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[ACTUALITÉ] QUAND LES ÉTUDIANTS AFRO-AMÉRICAINS DÉCOUVRENT LE PARIS AFRO

San Antonio, Los Angeles, New York… Ce mardi 17 juin, des étudiants Noirs américains venus de tous les Etats-Unis se sont retrouvés à l’hôtel Citadines Prestiges Saint-Germain-des-Prés. L’occasion ? Paris Noir.

15 h. 15h 15. 15h 30… Les aiguilles des montres défilent. « La crème de la crème » est là, posée sur des chaises bleues royal. Une trentaine d’étudiantes. Un seul jeune homme : Casey Jones, de l’université de Morehouse à Atlanta (Géorgie, Etats-Unis). Tous sont issus de brillantes universités américaines. Sélectionnés parmi plusieurs candidats. De quoi rêver. Ça prend des notes scrupuleusement. Ça ne baille presque pas. Silence de mort lorsque Janis Mayes, l’organisatrice de l’évènement, parle. Voici la clé de la réussite : la capacité d’attention. On leur demande de se présenter. Ils s’exécutent sans rechigner et avec aisance en plus ! Les élèves rêvés.

L’objectif de cet évènement ? Natasha Benjamin, accompagnatrice des étudiants et qui a elle-même participé au Paris Noir 2009, l’explique : « Les étudiants découvrent la vie des Noirs de Paris, issus de la diaspora. Et ce, à travers des réunions comme celle d’aujourd’hui et des visites au musée ». Ainsi ils découvrent le Paris Noir à travers leurs cours, leurs recherches personnelles et sur le terrain. Yanis Mayes ajoute : « Ce n’est pas du tourisme. Paris est notre salle des classes. On se donne rendez-vous au Café Flore pour échanger nos idées ».

On ferme les grands rideaux blancs. Au revoir la vue sur la Seine. On allume le vidéo projecteur. Les regards se figent sur les trois intervenants enfin réunis. « Je suis contente de votre venue » avoue l’organisatrice.  Kim Powell au centre. Astrid Siwsanker à sa droite et Kahi Lumumba à sa gauche. Ils ont été choisis dans le cadre du thème image de Paris et imagination.

Kim Powell ouvre le bal. Avec son bisou vert pomme sur la tempe, elle attise la curiosité et ne tarde pas à expliquer : « lors d’une fête, je me suis fait ce tatouage éphémère. J’essaye encore de l’enlever ». Elle a choisi de faire un diaporama de sa vie. Passionnée de photographie depuis ses 6 ans, elle n’a, depuis, jamais quitter son appareil. Il fait partie d’elle. Une série de ses clichés défile, tous plus intriguants les uns que les autres. Colorés, authentiques : voilà comment les décrire. Des reflets dans les vitrines de magasins aux déchets sur les plages : tout y passe. L’art est partout. New York, Paris et le Sri Lanka ont fait l’objet de son travail. « Ces déplacements m’ont tous affectés de différentes façons. Dans mes œuvres. Ma vision du monde. Ma vie ». Les applaudissements fusent.

kim powell photo paris

Kim Powell

Astrid Siwsanker enchaine en complimentant la jeune photographe : « c’est très intéressant. Une certaine force émane de vos clichés… ». Originaire de Guadeloupe, son père est Indien et sa mère Antillaise. Des pays à l’histoire riche mais aussi au lourd passé dont elle n’a pris conscience qu’une fois arrivée à Paris. « J’ai saisi l’importance des éléments de mon pays d’origine lorsque j’ai posé mes bagages dans la capitale. J’ai découvert l’histoire des esclaves et l’art ». Mariée au metteur en scène, Luc Saint Eloy, elle l’a assisté pour de nombreux spectacles comme pour celui qui rend hommage à Henri Salvador dont elle passe un extrait. Ce jazzman est, pour elle, un grand homme. « En réunissant des influences guadeloupéenne, guyanaise et caribéenne dans sa musique, il a donné de la valeur à ces pays dans la culture française ». Bien qu’elle ait réalisé des costumes de scène, elle ne se considère pas comme une styliste. Pour Henri Salvador, la musique est un moyen d’exprimer la diversité. Pour Astrid Siwsanker, ce sont les couleurs et les formes. Rivés sur l’écran, ses yeux brillent. Après tout, c’est un peu son bébé.

  Astrid

Astrid Siwsanker

La photographie, la comédie et … le web média

Janis Mayes présente l’ultime intervenant : « Voici Kahi Lumumba, c’est le petit-fils de Patrice Lumumba, Premier Ministre de l’ex Congo belge (actuelle République démocratique du Congo) assassiné en 1961. Il ne le précise pas car il est modeste, mais c’est important ». Il fait comme s’il n’avait pas entendu et commence sur une note d’humour : « je vais être moins artistique qu’Astrid et Kim ». Présentation de son parcours : Londres, Bordeaux, Paris. Explications de ses motivations: « je voulais répondre à des questions comme : pourquoi est-ce si compliqué d’en savoir plus sur ? ».

Kahi Lumumba Paris Noir

Kahi Lumumba, directeur de Totem-World.com

Voilà une des raisons pour laquelle il a créé ce site web axé sur le monde afro. Pas besoin d’aller au musée ou dans une bibliothèque pour trouver des informations sur cette communauté. Oups ! Comme il le précise, en France, il est interdit de séparer la population française en divers groupes. C’est différent des Etats Unis. L’amalgame entre Asiatiques, Africains, Caucasiens, etc, est obligatoire.

« Notre public est large. Nous nous adressons aussi bien aux adolescents avec les vidéos, qu’aux adultes avec les articles. Aux personnes de couleurs qu’aux passionnés de l’Afrique » ajoute Kahi Lumumba. Au rendez-vous, les fans sont 4000 sur Facebook. Un public que Kahi Lumumba veut agrandir. Pour se faire, un nouveau concept : la Totem box. Chaque trimestre, pour une trentaine d’euros, vous pouvez recevoir une gamme de produits africains finement sélectionnés. Un bon moyen pour découvrir ou redécouvrir l’Afrique.

France – Amérique : deux pays à la culture différente donc. Les jeunes américains sont ravis de ce qu’ils sont venus découvrir. Makaela Newsome, une des étudiantes sélectionnées pour le Paris Noir 2014, donne ses impressions. « Paris n’est pas une ville de paix. On ressent toujours un certain stress mais c’est lui qui nous pousse à être créatif. En Amérique, on ne fait que se représenter la capitale. Grâce à Paris Noir, on a un autre point de vue – celui de l’intérieur. J’ai compris plusieurs choses dans mon fonctionnement notamment dans mon rapport avec le jazz ».

Mais pourquoi avoir choisi la capitale française ? Yanis Mayes explique que « Paris est un site dynamique où l’histoire des Africains, Européens et Asiatiques convergent du XIVème siècle jusqu’à aujourd’hui. Le tout dans un contexte d’esclavage, de ségrégation, de migration et de néo colonialisme. C’est là que le Paris Noir a émergé.  Dans l’Ouest, on considère difficilement la capitale comme une plaque tournante de la diaspora africaine. Pourtant, elle l’est ». Une réalité dont prennent vraiment conscience les étudiants grâce à l’événement.

Série de questions-réponses. Elles fusent. « Quels conseils donneriez-vous pour créer son propre business ? », « quelles difficultés avez-vous rencontré à Paris ? » etc. Les intervenants font part de leurs expériences. Astrid  explique que « voir les autres réussir donne de l’espoir et la force de continuer. Le problème en France est de survivre sur la durée. Créer son entreprise, c’est facile. Qu’elle ne coule pas, l’est beaucoup moins ». Le tout est d’être déterminé comme l’indique Kahi Lumumba : « je savais exactement ce que je voulais et ne voulais pas alors je me suis lancé et j’ai créé Totem ». Suivre sa voie, tracer son chemin. Oser, quitte à se ramasser. Persévérer. Telles sont les clés du succès.

Paris Noir avec Jake Lamar

Source : http://www.totem-world.com/top/paris-noir-les-etudiants-afro-americains-decouvrent-paris-afro/syracuse-university/

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