La police sierra-léonaise a ouvert le feu, le 10 décembre, sur des manifestants armés, protestant contre un projet d’expansion d’un projet de culture d’huile de palme de la Société financière des caoutchoucs (Socfin), a déclaré un responsable de la police.
Basée au Luxembourg, Socfin est détenu par l’entrepreneur français Vincent Bolloré (38,7 %) et l’homme d’affaires belge Hubert Fabri. La société est engagée depuis 2011 dans un bras de fer avec des groupes d’agriculteurs et des propriétaires terriens de la tribu Malen.
Selon l’inspecteur général de police Francis Munu, une foule armée de fusils et de machettes a tenté d’incendier un poste de police dans la province méridionale de Pujehun et les policiers ont riposté. «Nous avons essayé le gaz lacrymogène mais nous avons dû utiliser des balles réelles pour les repousser», a-t-il précisé. «Ils s’opposaient à l’extension de opérations de Socfin », a-t-il ajouté.
Le chef d’une association de propriétaires affectée par le projet de Socfin a fait état de plusieurs dizaines de blessés. « Ils ont ouvert le feu sur nous juste parce que nous nous battons pour nos droits », a dit Sima Mattia.
Les habitants estiment que les 12,5 dollars par hectare qu’ils ont touché ne sont pas suffisants et déclarent ne pas avoir compris le contrat passé avec Socfin, ou l’avoir signé sous la contrainte. Le directeur de Socfin, Gerben Haringsma, a déclaré mardi que chaque propriétaire avait été consulté et que sa société avait le soutien total de la communauté.
En juin dernier, douze ONG actives dans le domaine de la lutte contre l’accaparement des terres agricoles dans les pays en développement avaient accusé Vincent Bolloré et Hubert Fabri de «recourir à l’intimidation pour museler l’opposition à leurs projets» d’huile de palme en Sierra Leone.
Ces ONG parmi lesquels figurent Oakland Institute (USA), Foi & Justice (Cameroun), Grain (international) et SWISSAID (Suisse) ont précisé, dans un communiqué, que la société Socfin a lancé des poursuites judiciaires contre une ONG sierra-léonaise, Green Scenery, pour les rapports qu’elle a publiés sur les activités de la société.
En mai 2011, Green Scenery a publié un rapport sur le projet de plantation de palmiers à huile de la Socfin Agricultural Company Sierra Leone Ltd. (SAC), une filiale de Socfin, en Sierra Leone, qui mettait en lumière «l’absence de compensation adéquate, la corruption et les pressions exercées sur les propriétaires terriens et les chefs afin qu’ils signent des accords pour céder leurs terres».
La filiale sierra-léonaise de Socfin a répondu aux accusations de Green Scenery en intentant des poursuites pour diffamation contre l’ONG et son directeur exécutif, Joseph Rahall. La société demande à un tribunal sierra-léonais d’ordonner à l’ONG de présenter des excuses, de verser des dommages et intérêts et de mettre fin à la diffusion d’informations que la société jugerait diffamatoires.
«Pourtant, le rapport de Green Scenery est en cohérence avec les plaintes officielles déposées par les communautés locales, opposées à l’appropriation de leurs terres et à la destruction de leurs cultures et leurs forêts par Socfin. En décembre 2012, 101 membres des familles de propriétaires terriens de 36 villages du district ont appelé la Commission Nationale des Droits de l’Homme, les organisations de la société civile et les Nations Unies à soutenir leur lutte contre la société», ont indiqué les douze ONG dans leur communiqué.
Source : Agence Ecofin
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