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[ACTUALITÉ] ABANDONNÉ DE TOUS, SON FILS DÉCÈDE AUX URGENCES

« À partir de quand doit-on parler d’urgence ? Personne ne peut nous secourir parce que nous habitons un quartier difficile. Ce n’est pourtant pas la brousse ici, nous ne sommes pas dans un pays sous-développé. » Monique, habitante du quartier sensible d’Orgemont à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), veut savoir comment et pourquoi son fils de 10 ans a pu mourir au terme d’une nuit terrible.

Et elle pointe du doigt ce qu’elle estime être des négligences dans la prise en charge de son enfant. « Mon fils a été abandonné de tous », sanglote la maman en montrant la frimousse irrésistible de ce petit garçon qui allait entrer au collège. Perdue dans sa grande robe à ramages, elle raconte d’une voix brisée le parcours du combattant qu’elle a déjà dû mener avant d’atteindre, avec son fils malade, les urgences de l’hôpital de Saint-Denis.

ZACHARIE

Polémique suite au décès de Zacharie aux urgences par leparisien

Vendredi dernier, dans l’appartement d’Epinay-sur-Seine, Zacharie est pris de violents maux de ventre. Le lendemain, sa mère l’emmène chez un médecin de quartier qui envisage une gastro-entérite. Mais les médicaments n’enrayent pas le mal de l’enfant qui vomit et se tord de douleur. « Je le taquinais en lui disant arrête de faire le bébé, mange un peu », poursuit Monique. A 2 heures du matin, dimanche, les douleurs sont plus aiguës, Zacharie vacille comme une poupée de chiffon. Sa mère appelle les pompiers. Malgré le tableau clinique, les secours ne jugent pas opportun d’envoyer un véhicule. « Ils m’ont dit qu’il n’y avait pas d’urgence. Je les ai suppliés comme un enfant pour qu’ils viennent chercher mon fils », raconte-t-elle. Aiguillée vers le Samu, elle reçoit la même réponse : « Amenez votre fils à l’hôpital. » « Je leur ai dit que nous n’avions pas de voiture », précise Monique. Elle appelle alors une compagnie de taxi. « A cette heure, on ne vient pas à Orgemont à cause des agressions », lui répond-on.

En désespoir de cause, à 3 heures, les parents partent à pied pour héler des secours. L’enfant est secoué de violentes douleurs au ventre au point qu’il ne tient pas sur ses jambes. Sortie du quartier, Monique parvient enfin à arrêter un véhicule. « Je me suis placée au milieu de la route avec mon fils dans les bras pour arrêter un taxi », poursuit cette mère de quatre enfants. Un chauffeur bienveillant s’arrête, accepte même de se délester de ses clients pour emmener le couple aux abois à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis.

A 5 h 30, Zacharie arrive aux urgences. Sur l’écran, le radiologue désigne une poche de liquide suspecte au niveau de l’abdomen. « C’est une appendicite nous a expliqué le radiologue. Il faut qu’on lui enlève ce liquide. Ça ne lui fera pas mal. On perce deux petits trous et on introduit une caméra », rapporte sa mère. Les médecins se montrent rassurants et Zacharie a revêtu la tenue de rigueur pour aller au bloc. « Ne vous inquiétez pas le chirurgien arrive » lui dit-on. Mais plus de deux heures passent. Vers 8 h 30, tout s’emballe. Après la pose d’une perfusion contenant un antalgique, Zacharie suffoque et cesse de respirer. « Un chirurgien est enfin arrivé en me disant :Ne vous inquiétez pas nous allons sauver votre fils. Mais c’était trop tard. » A 9 heures, le décès est constaté.

Après cette mort soudaine et inexpliquée, une autopsie est ordonnée par l’hôpital Delafontaine. Elle a livré hier quelques éléments, mais « les résultats définitifs ne seront pas connus avant deux ou trois semaines », indique la direction de l’hôpital . Reçus hier matin par le chef de service des urgences, les parents de Zacharie ont finalement appris que leur fils souffrait d’un « grave problème au coeur », indique Monique, sa mère. Ces explications n’ont pas satisfait la famille, qui a déposé plainte.

Zacharie sera inhumé au Mali, le pays de son père. « Je voulais qu’il voie un jour l’Afrique. Mais je ne m’imaginais pas que ce serait dans un cercueil », lâche sa mère.

Source: Leparisien.fr

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