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Violences xénophobes : L’Afrique du Sud aux prises avec ses vieux démons

L’Afrique du Sud a glissé à nouveau dans une spirale de violence et de haine. Des émeutes ont, en effet, éclaté dimanche soir après la mort de trois personnes dans l’incendie encore inexpliqué d’un bâtiment du centre-ville de Johannesburg, et se sont étendues à d’autres endroits de la ville puis à Pretoria. Plusieurs magasins tenus par des étrangers auraient été incendiés en soirée dans la capitale comme le reportent des médias locaux. Qualifiées de xénophobes, ces violences qui ont déjà fait, au sein de la nation arc-en-ciel, au moins 10 morts ont donné lieu à près de 300 interpellations, a indiqué la police sud-africaine.

La chasse « aux étrangers »

Depuis dimanche, sept personnes ont été tuées dans la région de Johannesburg, épicentre des violences, a annoncé mardi 3 septembre la police, qui a fait état de 189 arrestations et indiqué avoir déployé des renforts dans les points chauds de la capitale économique pour disperser des centaines de personnes, certaines armées de machettes et de haches.

S’agit-il d’attaques xénophobes ? Pour le ministre nigérian des affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, cela ne fait aucun doute, il accuse les émeutiers de viser des magasins de ressortissants de son pays, très nombreux dans la ville. « Ça suffit ! Nous allons prendre des mesures », a-t-il lancé sur Twitter, dénonçant « l’inefficacité » de la police sud-africaine.

Pourtant le ministre sud-africain de la police, Bheki Cele, estime que les violences de lundi relèvent davantage de la « criminalité » que de la xénophobie. « Pour l’instant, il n’y a rien qui aurait pu déclencher une forme quelconque de ce conflit entre les Sud-Africains et les ressortissants étrangers », confiait-il aux journalistes. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, quant à lui, a condamné fermement ces violences et a assuré qu’une réunion serait tenue avec les ministères concernés pour trouver le moyen de mettre un terme à ces exactions.

Inquiétude et colères des pays africains  

D’autres incidents graves ont été signalés lundi dans le reste du pays, en lien avec une grève controversée des chauffeurs routiers sud-africains, qui dénoncent le recours croissant de leurs employeurs à des étrangers. Les forces de l’ordre ont rapporté avoir interpellé au moins 20 personnes dans la province du KwaZulu-Natal (nord-est) après l’incendie de plusieurs camions.

Cette flambée de violences suscite inquiétude et colère dans plusieurs pays africains qui comptent de nombreux ressortissants en Afrique du Sud. Au Nigeria, des appels au boycott et à la violence contre des enseignes sud-africaines se sont multipliés. Le géant sud-africain MTN, leader des télécommunications en Afrique, a annoncé la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » de toutes ses agences au Nigeria, son plus grand marché avec 190 millions d’habitants, après une série d’attaques de ses magasins dans ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest.

En plus d’être le théâtre régulier de violences urbaines dont les communautés immigrées, accusées d’être responsables des difficultés de son économie et de son taux de chômage record (29 %) sont la cible, l’Afrique du Sud est l’un des pays avec le plus fort taux de viol et de « féminicide » dans le monde. Certains s’accordent à dire que ces violences sont les deux faces d’une même pièce, celle de la frustration d’une génération post apartheid qui tarde à voir se réaliser les promesses d’un avenir prospère.

Annabella Kemayou

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