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[SOCIÉTÉ] HAÏTI SE MOBILISE POUR ÉVITER UNE NOUVELLE CRISE

Haïti est sans gouvernement depuis la démission du premier ministre, dimanche 14 décembre.

Des discussions sont en cours pour constituer un gouvernement d’union, et éviter un embrasement dans les rues.

Haïti est-il sur le point de succomber, une fois encore, à ses vieux démons ? Après plusieurs années de stabilité, le pays traverse à nouveau une zone de turbulences. L’opposition, qui multiplie les mobilisations, a obtenu, dimanche 14 décembre, la chute du premier ministre, après de nouvelles manifestations ayant coûté la vie à une personne. Sa frange radicale exige désormais le départ du chef de l’État.

Michel Martelly, élu en 2011, devra-t-il quitter précipitamment les décombres du Palais présidentiel, rasé par le séisme du 12 janviers 2010 ?« L’instabilité est chronique en Haïti, rappelle Lemoine Bonneau, journaliste au Nouvelliste, le quotidien de Port-au-Prince. Depuis la fin des Duvalier en 1986, seul un président, René Préval, est parvenu au terme de son mandat.Mais je crois que le pouvoir a reçu le message de la rue, et va former un gouvernement de consensus pour sortir de la crise. »

NÉGOCIATIONS DU PRÉSIDENT MARTELLY

Le chef de l’État a enfin entamé des négociations avec l’opposition – à l’exception de sa frange radicale – dont devrait sortir une liste de quelques noms, avant de n’en retenir qu’un. « Si un accord est trouvé, les choses peuvent aller vite, assure à La Croix Simon Dieuseul Desras, le président du Sénat, dont le nom circule parmi les possibles premiers ministres. En une semaine, le Parlement peut confirmer le choix du chef du gouvernement. »

Pour obtenir le feu vert des parlementaires, comme l’exige la Constitution, le chef de l’État devra sans doute accepter la prolongation du mandat des élus : les députés et de la majorité des sénateurs doivent quitter leurs fonctions le 12 janvier, mais sans successeurs, faute d’élections législatives depuis 2010. Auquel cas le chef de l’État gouvernerait par décret, au grand dam de l’opposition, qui dénonce une dérive dictatoriale. « Il ne doit pas y avoir de rupture institutionnelle, plaide Simon Dieuseul Desras. Il faut que le Parlement continue à fonctionner, jusqu’à l’élection d’une nouvelle législature. »

« RISQUE D’UN REPLÂTRAGE POLITIQUE »

Ce scénario sera-t-il de nature à dénouer les problèmes d’Haïti ? « Le risque est qu’on se contente d’un replâtrage, qui ne résoudra rien à l’avenir,s’inquiète déjà Grégory Brandt, président du Forum économique du secteur privé, l’organisation du patronat haïtien. Notre Constitution crée de l’instabilité politique en donnant trop de pouvoir au Parlement et en prévoyant des élections tous les ans. Elle empêche le pays d’avancer et de se développer économiquement, car les investisseurs ne savent jamais de quoi demain sera fait. Il faut profiter de cette crise pour mettre en place des états généraux. »

Si Haïti semble toujours engagé dans un cercle vicieux, le pays le doit aussi à l’absence d’une vraie classe moyenne, privant la démocratie d’une base solide qui tienne l’ancienne colonie française loin des extrêmes. « Depuis la chute des Duvalier, nous avons connu deux populismes, déplore la romancière Yanick Lahens, lauréate le mois dernier du prix Femina 2014 (1). Le premier, de gauche, était exclusivement politique, sans formation économique ou financière, ce qui n’a pas permis au pays d’avancer. Le second, au pouvoir avec Michel Martelly, est essentiellement économique, négligeant la politique et la connaissance sociologique profonde du pays qu’exige un bon gouvernement. »

NÉCESSITÉ D’ASSOCIER L’OPPOSITION À LA GESTION DU PAYS

En arrivant au pouvoir, l’ancien chanteur et son entourage, qualifié de « néo-duvaliériste », ont commis plusieurs erreurs politiques. Surtout en traitant ses adversaires avec condescendance. « En Haïti, on ne peut pas gouverner seul, résume Grégory Brandt. Si on n’inclut pas l’opposition, elle prend la rue et elle finit par balayer le pouvoir. Que le populisme de droite ou de gauche soit au pouvoir, c’est ce scénario qui se répète à chaque fois. Sauf si l’on comprend qu’il faut associer l’opposition à la gestion du pays. »

C’est aujourd’hui le défi du président Martelly, qui doit mettre en place un gouvernement de consensus, comme l’a recommandé une commission mise en place par ses soins pour trouver une solution à la crise. C’est aussi un impératif pour Haïti, et la responsabilité de tous de ne pas offrir au monde, qui aura les yeux braqués sur le pays le 12 janvier, à l’occasion du 5e  anniversaire du tremblement de terre de 2010, le spectacle désolant d’un nouveau séisme politique.

Source: http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Haiti-se-mobilise-pour-eviter-une-nouvelle-crise-2014-12-23-1284183

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