ENCORE 170 DISPARUS EN MÉDITERRANÉE

Une fois de plus, ce week-end, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) a tapé du poing sur la table, après la disparition de près de 170 personnes en Méditerranée, dans deux naufrages distincts ces derniers jours. Entre l’Espagne et le Maroc, c’est d’abord une patera de 54 passagers qui a chaviré, avec 53 disparus, et un seul rescapé, selon une association, rapporte Médiapart.

120 personnes ont sombré avant d’atteindre la Sicile, à l’exception de deux Soudanais et un Gambien sauvés par des militaires italiens, à l’issue d’opérations théoriquement placées sous la responsabilité des garde-côtes libyens.

« On doit faire cesser cette tragédie, Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur un si grand nombre de personnes qui meurent aux portes de l’Europe. Aucun effort ne devrait être épargné ni entravé pour sauver des vies humaines en détresse en mer » a réagi Vincent Cochetel, l’envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée, samedi 19 janvier au soir.

Dans un communiqué, l’agence de l’ONU, a semblé pointer des responsabilités européennes : « Le HCR est préoccupé par les mesures prises par les États qui ont un effet dissuasif croissant sur les ONG souhaitant mener des opérations de recherche et de sauvetageLe HCR demande qu’elles soient immédiatement levées. » 

 

3 survivants sur 120 personnes
Le jeudi dernier, un pneumatique chargé de 120 personnes s’est lancé du port de Garabulli, en Libye, avec notamment une quarantaine d’exilés du Soudan à son bord mais aussi dix femmes, dont une enceinte, et deux enfants, dont un bébé de deux mois, selon les témoignages des survivants. Après dix heures en mer, le rafiot aurait commencé à se dégonfler, à prendre l’eau, livrant les passagers aux eaux glacées. Seule une poignée a réussi à se maintenir à flot, des heures durant, jusqu’à être repérée par un avion de patrouille italien.

D’après un officier, Fabio Agostini, interviewé sur la chaîne RaiNews24, cet avion a largué deux radeaux de secours, avant de repartir faute de carburant. C’est finalement un hélicoptère, toujours de la marine italienne, qui est venu hélitreuiller les survivants, emmenés ensuite à Lampedusa et soignés, en hypothermie sévère. Ils n’étaient que trois. Interrogés sur l’île par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM, une agence de l’ONU), les deux Soudanais et le Gambien ont raconté avoir passé trois heures environ dans l’eau.

 

1 rescapé sur 53 disparus
Samedi, Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur italien, a réagi en se félicitant d’avoir fermé, l’été dernier, tous les ports du pays aux humanitaires, accusés de faire le jeu des trafiquants. « Ce dernier naufrage est la preuve que si vous rouvrez les ports, davantage de personnes mourront », a déclaré le leader de la Ligue, parti d’extrême droite.

Au large du Maroc, « Il y a eu un accident, quelque chose nous a renversés, qui a fait noyer tout le monde », soit 53 personnes, a confié l’unique rescapé à l’association d’aide aux migrants Caminando Fronteras. D’après le récit, l’embarcation aurait pris la mer le 12 janvier, avant d’errer pendant six jours avec trois femmes à bord et des exilés mauritaniens. Alertée par téléphone depuis la patera, c’est l’association qui aurait averti les secours, à la fois espagnols et marocains, qui ont patrouillé plusieurs jours sans jamais réussir à repérer le bateau.

 
Deux fois plus de migrants malgré le danger

Sur les seize premiers jours de 2019, le nombre de migrants et réfugiés qui ont débarqué sur les côtes européennes a presque doublé par rapport à l’an dernier, avec 4 216 arrivées contre 2 365 sur la même période, d’après le recensement de l’OIM. 200 sont déjà morts.
Sans compter les dizaines de personnes interceptées en mer par les garde-côtes libyens et ramenées en arrière, comme ils le font systématiquement, pour être expédiées en détention. Loin du « port sûr » de débarquement imposé à tous les sauveteurs, les vrais, par le droit maritime international.

Dimanche, en début de soirée, au large de la Libye, un nouveau bateau avec 100 personnes à bord environ était signalé en panique, et en attente de secours.

 

Opri  Avérroèse Kalet

 

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