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ZIMBABWE : LES TERRES CONFISQUÉES NE SERONT PAS RENDUES

En avril 2000, le Zimbabwe avait fait la une des journaux suite à l’éviction et la confiscation des terres aux fermiers blancs sans dédommagement du gouvernement. Le gouvernement du président de l’époque Mr Robert Mugabe considérait que les colons britanniques avaient volé les terres aux Africains.

Le président Mugabe avait eu à cette époque le soutien de la plupart des leaders politiques africains, le considérant et le louant de « héros de la guerre de libération, père de la réelle indépendance Zimbabwéenne. »

  1. Historique

L’appropriation des terres par le régime colonial, au détriment des autochtones, a commencé dès l’époque de la British South Africa Company, à la fin du xixe siècle, et s’est intensifiée quand le nombre de colons blancs s’est accru à partir de la Première Guerre mondiale. Elle s’est institutionnalisée avec le Land Apportionment Act de 1930 et ses moutures successives (1941, 1951, 1969), qui ont divisé le territoire en trois catégories : domaine de l’Etat, terres réservées aux colons blancs (les actuelles « fermes commerciales ») et terres abandonnées aux paysans noirs (anciennes réserves tribales rebaptisées « zones communales » à l’époque de l’indépendance).

Chaque renforcement de la législation au profit des colons s’est traduit par la dépossession des noirs et leur déplacement forcé vers les réserves tribales. Les blancs se sont taillés la part du lion (au moment de l’indépendance, un blanc de Rhodésie [ancien Zimbabwe] disposait en moyenne de 100 fois plus de terre qu’un noir)   et en priorité sur le plateau central (entre 1 000 et 1 500 m d’altitude), aux sols à la fois plus riches et mieux arrosés. Au moment de l’indépendance, les fermes commerciales représentaient 39 % du sol du pays (28 % à la veille de l’actuelle vague d’expropriations), contre 42 % aux zones communales où la propriété du sol est collective — la terre appartient en droit à l’Etat et sa gestion régulée à l’échelle du village et du district.

Une conférence qui rassembla, en septembre 1998, le gouvernement zimbabwéen, les donneurs d’aide (britanniques) et toutes les parties intéressées, semblait devoir permettre la relance d’une réforme agraire rationnelle : les donneurs s’étaient engagés à fournir 200 millions de dollars américains ; la réinstallation de 150 000 familles devait s’étaler sur plusieurs années, dans le respect du droit constitutionnel de propriété (indemnisation des fermiers aux prix du marché) ; la sélection des bénéficiaires (en priorité les plus pauvres) devait se faire dans la transparence. Le plan d’action publié par le gouvernement, en mars 1999, prévoyait une phase expérimentale incluant l’acquisition de 118 fermes. Le gouvernement britannique n’ayant pas pris au sérieux la question des terres, ni respecter leurs accords avec le Zimbabwe, un projet de constitution fut proposé par le gouvernement pour exproprier les fermiers blancs en Zimbabwe.

Ce projet de constitution fut repoussé lors du référendum de février 2000, mais la même clause fut insérée dans la constitution de 1980 par le Parlement le 16 avril suivant et, dans la foulée, une nouvelle loi d’expropriation sans indemnisation fut adoptée.

Le Gouvernement voulant confisquer les terres des fermiers blancs, le président se mettait à dos les britanniques (anciens colons). Comme nous le montre la longue-histoire des colonisations et de l’esclavagisme, quiconque ose s’affranchir de la domination coloniale, se maudit soi-même. Mais, vaut-il mieux de mourir débout que de vivre longtemps à genou. Exemple : Haïti, n’a pas fini de payer sa révolution…

  1. La Démission de Mugabe, un espoir aux fermiers blancs de récupérer leurs terres ?

« Moi, Robert Gabriel Mugabe, (…) remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat », lisait Jacob Mudenda, la lettre du président Zimbabwéen adressée au parlement le mardi 21 novembre 2017.

Succédé par Emmerson Mnagangwa, les anciens propriétaires blancs des fermes avaient un espoir de récupérer leurs terres. Interrogé par l’AFP, Deon Theron – ancien fermier chassé de ses terres aujourd’hui reconverti dans l’hôtellerie – admet que la chute de Mugabe est une bonne nouvelle : « Je pense que le nouveau gouvernement va faire en sorte que les personnes compétentes puissent retourner dans les fermes ».

  1. Refus de Marche arrière du nouveau gouvernement

Le gouvernement zimbabwéen ne rendra pas les terres, a affirmé le président Emmerson Mnagangwa ce samedi 10 février : « Cela ne se produira pas », « la réforme agraire est irréversible.»

Le président a aussi ajouté que sa priorité est de ressusciter l’économie du pays.
Source : Cairn Info, Reforme agraire Zimbabwe

  • Ghislain Nduhirahe

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