Si les États-Unis sont en pointe dans la mobilisation mondiale pour tenter de retrouver les lycéennes aux mains de Boko Haram, Washington ne se prive pas pour tacler la politique d’Abuja.
« En dépit des offres d’assistance des États-Unis et d’autres partenaires internationaux, la réponse du gouvernement nigérian à cette crise a été d’une lenteur tragique et inacceptable », a déclaré jeudi 15 mai Robert Menendez, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.
Il a donné écho aux critiques du régime du président nigérian Goodluck Jonathan, accusé d’avoir mis trois semaines à réagir au rapt des lycéennes. Le sénateur démocrate a exhorté « le président Jonathan à faire montre du leadership que sa nation exige ».
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Le ministère américain de la Défense a enfoncé le clou. Une de ses responsable, Alice Friend, a déploré que « les forces de sécurité nigérianes (aient) été lentes à s’adapter et à mettre en œuvre de nouvelles stratégies et tactiques face à la menace sophistiquée » que représente Boko Haram.
Les États-Unis « pressent le Nigeria de modifier son approche à l’égard de Boko Haram », a ajouté un directeur du bureau Afrique du département d’État, Robert Jackson.
De fait, lorsque Washington avait classé le 13 novembre 2013 Boko Haram comme « organisation terroriste étrangère » pour ses liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique, le gouvernement américain avait insisté sur « l’approche globale » que devait adopter le Nigeria dans sa lutte antiterroriste : « Application de la loi, actions politiques et en matière de développement, et engagement militaire ».
Les « atrocités de certaines forces de défense »
Les États-Unis accusent une partie de l’armée nigériane de violations des droits de l’homme lors d’offensives contre Boko Haram. Le président Barack Obama l’avait signifié au président Jonathan lors d’un tête-à-tête à l’ONU en septembre dernier. « Lorsque des soldats détruisent des villes, tuent des civils, arrêtent des innocents en toute impunité, la méfiance s’installe » chez les populations, a fustigé Robert Jackson.
Sa collègue du Pentagone, Mme Friend a de même rappelé le « bilan d’atrocités au Nigeria perpétrées par certaines forces de sécurité lors de leurs opérations contre Boko Haram ». Elle a déploré que « le Nigeria soit un partenaire avec lequel il est extrêmement périlleux de travailler », assurant que Washington ne « fournissait pas d’assistance » aux escadrons militaires accusés de « grossières violations des droits de l’homme ».
Le gouvernement américain est toutefois critiqué par les républicains pour avoir mis des mois, en 2012 et 2013, à se décider à inscrire Boko Haram et le groupe Ansaru sur sa liste « terroriste ».
« Nous aurions pu le faire plus tôt », a concédé Robert Jackson du département d’État. « Mais l’important est de l’avoir fait (…) C’est une organisation qui est devenue une menace internationale et à laquelle on doit répondre par une coopération internationale », a-t-il défendu.
Jeudi, des proches des 223 lycéennes détenues ont demandé leur libération « sans condition ».
Source:http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140516083243/defense-terrorisme-boko-haram-goodluck-jonathan-boko-haram-lyceennes-enlevees-les-tats-unis-critiquent-la-politique-du-nigeria.html
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