont mortes lors d’affrontements entre des chasseurs Dogon et des membres du groupe ethnique peuls.
Vendredi, un affilié al-Qaïda basé au Mali a déclaré qu’il avait mené une attaque la semaine dernière sur une base militaire qui a coûté la vie à plus de 20 soldats. Les militants ont déclaré que c’était en réponse à la violence contre les éleveurs peuls.
Un habitant d’Ogossagou, qui a demandé à ne pas être identifié, a confié à l’agence de presse Reuters que les violences de samedi semblaient constituer des représailles de l’attaque contre les soldats.
NN
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