En marge du Sommet de l’Elysée, Afrik.com a assisté ce jeudi au Forum Euro-Mediterranean Competitiveness Confederation (EMCC), placé sous le thème de la « Colocalisation », organisé par le think tank IPEMED et placé sous le Haut Patronage du Président François Hollande. Présente à cette conférence, Elisabeth Guigou, présidente de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, par ailleurs première femme ministre de la Justice en France, a accepté de répondre à nos questions sur les relations entre le Nord et le Sud.
Investissements entre le Nord et le Sud de la Méditerranée, blocage politique en Tunisie et crise en Centrafrique, qu’en pense l’actuelle présidente de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale ? Elisabeth Guigou, ex-ministre de la Justice (1997-2000), répond à trois questions.
Afrik.com : Peut-on réellement parler de « colocalisation » entre les pays du Nord et du Sud du bassin méditerranéen, alors que l’équilibre financier n’est pas le même niveau entre ces deux rives ?
Elisabeth Guigou : L’idée est vraiment de créer un partenariat et un réseau d’investissements du Nord vers le Sud avec un réel équilibre des bénéfices. Nous devons développer la notion de « partage » et sortir définitivement de ce néocolonialisme exercé autrefois en Afrique. Ensemble, nous devons trouver la définition du mot « partage ». Et c’est aux premiers concernés (les entreprises) de mettre au point une définition. Nous ne devons plus raisonner en termes de « commerce », mais nous devons parvenir à établir un « partenariat gagnant-gagnant » entre le Nord et le Sud, mettre en place des investissements croisés.
Afrik.com : Vous avez récemment affirmé vouloir apporter une aide à la Tunisie, en proie à une profonde crise politique. Si ce n’est pas financier, de quelle manière se traduirait cette aide sans qu’elle ne soit perçue par les Tunisiens comme une forme d’ingérence ?
Elisabeth Guigou : Il est important que la Tunisie sorte au plus vite du blocage politique dans lequel elle se trouve et je crois sincèrement que c’est aux Tunisiens d’agir. L’aide de l’Europe s’adresserait en particulier à la société civile. Mais, il est primordial que les institutions retrouvent leur stabilité, afin de regagner la confiance des touristes et des investisseurs. L’urgence est donc d’assurer à nouveau la stabilité du pays, afin que le tourisme, l’une des principales ressources du pays, retrouve sa place.
Afrik.com : Après la Libye et le Mali, la France vient de s’engager en Centrafrique. Assiste-t-on à un retour de la France en Afrique ?
Elisabeth Guigou : L’intervention en Libye était purement militaire. Au Mali, la demande est venue des Maliens pour mettre fin à un Etat terroriste dans l’Etat. Le but était donc de rétablir l’unité du pays. Nous n’avons pas pour ambition de rester au Mali. Les forces françaises quitteront le pays après avoir relayé leur savoir à l’armée malienne, actuellement en formation. Quant à la Centrafrique, nous ne pouvions pas être spectateurs d’une population qui s’entretue. Il est urgent de mettre fin aux massacres, accompagner les opérations humanitaires, chasser les bandes voyous et empêcher une guerre entre musulmans et chrétiens. L’armée française n’a qu’un seul but ; c’est de relayer leur mission aux forces africaines. Nous sommes en Centrafrique dans le cadre d’une intervention d’urgence, en attendant que l’ONU prenne le relai. Donc non, ce n’est pas un retour de la France en Afrique. Je puis vous assurer que le jour où la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique, ndlr) sera au point, le relai sera transmis et la France quittera la Centrafrique aussi vite qu’elle n’y est arrivée.
Source: Afrik.com
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