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[SOCIÉTÉ] COMMENT LE CAP-VERT EST VENU À BOUT DE LA MALNUTRITION

 

Sur une mappemonde, on distingue à peine les îles du Cap-Vert. Ce sont de petites tâches brunes perdues dans l’immensité bleu de l’océan Atlantique. Une configuration parfaite pour ce pays plutôt discret qui essaye de se faire oublier.

Pourtant, depuis quelques années, le Cap-Vert fait l’objet de toutes les attentions. Cité en exemple par les organisations internationales, le pays fait figure de modèle pour ses voisins de l’Afrique de l’Ouest en matière de santé, notamment de lutte contre la malnutrition.

Pour exemple, de 1994 à 2009, la malnutrition chronique (souvent liée à une alimentation déséquilibrée et qui provoque des retards de croissance) est passée de 16 à 9.7%. Des chiffres bien en dessous de la moyenne des pays d’Afrique de l’Ouest où le taux de malnutrition chronique atteint les 37%.

Bonne gouvernance et volonté politique

Une situation nutritionnelle exemplaire qui semble être due en grande partie à la bonne gouvernance et à une volonté politique du gouvernement cap-verdien.

«Malgré l’absence de ressources naturelles (80% des produits sont importés) et des famines qui ont touché le pays, le Cap-Vert a su faire de ses contraintes géographiques, des avantages. De plus, les aides au développement accordées notamment par l’Union européenne et la coopération avec le Brésil ont été utilisées de façon efficiente, cela montre aux autres pays qu’ils peuvent y arriver», explique Félicité Tchibindat, conseillère régionale en charge des question de nutrition au sein de l’UNICEF.

Afin de réduire la malnutrition à long terme, le Cap-Vert a travaillé sur les causes structurelles de celle-ci, en accordant une place de choix à l’éducation (75% des enfants sont scolarisés).

Depuis 2010, le gouvernement cap-verdien travaille également à la mise en place d’un véritable programme national d’alimentation scolaire avec l’appui des Nations unies et de la coopération luxembourgeoise.

Objectifs annoncés de cette action: assurer l’accès des élèves des écoles primaires à un repas diversifié et équilibré utilisant des produits locaux et améliorer leur connaissance en matière d’alimentation, de nutrition, d’hygiène et d’environnement.

Priorité à l’éducation et à la prévention

Des méthodes qui tranchent avec celles des autres pays comme le Niger, où le taux de malnutrition aiguë (liée à une situation ponctuelle de manque ou de manques répétés, période de soudure, épidémie sévère, changement dans le régime alimentaire…) s’élève à 16,7% alors que la moyenne régionale est de 10%.

Pour la conseillère nutrition, «dans ce pays, on agit surtout sur la malnutrition aiguë au lieu de mettre l’accent sur la prévention. On ne fait que colmater les brèches au lieu d’agir au niveau des causes structurelles».

Au Niger, le taux de fertilité est de 7,1 enfants par femme. Une situation d’étranglement démographique qui participe à la baisse du système de santé et favorise l’augmentation de la malnutrition.

Si certains gouvernements peinent à mener des actions de lutte à long terme, c’est en partie parceque la malnutrition chronique ne présente pas de symptômes physiques.

«Quand ce n’est pas visible, on a l’impression que l’enfant meurt de diarrhées et non de malnutrition. On ne voit pas que l’enfant souffre de carences en vitamines», explique Shawn Baker, vice-président et directeur régional pour l’Afrique au sein de Helen-Keller Institute (HKI).

Les ministères de la Santé ouest-africains préféreraient donc investir dans la lutte contre le paludisme et contre le VIH, des maladies qu’ils connaissent mieux.

«Les ministères de la santé n’ont pas forcément accès à beaucoup de nutritionnistes. Du coup, quand ils fixent les budgets pour la santé, les ministères ont tendance à donner pour le VIH», note Félicité Tchibindat.

Afin de sensibiliser à la nécessité d’intégrer la lutte contre la malnutrition dans les plans nationaux de développement, un émissaire de la malnutrition en Afrique de l’Ouest a été choisi par les Nations Unies.

Il s’agit d’Antonio Mascarenhas Monteiro, l’ancien président du Cap-Vert (1991 à 2001). Son rôle est de plaider auprès des gouvernements ouest-africains pour une meilleure prise en charge de la malnutrition dans les politiques de santé.

«Il faut convaincre que la malnutrition doit être au centre du développement, car souvent elle est minimisée par les pays. Néanmoins, la volonté de changement existe. Dans les deux pays où je me suis rendue en visite au Burkina Faso et au Niger, j’ai découvert une réelle sensibilité autour de la malnutrition», observe l’émissaire.

Reste cependant que chaque année, en Afrique de l’Ouest, près d’un million d’enfants de moins de cinq ans meurent de malnutrition.

Des projets à long terme

Si le Cap-Vert semble réussir son combat contre la malnutrition —les taux de prévalence de la malnutrition aiguë globale se trouvent en-dessous du seuil d’urgence fixé à 15% par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)—, il subsiste une ombre au tableau.

Dans ce pays, beaucoup de personnes souffrent d’anémie (carence nutritionnelle en fer). D’après une étude réalisée avec l’appui de l’UNICEF et publié en 2009, 52,4% des enfants de moins de cinq ans sont touchés par cette forme de malnutrition.

Des chiffres qui ne semblent pas inquiéter le gouvernement.

«Même si cela reste encore élevé, on essaye de garantir la fortification des aliments, la supplémentation en fer, en acide folique, en zinc et l’éducation alimentaire», rassure la ministre de la Santé cap-verdienne, Christina Fontes Lima.

Même si de ce côté des efforts restent encore faire, le taux d’anémie a diminué de 18 % par rapport à 1996.

En matière de malnutrition, le Cap-Vert pourrait servir d’exemple aux autre pays d’Afrique de l’Ouest, qui pour l’heure, peinent à entreprendre des actions durables pour lutter contre ce fléau.

Source : slateafrique.com

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