[SOCIÉTÉ] JILL NEAL OU LE CHOIX D’ÊTRE NOIRE

D’une certaine façon, être noire a été un choix pour Jill. Fille d’un couple afro-américain du sud du pays, cette jolie femme de 45 ans a la peau encore plus claire que celle de sa mère. Elle ne compte pourtant qu’un grand-parent blanc, du côté de son père. Mais les mystères de la génétique, et les mélanges lointains remontant, côté maternel, aux temps incertains de l’esclavage en Caroline du Nord, expliquent le teint de sa peau. Un teint qui, aux yeux de beaucoup, peut la faire passer pour blanche.

« CERTAINS POLICIERS NOIRS M’APPELAIENT BLANCHE-NEIGE »
« Au temps de la ségrégation, de nombreuses personnes dans mon cas en ont profité, et ont prétendu être blanches, raconte-t-elle. Mais l’idée ne m’a jamais traversé l’esprit  : je suis noire. » Car, aux États-Unis, il faut choisir. Un héritage de l’esclavage et de la ségrégation, qui stipulait qu’une goutte de sang suffisait pour être considéré comme « de couleur ». C’est cette culture américaine qui explique, par exemple, que Barack Obama soit « le premier président noir », alors qu’il est en fait métis – son père était originaire du Kenya, sa mère du Kansas.

Née dans la banlieue de Washington, grandissant loin d’un père militaire marqué par le Vietnam, Jill s’est spécialisée, à l’université, dans l’étude de la littérature noire, vouant une admiration sans borne à Toni Morrison, prix Nobel en 1993. Elle a ensuite été journaliste, suivant un temps le crime et les activités de la police à Baltimore. « Certains policiers noirs m’appelaient Blanche-Neige », se souvient-elle en haussant les épaules.

DE JOURNALISTE À FEMME D’AFFAIRES

Il y a quelques années, cette ancienne du Washington Post a quitté le journalisme pour devenir femme d’affaires. Elle vient de monter son entreprise de communication : elle conseille des personnes ayant à se frotter aux médias ou des entreprises, dont elle définit la stratégie de relations publiques.

Mais sa passion reste la culture noire américaine. Dans son panthéon personnel, les femmes sont en bonne place. Au côté de Toni Morrison se trouve Joséphine Baker, dont elle vénère l’indépendance et le courage. Elle connaît son histoire, sa carrière, ses spectacles. Et rêve de trouver, à un prix raisonnable, l’affiche de son dernier spectacle, en 1975 à Bobino.

Gilles Biassette (envoyé spécial à Washington)

 

Source :

http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Jill-Neal-ou-le-choix-d-etre-noire-2014-07-23-1182849

Commentaires

commentaires

  • facebook Facebook
  • googleplus GooglePlus
  • twitter Twitter
  • linkedin Linkedin
  • linkedin Telegram
Précédent «
Suivant »

Suivez-nous sur Facebook

DailyMotion random video