Une Somalienne, qui accuse des membres des forces de sécurité de l’avoir violée, a été condamnée à un an de prison ferme mardi par le tribunal de Mogadiscio pour « outrage aux institutions ».
Elle est condamnée à un an de prison ferme. La raison de la sentence ? Pour avoir accusé des membres de forces sécurité de l’avoir violé. Le tribunal de Mogadiscio l’a inculpé mardi pour « outrage aux institutions ». La jeune somalienne ne purgera pas sa peine immédiatement, étant donné qu’elle allaite encore son enfant, a précisé le juge.
Le journaliste indépendant Abdiaziz Abdinuur, qui l’a interviewé et recueilli son témoignage, avait lui été interpellé au mois de janvier. Condamné à un an de prison ferme « pour avoir outragé les institutions de l’Etat en faisant une fausse interview et d’être entré dans la maison d’une femme dont l’époux était absent », il été incarcéré immédiatement. Abdiaziz Abdinuurn employé par plusieurs radios somaliennes n’a d’ailleurs jamais diffusé cette entretien pour lequel il purge sa peine. Plusieurs centaines de journalistes étaient descendus dans la rue à Mogadiscio pour exiger sa libération.
Une situation inacceptable pour Amnesty International, Human Rights Watch, et le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), qui ont publié un communiqué en commun, exigeant la libération immédiate d’Abdiaziz Abdinuurn Ibrahim, ainsi que les deux autres personnes accusées d’être mêlées à cette affaire, condamnées à 9 mois de prison. Selon Amnesty international contacté par Afrik.com, « cette affaire date déjà du 18 janvier lorsque les autorités somaliennes ont déclaré les prévenus coupables dans la presse sans même la tenue d’un procès ». L’ONG de défense des droits de l’Homme dénonce le « non respect de la présomption d’innocence ».
Recrudescence des viols dans les camps de réfugiés
Les journalistes somaliens travaillent dans des conditions très difficiles en Somalie, où la presse est muselée. En 2012, la mort de 18 professionnels des médias avaient été recensée dans le pays, le plaçant au deuxième rang des Etats les plus meurtriers pour les journalistes derrière la Syrie. Selon Mohamed Ibrahim, Secrétaire Général de l’Union Nationale des Journalistes Somaliens (DCMF), « les journalistes somaliens ont bravé trop de dangers, parmi lesquels des tueries, des assassinats, des menaces de mort et des arrestations arbitraires, et continuent toujours de servir les citoyens somaliens. Ils ont le droit à une protection adéquate et à des libertés basiques telle la liberté d’expression et la liberté de la presse ».
Le gouvernement somalien défend, lui, que « les allégations de viol faites par la femme avec laquelle Abdiaziz Abdnur Ibrahim s’est entretenu étaient fausses, l’accusant d’avoir tout inventé. » Une position loin d’être en adéquation avec les propos tenues en novembre 2012 par le chef d’Etat somalien Sheikh Hassan Mohamoud : « Les membres des forces de sécurité qui commettront des viols seront amenées à rendre des comptes et risquent la peine de mort ».
D’après Human Rights Watch, l’inculpation des deux prévenus est directement » liées à l’attention accrue accordée par les médias au nombre important de viols et de violences sexuelles en Somalie ». En effet, le 6 janvier 2013, la chaîne de télévision Universal TV a rapporté que « des hommes armés vêtus d’uniformes de police avait violé une jeune femme ». Le même jour, la chaîne de télévision Al Jazeera a diffusé un reportage « sur les viols des forces de sécurité subis par des femmes dans des camps de réfugiés de Mogadiscio ».
Les cas de viols et autres violences sexuelles à l’encontre de femmes et jeunes femmes sont régulièrement signalées en Somalie, notamment dans les camps de réfugiés. Des actes régulièrement imputés aux forces de l’ordre.
Source : Afrik.com
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