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[SOCIÉTÉ] « TU AS UN UN MOIS ET DEMI POUR CHANGER TON ACCENT »

Justine, 29 ans, a quitté le Cameroun pour la France après son Bac pour poursuivre ses études. Dès son arrivée en 2006 surviennent les premières remarques déplacées. Lors d’un entretien d’embauche pour un contrat en alternance, on lui demande si elle parle bien français. «Ça m’a un peu perturbée, raconte-t-elle d’une voix claire. J’ai dit que je venais du Cameroun, un pays francophone, et que j’avais obtenu mon certificat d’aptitude au français en arrivant en France.»
Lors d’un autre entretien d’embauche, on lui dit qu’elle a «un accent particulier». «Je ne sais pas si c’était positif ou négatif. En tout cas je n’ai pas eu le poste. On se demande toujours si c’est à cause de l’accent ou si c’est parce qu’on ne fait pas l’affaire. On n’a pas la réponse, mais on se doute que c’est peut-être à cause de ça».

«Tu as un mois et demi pour changer ton accent»

Quand elle parvient à travailler dans une imprimerie numérique, tout en poursuivant ses études en alternance, son accent est à nouveau pointé du doigt. Cette fois DIRECTEMENT et sans ménagement. «Mon employeur m’a dit « j’ai eu des remarques des clients sur ton accent. Tu as un mois et demi pour changer ça, sinon on devra se séparer de toi ».» Pendant ces six semaines, la jeune Camerounaise arrive au travail «la boule au ventre», s’entraîne le soir devant le miroir et regarde des films et vidéos en français à la chaîne.

Ses efforts payent. Justine conserve son poste. Elle n’en est pas moins fâchée aujourd’hui. «S’arrêter à un accent, c’est discriminatoire, dit-elle. Je ne connaissais pas mes droits, à cette époque. Si ça se reproduisait, je ne me laisserais pas faire».

«J’ai parfois l’impression qu’il y a du rejet»

Elle se dit «certaine de ne pas avoir eu des postes à cause de [son] origine africaine». «Je n’ai pas eu de discrimination DIRECTE, mais je suis sûre que le fait d’être étrangère peut faire douter de mon aptitude à des postes stratégiques, malgré mon expérience et mon très bon CV».
Diplômée d’un Master spécialité Achats, Justine est au chômage depuis juillet dernier. «Je me suis même rabattue sur des postes d’assistante d’Achats, mais j’ai encore des refus.» «J’ai parfois l’impression qu’il y a du rejet, de l’appréhension chez les recruteurs. Même si ce n’est pas DIRECT, on sent que beaucoup de compétences sont mises en doute. Il faut toujours faire ses preuves. Le point positif, c’est que quand on a les compétences et des gens en face de soi qui ne se fient qu’à elles, ça marche».

Source :

http://www.20minutes.fr/societe/1539815-20150213-dit-drole-accent

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