L’élection de Barack Obama en 2008 aurait dû accélérer sa carrière. Ironie du calendrier, la réélection du premier président noir en sonne le glas. Jesse Jackson Jr., 47 ans, fils du révérend Jesse Jackson, célèbre militant des droits civiques, a annoncé, mercredi 21 novembre, qu’il démissionnait de son siège d’élu (démocrate) à la Chambre des représentants, en reconnaissant dans une lettre qu’il avait « commis sa part d’erreurs ».
De fait, M. Jackson est visé par une enquête du FBI pour détournement de financement électoral. Selon le Chicago Sun Times, il aurait utilisé des fonds de campagne pour décorer sa maison et offrir une Rolex à 40 000 dollars à une amie.
La descente aux enfers de celui qui personnifiait l’ascension d’une nouvelle génération d’élus noirs dans le sillage de Barak Obama avait commencé dès le lendemain de l’entrée de ce dernier à la Maison Blanche. Le nom de Jesse Jackson Junior, alors perçu comme un possible futur maire et sénateur de Chicago, avait été cité dans l’affaire Blagojevich, du nom de l’ancien gouverneur démocrate de l’Illinois condamné pour avoir cherché à vendre au plus offrant le siège au Sénat laissé vacant par M. Obama en 2008.
TROUBLES MANIACO-DÉPRESSIFS
M. Jackson n’avait pas été inculpé dans cette affaire, mais avait fait l’objet d’une enquête du Comité d’éthique de la Chambre des représentants. Raghuveer Nayak, un collecteur de fonds, a affirmé aux enquêteurs qu’il lui avait demandé de lever 6 millions de dollars au profit de l’ancien gouverneur. Ce dernier, en échange, aurait garanti à M. Jackson qu’il serait nommé pour l’élection au siège de M. Obama.
En définitive, depuis sa première élection, en 1995, jusqu’à sa démission, mercredi, M. Jackson n’aura cessé de siéger comme représentant de la circonscription de South Side, bastion noir de Chicago. Le 6 novembre, il y avait été réélu pour la neuvième fois avec 71 % des voix, sans même y avoir mené la moindre campagne.
Depuis le mois de juin, en effet, Jesse Jackson Jr. n’était plus apparu à la Chambre. Son entourage avait fini par indiquer qu’il avait été hospitalisé pour des troubles maniaco-dépressifs. Fils du premier Noir à avoir présenté une candidature crédible aux primaires présidentielles démocrates (en 1984 et 1988), étoile montante parmi une nouvelle génération d’hommes politiques noirs, Jesse Jackson Jr. était élu sur son seul nom.
Source : LeMonde.fr
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