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‎[SOCIÉTÉ] BRÉSIL : L’UNIVERSITÉ DE RIO APPLIQUE DES QUOTAS ETHNIQUES

Le gouvernement brésilien va réserver 50% des places des universités publiques aux élèves pauvres. Pionnière, l’Université publique de Rio compte déjà 20% d’étudiants noirs et se voit surnommée «Congo».
L’université publique de Rio était, il y a dix ans encore, un petit monde blanc. Engagée depuis 2005 dans une politique de discrimination positive, elle est depuis devenue… multicolore. Si certains s’en réjouissent, des étudiants d’une faculté de droit l’avaient traité de «congo» lors d’une rencontre sportive. Mais l’insulte de terrain de foot est finalement devenue un étendard, un surnom revendiqué par l’université qui se veut pionnière. Des responsables politiques jusqu’au président de la Cour suprême, tous la désignent affectueusement ainsi, raconte le journal Folha de Sao Paulo ,qui se penche sur les effets de la politique des quotas.

L’université de Rio réserve 45% de ses places aux élèves des écoles publiques, tous pauvres, dont 20% spécifiquement aux étudiants qui se déclarent noirs ou indigènes et 5% aux handicapés. Si l’on en croit les responsables, les résultats sont positifs. Diverses études ont montré qu’en instaurant de tels quotas ,les jeunes accédant à l’université par cette voie, ont de moins bons résultats au départ, mais rattrapent vite leur retard.

50% de quotas dans toutes les universités publiques d’ici 2016

Le cas de l’université de Rio intéresse particulièrement les Brésiliens car, bientôt, c’est le pays tout entier qui va emprunter le même chemin. Une loi, votée à l’été 2012, prévoit de tripler le nombre de boursiers dans les universités publiques d’ici 2016. 50% des places disponibles devront être réservées aux élèves formés à l’école publique. Aujourd’hui, ils ne représentent qu’environ 19% des étudiants au sein des 62 universités du pays. 30 d’entre elles n’ont aucune règle concernant les quotas.

Cette loi sera appliquée progressivement. Dès 2013, les universités seront obligées de réserver 12,5% des places aux élèves des écoles publiques, alors qu’au Brésil ,l’immense majorité des enfants de familles aisées est scolarisée dans des écoles secondaires privées. Ces places réservées sont ensuite réparties entre plusieurs minorités: les personnes à très faibles revenus, les noirs, les métis, les indiens. En ce qui concerne les quotas ethniques, le nombre de places réservées à chaque groupe dépendra de leur poids démographique dans l’État accueillant l’université .

Solder la «dette sociale de l’esclavage»

Après treize ans de débats au Congrès, la loi a été promulgée par Dilma Rousseff ,la présidente, en aout 2012. En mai, la Cour suprême du Brésil avait ouvert la voie en autorisant l’instauration de quotas raciaux, estimant qu’ils permettraient de corriger la «dette sociale de l’esclavage». Le Brésil avait été un des derniers pays à abolir l’esclavage, en 1888.

Source : Le Figaro

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