TROIS FOOTBALLEURS NOIRS TABASSÉS EN FRANCE

Ce dimanche 6 mai 2018, la commune de Mackenheim aurait été témoin d’une scène macabre où trois joueurs de l’équipe de football de la commune de Benfeld auraient été insultés et agressés violemment, alors qu’ils disputaient un match contre l’AS Mackenheim. L’un d’eux aurait perdu connaissance sous les coups.

D’après des témoignages, c’est juste avant la mi-temps du match qui opposait les équipes de football des deux villes que plusieurs personnes dont des joueurs de Mackenheim, se seraient ruées sur les quatre joueurs noirs de l’équipe de Benfeld pour les rouer d’importants coups. Kerfalla Sissoko qui est l’un de ces quatre, aurait perdu connaissance sur le champ, souffrant d’une fracture à la mâchoire et aux côtés. Mais les dégâts ne se sont pas, parait-il, arrêtés qu’à Sissoko, puisqu’un autre joueur aurait eu la lèvre coupée et un troisième traînerait des contusions.

Tout aurait commencé quand des insultes racistes auraient été entendues depuis les tribunes de Mackenheim. Mais le sociétaire guinéen de 24 ans, Kerfalla Sissoko aurait fait fi de ces provocations:

« On me disait “sale nègre”, “retourne dans la brousse d’où tu viens”, ce genre de choses… Et puis les joueurs de Mackenheim donnaient des coups, n’étaient pas très réglo. Mais bon, c’est parfois comme ça le foot. On se disait, ils sont dominés, ils sont énervés, c’est ainsi. Je m’en suis ouvert à l’arbitre, j’ai signalé qu’il y avait des enfants que ce n’était pas un exemple pour eux de nous parler ainsi. Ça se voyait qu’ils n’étaient pas là pour le foot. Bon… le match a continué puis un peu avant la mi-temps, un de mes équipiers est frappé. Il tombe au sol et je vois un joueur de Mackenheim lui marcher dessus. Je l’arrête et appelle l’arbitre. Et là, le gardien de leur équipe me frappe. Je reçois plusieurs coups, j’ai juste le temps de voir quelqu’un arriver avec un couteau avant de m’évanouir.
Je me suis réveillé dans le camion des pompiers, j’avais très mal à la tête. À l’hôpital, je ne pouvais pas me lever, dès que j’essayais, ma tête tournait et je tombais aussitôt. Ils m’ont prescrit un arrêt de travail d’une semaine, qui sera peut-être prolongé lundi après ma visite devant le chirurgien , a confié le joueur. »

 

Mais Jean-Michel Dietrich, le président de l’AS Benfeld, n’a pas manqué de donner sa version des faits, qui n’ont fait que confirmer les dires de Sissoko :

« Je sentais mes joueurs nerveux, tendus… Je ne comprenais pas pourquoi jusqu’à ce que j’entende les insultes racistes. Il y a 4 joueurs d’origine africaine dans mon équipe. Et là j’ai compris. Puis une faute a été sifflée et il y a eu une bousculade entre les joueurs. Très vite, des gens sont sortis du public pour se ruer sur les joueurs noirs de notre équipe. Ils étaient comme fous. Le temps que je me rende sur le terrain pour les séparer, beaucoup de coups avaient été échangés déjà. J’ai vu Kerfalla en sang, sur le sol et qui était en train de s’étouffer. J’ai eu très peur pour lui mais pour moi aussi, parce que j’ai vu des gens sortir des couteaux. Quand on vient à un match avec un couteau, ce n’est pas pour jouer au foot ! »

Dietrich aurait publié un article sur Facebook, dans lequel il accuse directement l’AS Mackenheim dans cette affaire :

« Personne de l’équipe à domicile ne nous a aidés, il a fallu que ce soit nous qui appelions les secours. Ils rejettent la faute sur nous en disant que nous les avons provoqués ! Ce serait une première étant donné que nous sommes la meilleure équipe du championnat en termes de fair-play. À ce jour, le président du club de Mackenheim n’a pris aucune nouvelle de nos joueurs blessés. Je suis très déçu par son attitude, c’est pour ça que j’ai publié sur Facebook le rapport que j’ai envoyé à la Ligue. »

 

Cependant, de son coté et toujours sur facebook, Pascal Jehl, le president de l’AS Mackenheim, n’a pas tardé avant de répliquer à son homologue de Benfeld. En se défendant donc de toute attitude raciste, l’homme raconte :

« Un joueur de Benfeld était “chaud”, ça commençait à énerver tout le monde. Mais je n’ai pas entendu d’insultes racistes. Chez nous aussi il y a un joueur noir et d’autres issus de diverses origines étrangères… Dès que la bagarre a éclaté, nous sommes allés sur le terrain pour séparer les joueurs. C’était assez confus très vite mais bon, les bagarres, ça arrive entre joueurs… À ma connaissance, personne issu du public ne s’est battu. Depuis 30 ans que le club existe, nous n’avons jamais eu d’affaires comme celle-là. »

Mais le témoignage de Moudi Laouali, le joueur nigérien du club de benfeld ne concorde pas du tout avec les affirmations de Jehl. Etant donc le premier à être agressé et mis au sol, le peulh de 28ans confie :

« Un peu avant la mi-temps, on me donne un coup sur le genou. Je suis poussé à terre et là, un joueur de Mackenheim me marche sur la cheville, très violemment. Puis tout s’est enchaîné très vite, je n’ai jamais vu un tel déchaînement de violence, on aurait dit qu’ils n’attendaient que ça ! J’ai vu un couteau, j’ai vraiment cru que j’allais y rester. J’ai vu mon coach qui me criait de revenir vers lui et j’y suis allé aussi vite que j’ai pu avec mon pied douloureux… »

Pendant qu’une enquête serait en cours, mais que personne n’aurait encore été entendue par les gendarmes, c’est au lendemain de l’incident, à la gendarmerie de Mackenheim que des plaintes auraient été laissées par les trois joueurs noirs blessés de l’équipe de Benfeld pour coups et blessures et insultes à caractère racistes.

Du coté de la LAFA (La Ligue d’Alsace de football amateur), par la voix de son directeur Christophe Carbiener, un comité directeur devrait se réunir pour traiter ces faits.

 

VINCINQ ZEROWIT

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