17 MIGRANTS NIGÉRIANS PORTENT PLAINTE CONTRE L’ITALIE

17 MIGRANTS NIGÉRIANS PORTENT PLAINTE CONTRE L’ITALIE

La coopération avec les gardes-côtes italiens qui interceptent en mer des migrants en route vers l’Europe est mise en cause par 17 migrants nigérians qui ont survécu à une traversée maritime meurtrière l’année dernière. Leurs avocats ont déposé mardi, devant la Cour européenne des droits de l’homme, une plainte contre l’Italie pour violation de leurs droits en soutenant les efforts de la Libye pour les ramener en Afrique du Nord.

D’après infomigrants, les 17 rescapés d’une de ces opérations de sauvetage souhaitent que la CEDH ordonne à l’Italie de verser des dommages aux plaignants et surtout de mettre fin à sa politique de renvoyer les migrants vers la Libye, déjà condamnée en 2012. Les plaignants, dont deux sont rentrés au Nigeria, ont présenté une requête à la Cour européenne des droits de l’homme la semaine dernière, a déclaré à la presse Violeta Moreno-Lax. La conseillère juridique du Global Legal Action Network était parmi quatre avocats et plusieurs groupes humanitaires impliqués dans l’affaire.

Les migrants, qui n’ont pas été identifiés, ont déclaré que l’Italie avait violé plusieurs articles de la Convention européenne des droits de l’homme, notamment que les personnes ne devraient pas être torturées, détenues en esclavage ou mises en danger. Selon une reconstitution détaillée de l’organisation Forensic Architecture, s’appuyant sur les images de l’ONG allemande Sea-Watch et de nombreux autres documents, 17 migrants nigérians partis de Tripoli le soir du 5 novembre à bord d’un canot surchargé, s’est en partie dégonflé en début de matinée le lendemain. Les gardes-côtes libyens sont arrivés les premiers, mais ne se sont pas préoccupés des personnes à l’eau, qui ont été récupérées par les secouristes allemands. Parmi les migrants encore sur le canot, l’espoir d’être conduits en Europe, mais aussi la rudesse des gardes-côtes libyens, ont poussé certains à sauter à l’eau pour rejoindre les secouristes allemands

La garde côtière libyenne a « ramené » les rescapés en Libye, où ils ont été maintenus dans des conditions inhumaines, battus, extorqués, affamés et violés. Deux des survivants ont ensuite été « vendus » et torturés par électrocution. Les deux Nigérians ont déclaré qu’ils étaient privés de nourriture et de soins de santé, avant de retourner au Nigeria avec l’Organisation internationale pour les migrations. Dans une vidéo tournée par Sea Watch, les Libyens sont vus en train de battre les migrants qu’ils ont interceptés avec une corde, et le navire s’enfuit alors avec un homme accroché sur le côté.

C’est le premier procès intenté contre l’Italie pour sa décision de soutenir la Garde côtière libyenne. Les plaignants l’accusent d’avoir enfreint leurs droits du « sous-traitant » les secours en mer à la Libye. Les accords avec les autorités et les milices libyennes, qui s’accompagnent d’un appui concret aux gardes-côtes libyens, ont fait chuter de 80 % les arrivées en Italie cette année par rapport à 2017. Mais de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer le fait que ces migrants, certes « sauvés » en mer par les Libyens, sont renvoyés en détention en Libye, où ils subissent violences et extorsions.

Le processus judiciaire peut prendre jusqu’à trois ans, mais si les migrants gagnent, ils pourront obtenir des dommages-intérêts, et l’Italie sera obligée d’abandonner sa politique d’équipement, de formation et de coordination des garde-côtes libyens, a indiqué M. Moreno-Lax.

DUNAMIS DJIGO

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