L‘Ined a mené une vaste étude statistique sur le sentiment de discrimination parmi les agents de la ville de Paris. Les salariés originaires d’Afrique et de l’outre-mer sont les plus touchés.
Quelle est l’ampleur du sentiment de discrimination au travail ? C’est à cette question que l’Institut national d’études démographiques (Ined) a tenté de répondre dans une enquête menée en collaboration avec la Ville de Paris. «C’est une étude assez inédite, car seules quelques entreprises, comme Axa, avaient travaillé en interne sur ces questions», explique Patrick Simon, qui a piloté l’enquête de l’Ined réalisée par Mireille Eberhard. «On a beaucoup parlé de diversité dans les entreprises privées comme publiques depuis 2004, détaille-t-il. Mais on manquait de données pour analyser l’évolution des carrières ou les expériences de discrimination en fonction de l’origine des salariés.»
Les agents d’origine africaine et d’outre-mer surreprésentés dans les emplois de catégorie C
Cette catégorie hiérarchique, la moins élevée dans la grille de la fonction publique, concerne environ 90% des originaires des départements d’outre-mer (DOM) et leurs descendants, et 80% des immigrés d’Afrique (72% de leurs descendants), contre 58% pour la population majoritaire. Patrick Simon note : «Les descendants des originaires des DOM [les personnes nées en France mais dont au moins un des parents est né en outre-mer, ndlr] ont souvent un niveau de diplôme plus élevé que leurs parents. Pourtant, ils restent concentrés en catégorie C.»
Comment l’expliquer ? En partie par le fait que ces jeunes sont de plus en plus touchés par la surqualification. Ainsi, 71% des agents de moins de 35 ans occupent un poste inférieur à ce que leur niveau de diplôme pouvait laisser espérer. Autre souci, ces descendants des DOM ou d’immigrés connaissent un rattrapage après embauche moins rapide que les autres catégories de population. «Il est aussi probable que ces personnes exercent dans des métiers où la mobilité est plus faible, comme par exemple la propreté», souligne Patrick Simon.
Prenant connaissance de ces résultats, la ville de Paris a annoncé qu’elle allait «renforcer son plan d’action de lutte contre les discriminations». Elle compte aussi réviser certains concours «dont les épreuves peuvent être encore trop académiques», mieux représenter la diversité dans les postes de direction, et informer davantage sur les voies de recours pour les victimes de discrimination.
Source : liberation.fr
[ad#ad-adsente-texte-1]
Commentaires
commentaires