[SOCIÉTÉ] INTERVIEW EXCLUSIVE DE DIEUDONNÉ

Suite à l’épreuve de force qui l’a opposé début janvier au ministre français de l’Intérieur, Dieudonné a vu son spectacle interdit par le Conseil d’État. Deux mois plus tard, il en joue un nouveau. Qui ne désemplit pas… Avant sa montée sur la scène du Zénith de Toulouse (6.000 spectateurs), l’humoriste nous a accordé un entretien exclusif.

Deux mois après votre passe d’armes avec Manuel Valls et trois de vos spectacles interdits : quel est votre sentiment ?

« Toute cette affaire a commencé en septembre dernier pendant l’université d’été du Parti Socialiste. Manuel Valls, s’est trouvé à ce moment-là une mission importante pour préserver la démocratie, l’unité nationale et l’univers tout entier (sourire) : il fallait absolument neutraliser Dieudonné M’Bala M’Bala. Cet individu qui, sur Internet, propageait des idées nauséabondes qui lui rappelaient la Seconde guerre mondiale… Ce qui m’a beaucoup étonné mais aussi fait rire. J’ai fait une vidéo pour me moquer de lui, pensant que c’était juste un effet d’annonce, sans plus. Mais finalement, cette vidéo a rapidement dépassé 1 million de vues ; la suivante : 2 millions. Et en décembre : plus de 4 millions ! Tout cela a dû l’énerver et ce ministre de l’Intérieur s’est mis en tête d’interdire ma tournée qui s’annonçait particulièrement triomphale dans tous les Zéniths de France. Il a donc lancé cette circulaire demandant aux Préfets d’interdire mes spectacles au nom de « la dignité humaine »… Mais du point de vue juridique, cette circulaire n’était pas fondée, faite à la hâte. »

 

D’anciens ministres socialistes (Jack Lang, Pierre Joxe) et des spécialistes en droit public vous rejoignent sur ce point : « la manière comme le fond » de cette interdiction les a embarrassés…

« Après Nantes, j’ai subi deux autres interdictions à Tours (10 janvier) et à Orléans (11 janvier). En rentrant à Paris, le 12 janvier, pour jouer mon spectacle : la rue de la Main d’or était bloquée ! Des cars de police partout, devant mon théâtre, dans les rues, bouclant tout le quartier. Ça aussi, c’était une expérience à vivre… Cette répression policière avait déjà commencé à Nantes. Après que soit tombée l’interdiction, j’étais toujours dans ma loge au Zénith parce que les policiers m’y avaient bloqué. Je ne pouvais en sortir ni expliquer au public ce qui se passait. Lorsque j’ai demandé à parler aux gens pour qu’ils s’en aillent dans le calme, la police m’a dit « non ! »… C’est mon régisseur, Jacky Sigaux, qui y est allé. À ce moment-là, je pense qu’ils espéraient des troubles pour pouvoir justifier l’annulation générale de la tournée. Heureusement, Jacky a pu calmer les gens et les a invités à partir dans la sérénité. Ce qu’ils ont fait, en chantant la Marseillaise. »

Donc cette affaire ne vous a pas porté préjudice, bien au contraire ?

« C’est vrai, mais ce qu’a fait le gouvernement français reste anormal. On a tout essayé pour me détruire. J’ai subi 7 perquisitions, j’ai eu la visite de 45 agents de police, la brigade financière, les huissiers dans la nuit, etc. Comme si j’étais la menace ultime pour la République ?! Il est évident que le comique dérange, c’est son rôle. Mais si vous éliminez le rire de la société, il ne reste que des citoyens-consommateurs. Le rire c’est l’arme du peuple pour se moquer de l’ordre établi. Il y a en France une vieille chansonnette d’enfant sur le bon roi Dagobert qui dit : « Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers ». Dans la version moderne, ça devient : « François, la sens-tu, qui se glisse dans ton cul, la Quenelle ! » Parce que c’est ça, la quenelle : un geste de protestation contre ceux qui détiennent le pouvoir. »

 

Vous avez plusieurs fois été condamné pour « incitation à la haine raciale » mais vous persistez à montrer très peu de retenue. Vous imputez vos interdictions au fait que la France serait « occupée par des sionistes » dont ferait partie le ministre Valls. Vous ne pensez pas que vous allez beaucoup trop loin ?

« Il se peut que j’exagère, mais cela n’est pas défendu. Dans une démocratie on peut avoir une autre opinion. Les mêmes gens qui m’attaquent dans cette affaire, défendent, en faisant référence à la liberté d’opinion, le droit des Femen à déféquer seins nus dans une église… Ce que les chrétiens présents dans l’église n’ont sûrement pas voulu. Dans mon cas, les gens achètent un billet et puis, tout se passe à huis clos. Je peux comprendre que certaines personnes soient choquées ou vexées par mes propos, mais personne n’est obligé d’assister à mes spectacles. »

Estimez-vous que l’incitation à la haine raciale est un délit qui n’a rien avoir avec la liberté d’expression ?

« Ma seule limitation est le rire du public. Sur la scène on ne peut pas tricher. Par le rire, le public exprime son appréciation. Mon rôle en tant que comique est de divertir les gens. Cela est un contrat en termes clairs. Certains peuvent juger mes blagues de mauvais goût, c’est bien possible. Mais en tant que comique franco-africain je dis : ce n’est qu’un début. Une partie de l’opinion publique en France est d’avis que certains sujets ne se prêtent pas à la moquerie. Je ne suis pas d’accord. Quand j’entends des journalistes qui disent : « Méfiez-vous de Dieudonné, c’est un raciste… »

Raciste mais surtout antisémite !

« Je suis ni raciste ni antisémite. Je suis antisioniste, ce n’est pas la même chose. Bientôt ils vont dire que je suis un cannibale qui dévore des petits enfants… Mais de quoi parlent-ils ?! D’une variété nouvelle d’antisémitisme de type africain ? Ou cela trouverait ses racines ? Quel est le lien entre ma personne et le troisième Reich ? Afin de vaincre ses angoisses, la société occidentale a créé toutes sortes de fantasmes. Dès que quelqu’un inspire de l’angoisse, on crie au nazi ou à l’antisémite. Si j’avais été un humoriste à la peau blanche, l’État français aurait sans doute agi de façon différente… »

Pourquoi dites-vous cela ?

« Lors du procès « Shoah Nanas », le procureur m’a dit : « Je vous compare à Coluche et Pierre Desproges, mais votre problème est que vous ne vous distanciez pas ». Je lui ai demandé s’il était un expert dans le domaine de l’humour ? Il m’a répondu que le problème était qu’on avait l’impression que je croyais à ce que je disais. Alors je me pose la question : est-ce ma gueule de noir qui fait peur et les fait prendre tout ce que je dis sur scène au pied de la lettre ? En plus, personne ne semble offensé quand je me moque des Africains ou des Pygmées. »

Source : sudinfo.be

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