Malade depuis un peu plus de deux ans et en convalescence à Paris, le chanteur paraît avoir été oublié de tous. Sans doute, attend-on le  voir passer de la vie au trépas pour lui organiser des obsèques seigneuriales et lui décerner une médaille grosse comme ça, à titre posthume. Le journal Visa n’a pas oublié ce baobab de la musique congolaise et africaine, à qui il dédie cette page.

Chanteur des chanteurs congolais

A 70 ans sonnés, Sinamoy Pascal Tabu alias Maréchal ou Seigneur Rochereau ou encore Seigneur Ley est assurément le plus grand chanteur congolais de tous les temps. Oui, Joseph Kabasele Tshamala, le tout Grand Kallé Jeef a été son maître. Mais, nul autant que Rochereau n’aura autant suscité de vocations chez les chanteurs congolais.

Pascal Tabu, le disciple, a l’avantage sur le maître grâce à sa longévité sur la scène musicale mais, aussi par l’étendue de son répertoire, de son œuvre.

Plus encore, par un haut fait, son passage en tant que premier artiste africain sur la mythique scène de l’Olympia de Paris.

Cerise sur le gâteau, les lauriers de musicien africain du cinquantenaire « que Cuba a tissés pour Rochereau, il y a deux ans, à La Havane.

Au cours d’une grandiose cérémonie avec d’impressionnants feux d’artifices qui ont arraché des larmes d’émotions à l’enfant terrible de Bagata, un des territoires de la province du Bandundu. Flash sur un événement, L’Olympia de Paris.

1959, Sous l’encadrement de son maître, Joseph Kabasele alias Kalle Jeef, Pascal Tabu dit Rochereau, grâce a l’inaltérable chanson « Kelya » est découvert par les mélomanes.

Une valeur sûre, de l’or en barre pour la musique congolaise.

Quand Kalle jeef, Docteur Nico Kassanda, Déchaud Muamba, Vicky Longomba, Brazzos et Petit Pierre vont en Belgique à l’occasion  de la Table ronde politique de Bruxelles en marge des négociations sur l’accession du pays à l’indépendance, Rochereau ne peut effectuer le voyage parce que retenu par son emploi de secrétaire à l’ex Athénée  de Kalina.

Comme il  y avait  déjà quelques  problèmes au de l’African Jazz, Pascal Tabu Ley et quelques amis parmi lesquels  le guitariste Casino, créent l’orchestre Jazz Africain, quand Kalle Jeef, Longomba sont en Belgique. Ils sortent quelques chansons remarquées par le public.

A son retour à Kinshasa, Joseph Kabasele bat le rappel des troupes. African Jazz est remis sur pied. Pas pour bien longtemps.

Roger Izeidi, Docteur Nico et Pascal Tabu s’en vont créer l’African Fiesta qui connaît un grand succès. Rochereau et Nico sont bien en verve. Guerre de leadership.

Comme deux crocodiles dans un même marigot, en 1964, Pascal Tabu et Nicotas Kassanda sont bien obligés de se séparer, donc de se tracer chacun leur propre chemin.

Pour sa part, Docteur Nico, le dieu de la guitare, est à la Table ronde politique de Bruxelles en marge des négociations sur I’accession du pays à l’indépendance, Rochereau ne peut effectuer le voyage parce que retenu par son emploi de secrétaire à l’ex-Athénée de Kalina.

Comme il y avait déjà quelques problèmes au sein de l’African Jazz, Pascal Tabu et quelques amis parmi lesquels le marché du disque. Le Maréchal Rochereau n’arrête pas de tutoyer les cimes du succès. Il est vraiment au top.

Pascal Tabu aligne des œuvres d’anthologie et emprunte un tournant qui l’a sorti des sentiers battus.

Le chanteur lui-même en est conscient, les observateurs avertis de la musique congolaise aussi. Il faut à Rochereau sortir du carcan national pour de nouveaux horizons.

C’est alors que nait le projet de jouer à L’Olympia de Paris que Rochereau perçoit comme le passage oblige, la porte qui donne sur la carrière internationale.

MM. Samba  (que Paul Ndombe immortalisera plus tard) et Léon Xacis, tous deux Ivoiriens, mettent la main à la pâte.

Comme compatriote de Pascal Tabu, le manager Ngwango Isi Nyoma dit Selija, les hommes du Président Mobutu, en l’occurrence Mokolo wa Mpombo Edouard, Umba-di-Lutete sont dans le coup.

La chose est préparée dans le plus grand secret. Au sein de l’African Fiesta National même, les musiciens les plus proches de Rochereau ne sont au courant de rien.

Bruno Coquatrix à Kinshasa

Patron de l’Olympia de Paris, Bruno Coquatrix est saisi. Il veut savoir à quoi ressemble cet orchestre congolais, surtout, cet artiste qui veut jouer dans son mythique music hall, il veut le voir pour se faire une idée.

Il descend, donc, à Kinshasa, en 1970. Le séjour est pris en charge par le patron de l’African Fiesta National Pascal Tabu Rochereau, derrière qui il y a, bien entendu, le portefeuille… présidentiel.

Un spectacle spécial est organisé à cet effet au bar Suzanella, avenue de l’Université a quelques pas du rond-point Yolo Médical, quartier Mombele.

Bruno Coquatnx est convainçu, il accepte de recevoir Pascal Tabu sur les planches mythiques de l’Olympia de Paris. Le Français passe en direct sur la télévision nationale pour exprimer son satisfecit.

Rochereau et ses musiciens passeront huit mois au Domaine présidentiel de la N’Sele pour préparer le spectacle de I’Olympia de Paris.

A charge de la présidence de la République qui s’est occupée de tout, notamment du salaire des musiciens. Une affaire nationale.

De son côté, comme chanteur, Rochereau fait sa mue, une mue décisive. Plus question de rester figé devant le micro.

Il faut revêtir une peau de bête de scène. Des concerts routiniers au bar Vis-à-Vis doivent céder le pas à de véritables spectacles. Un tournant pour Rochereau et la musique congolaise.

26 soirées d’affilée à guichets fermés

Le 5 décembre 1970, Rochereau monte sur la scène de L’OLympia de Paris où toutes les places ont déjà été vendues. Le concert est retransmis en direct sur les ondes de la Radio nationale.

A la tête de son African Fiesta National avec des musiciens comme Pépé Ndombe, Kassanda René « Kare », Empompo Loway, « Deyesse », Mavatiku Michelino et autres, Pascal Tabu jouera 26 jours d’affilée, soit un mois durant sauf les dimanches.

Il est le tout premier Africain avec un groupe exclusivement composé de musiciens du continent. C’est la sensation. L’Afrique veut rendre hommage à cet artiste congolais d’exception, entré vivant dans la légende.

Au retour de Paris, Rochereau et son African Fiesta National font un tour de triomphe à travers tout le pays. Le Président Léopold Sedar Senghor estime que Pascal Tabu ne peut pas en rester là.

Il l’invite au Sénégal, lui qui, de sa propre main avait déjà eu peu avant, à adresser une lettre de félicitations et d’hommage à l’auteur de  « Mokolo na kokufa ».

Pendant leur tournée à l’intérieur du pays, Rochereau et l’African Fiesta National préparent l’album contenant tes titres « Silikani », « Mundi ». « Chéri Samba », « Seli Ja ».

Le voyage du Sénégal particulièrement à Soumbe Djoum les inspire. Ils donnent ce nom à une danse qui deviendra célèbre sous le nom de « Soum Djoum », laquelle identifiera tout un rythme le nouveau, lancé par Tabu Rochereau. Un nouvel apport que Tabu Ley fait à la musique congolaise.

Tabu crée alors les éditions « Isa » en 1971 en remplacement de « Vita ».

Avec Isa – le nom de la fille de Rochereau qui s’appelle Isabelle – l’African les National devient l’Afrisa International.

Comme pour marquer le passage de Rochereau à la scène internationale sous  la bannière de  l’Afrisa Intenational.

 

Source : http://www.digitalcongo.net/article/85395