Le sociologue Sebastian Roché affirme : « il existe une malédiction policière française », étant enseignant à l’Institut d’études politiques de Grenoble il a publié un livre De la police en démocratie (Grasset). En s’appuyant sur une enquête comparative menée en Europe, on observe une différence de traitement et d’agressivité quand le contrôlé est blanc ou non.
Interrogé par « le point » concernant la rupture entre la police et les jeunes il explique : « La confiance est un élément essentiel de la vie dans une société démocratique. Au niveau de la famille, comme de celui de l’État. Mais, ni le gouvernement ni les polices ne s’en soucient suffisamment. Contrairement aux entreprises qui sont soucieuses de s’attacher les clients, les administrations méconnaissent la valeur de la confiance. Police comme gendarmerie sont soucieuses de leur image, une notion floue, mais pas de la confiance qu’elles inspirent. Et, les sondages ordinaires mesurent généralement mal la confiance. En posant naïvement la question « Avez-vous confiance? », ils confondent la confiance « obligée » – on est bien obligé de faire confiance, puisqu’on n’a pas d’alternative – et la confiance véritable. Celle-ci s’estime mieux, comme l’a fait l’Ifop, en comparant ce qu’on peut attendre des uns – le gouvernement – ou des autres – soi-même. Et ce résultat touche du doigt la situation actuelle, celle de la distance entre le peuple et les élites. Ce résultat exprime aussi une autre vérité : le gouvernement a besoin de la population – de nous ! – pour lutter contre le terrorisme. Mais, la confiance cela se gagne : en disposer suppose l’envie de la gagner, et une stratégie pour y arriver. On ne voit ni l’une ni l’autre. Une police moderne et démocratique doit servir les citoyens, et les traiter tous de manière égale. Tels sont les défis à relever »
Dans son récent livre « De la police dans la démocratie » le sociologue Sebastian Roché explique « L’agressivité de la police est triplée quand les contrôlés ne sont pas blancs ».
De l’interpellation jusqu’en incarcération, même pendant le transport du contrôlé, ce dernier risque des agressions graves de la part des policiers. Certains faits ont été médiatisés, en voici quelques uns :
7 Mars 2005 : Balé Traoré grièvement blessé à bout pourtant par un policier dans le quartier de la Goutte d’Or ( paris 18) alors qu’il n’avait lui même pas d’arme.
Octobre 2005 : Zied 17 ans et Bouna 15 ans, poursuivis par la police et morts électrocutés dans un transformateur à Clichy-sous-Bois (93).
Mai 2006 : Fethi Traoré 31 ans, poursuivit par la police il se noie dans la Marne (94).
Juin 2006 : Deux réfugiés poursuivis, écrasés sur une autoroute à Calais (32).
Juin 2007 : Lamine Dieng 25 ans, meurt dans un fourgon de police à Paris (75).
14 octobre 2008 : Abdoulaye Fofana 20 ans tabassé dans le hall de son immeuble par 2 policiers à coups de matraque, tonfa et crosse de flash-ball, à Montfermeil(93).
Septembre 2010 : Lassana DIARRA mort en garde à vue dans un commissariat de la région parisienne.
Novembre 2010 : Mamadou Marega meurt après s’être fait tapé et tazé par la police dans un immeuble à Colombes (92).
16 janvier 2014, Abdoulaye Camara, 30 ans, mourrait dans le quartier de la Mare Rouge touché par plusieurs balles de deux policiers havrais.
Cette liste n’est pas « EXHAUSTIVE », ce recensement est fait à partir de ce qui est diffusé dans la presse. Certaines histoires ont été confirmées par des familles de victimes, Presque a chaque meurtre commis par la police, la victime est accablée, la plupart des enquêtes sont bâclées et amènent trop souvent à des conclusions de « légitime défense » pour les fonctionnaires …
En parcourant cette mini liste, on se rend compte que beaucoup des faits violents se manifestent quand les contrôlés sont non blancs. « Les services de police ne sont pas rendus de la même façon et le traitement des individus n’est pas le même dans les quartiers aisés et dans les banlieues. »
Brice Hortefeux, alors ministre de Monsieur Sarkozy en 2010 met en place une police de proximité : Brigade spécialisée de territoire, une police à la base censée n’intervenir que pour des faits justifiés. Cette proximité entre la police et les banlieues créerait alors des inégalités de traitement par les policiers. « Le Défenseur des droits dit que c’est un problème, la justice aussi, mais le ministère ne le reconnaît pas comme tel. »
Quant aux allemands, leur police serait juste rapporte l’étude menée par le sociologue Sebastian Roché : « Quand ils s’apprêtent à contrôler, ils se demandent si ce contrôle est vraiment utile, s’ils ne peuvent pas obtenir autrement les renseignements qu’ils recherchent. »
Dans une interview, Théo, victime d’agression de la part de la police affirme s’être déplacé jusqu’à un endroit de manière à apparaître dans les caméras afin d’être interpellé, ça en dit long sur la méfiance des jeunes non blancs face aux contrôles policiers.
C’est aux responsables politiques de prendre la parole et de dire « Nous voulons une police qui traite également tous les citoyens », et de dire aux directeurs généraux de la police et de la gendarmerie « Nous voulons que vous mettiez en oeuvre une politique d’égal traitement et que vous nous rendiez des comptes » conclut le sociologue questionné récemment par le journal l’Obs.
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