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[ACTUALITÉ] EMMA MCQUISTON SERA LA PREMIÈRE VICOMTESSE NOIRE DE GRANDE-BRETAGNE

A priori, rien d’étonnant dans le parcours rectiligne d’Emma McQuiston, 26 ans, fille d’une famille de la grande bourgeoisie et future épouse de Ceawlin Thynn, 38 ans, fils aîné du marquis de Bath, un vicomte dont le titre remonte au XVIIe siècle. La promise a fréquenté la très réputée Queen’s Gate School pour jeunes filles, dont le cursus comprend initiation au bridge, apprentissage du maintien raide sur son siège et leçons d’élocution stricte sur un ton pressé et haché. Rien d’insolite, donc.

Sauf que celle qui deviendra, en juin, vicomtesse de Longleat est noire. Lorsque son mari succédera à son père, âgé de 80 ans, elle sera la première marquise de couleur de la gent à particule d’outre-Manche. Le père d’Emma McQuiston, qui a fait fortune dans les plates-formes pétrolières offshore après des études à Oxford, est nigérian. Sa mère, elle, est anglaise. Après avoir été mannequin, la jeune femme a essayé en vain de devenir actrice à Los Angeles, avant de lancer un blog gastronomique. Elégante, pétillante et volontaire, Emma McQuiston fait mauvaise impression au sein de l’aristocratie, un univers conservateur, hiérarchisé et peu ouvert à la diversité culturelle. « J’ai eu droit à des réactions de rejet par snobisme de certains aristocrates de la vieille génération. A la question de l’origine sociale s’ajoute la couleur de la peau », a reconnu Emma McQuiston dans une interview au Tatler, le mensuel sur papier glacé qui reflète les tribulations de la haute société. « C’est une jungle que je traverse avec prudence », a-t-elle prévenu.

« ÉLITE HOMOGÈNE ET EXCLUSIVE »

Une telle hostilité ne surprend guère Fiona Devine, sociologue à l’université de Manchester. « C’est une obsession typiquement britannique due au cloisonnement de notre société, malgré la fluidité créée par la méritocratie. L’élite reste homogène et exclusive », estime cette spécialiste des classes sociales au Royaume-Uni. Rares sont en effet ceux qui ont osé transgresser officiellement la « barrière raciale ». Officieusement, il en va différemment. En témoignent les amants noirs de Lady Mountbatten ou l’affection que portait la reine Victoria à son valet indien. L’essayiste Harry Mount estime cependant que la noblesse britannique est bien plus « ouverte, poreuse et mutante » que celle du Continent. La tradition de mixité avec la haute bourgeoisie remonte aux XIXe et XXe siècles. Quand l’Etat a emporté les grands héritages et accablé d’impôts les vastes résidences, les nobles désargentés se sont alors souvent tournés vers de bons partis étrangers, de riches héritières, américaines ou issues du Commonwealth blanc, de souche anglo-saxonne et protestante. Pour sa part, la belle-famille de la future marquise sait faire preuve d’une excentricité de bon aloi. Le grand-père de Ceawlin Thynn a créé un vaste parc safari à Longleat où gambadent en toute liberté lions, girafes et antilopes.

L’actuel marquis est un hippie resté très proche de sa flopée d’ex-épouses et d’anciennes maîtresses, dont certaines sont d’ailleurs logées dans le domaine…En attendant les noces d’Emma McQuiston et de Ceawlin Thynn, les faits et gestes de la jeune fille métisse ne cessent de défrayer la chronique du Debrett’s, le Bottin mondain britannique. Quant à la nouvelle saison du feuilleton télévisé à succès « Downtown Abbey » – qui relate la vie d’une famille aristocratique dans l’Angleterre du début du XXe siècle –, elle accueillera cet automne un nouveau personnage. Une jeune fille noire. Toute ressemblance avec Emma McQuiston est bien sûr complètement fortuite.

Source : lemonde.fr

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