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[SOCIÉTÉ] BRÉSIL : LE PEUPLE MANIFESTE POUR TIRER PROFIT DE LA COUPE DU MONDE

La Coupe des confédérations, qui a lieu actuellement au Brésil, événement préparatoire à la Coupe du monde de football de 2014, partage l’espace médiatique avec les grandes manifestations qui exigent du gouvernement fédéral qu’il donne une nouvelle direction à sa politique économique.

Derrière des banderoles sans mot d’ordre partisan, la population demande que soit mis fin à la corruption et au gaspillage de l’argent public. C’est dans la rue que naît l’appel au renforcement de la justice. Du fait d’une législation fragile, il est courant de voir repousser l’exécution des décisions de la Cour suprême, ce qui contribue à pérenniser la corruption et l’impunité dont jouissent les voleurs de l’argent public.

J’étais avec le gouvernement fédéral lorsque le Brésil a obtenu l’organisation de la Coupe du monde. A ce moment, l’espoir que le Mondial soit un instrument efficace pour créer des emplois, promouvoir le tourisme et renforcer l’image du Brésil dans le monde m’ont encouragé à appuyer notre candidature. Comme champion du monde, je sais l’importance de cet événement pour les villes hôtes. Mais nous avons été rattrapés par les turbulences de l’économie mondiale, chose qui aurait dû amener le gouvernement à revoir sa politique de dépenses et d’investissements.

Or, des crédits ont été attribués aux travaux de construction ou de réaménagement des stades au détriment de l’éducation, de la santé et de la sécurité. Les problèmes de ces trois secteurs viennent des gouvernements antérieurs, mettant le pays en situation de vulnérabilité sociale, malgré le renforcement des indices de notre économie. Le pays se trouve parmi les dix plus grandes puissances mondiales, mais comment comprendre ce classement honorable face aux besoins extrêmes de la population, lesquels entraînent des préjudices humains évidents ?

Je ne crois pas que le Mondial résolve tous nos problèmes. Ce méga-événement risque même de les aggraver. Sous le régime de Lula, la proposition était celle d’un Mondial s’appuyant sur la participation massive de l’initiative privée et la transparence des dépenses publiques. Le contraire s’est produit. D’un budget initial de 8,23 milliards d’euros pour la construction de stades, de mobilier urbain, la rénovation des ports et des aéroports, nous en sommes aujourd’hui à 9,7 milliards d’euros, d’après les déclarations du secrétaire d’Etat au ministère des sports, Luis Fernandes. Pour quoi sommes-nous en train d’organiser la plus chère des dernières Coupes ? Cela a déjà coûté trois fois les budgets engagés par l’Allemagne en 2006 et par le Japon en 2002. Et que dire de l’Afrique du Sud, qui a dépensé quatre fois moins que le Brésil, soit 2,43 milliards d’euros ?

Quant aux transports, des 82 travaux initiaux, vingt-cinq n’ont pas respecté le calendrier et trois seulement ont respecté le budget et les délais prévus. Une honte pour le gouvernement et d’excellents motifs de protestation pour la population. Ce sont ces dysfonctionnements qui nous indignent et contribuent à ce que nous soutenions les manifestants. Ce n’est pas dans un stade de football que les Brésiliens iront chercher la réponse à leurs problèmes de santé.

Pendant ce temps, la Fédération internationale de football (FIFA) annonce un bénéfice de 4 milliards de reais libres d’impôts grâce à ce Mondial 2014. Cet excès de profits faciles contraste avec l’absence totale de legs effectifs, comme celui de la mobilité urbaine. La présidente Dilma Rousseff reprend les termes de l’ex-président Lula, en affirmant : « Nous aurons le meilleur Mondial de tous les temps. » Je ne le crois pas, car nous avons failli sur le plan des principes, qui supposaient que l’organisation du Mondial laisse à la population un héritage qui soit un véritable motif d’orgueil pour nous tous. Jusqu’ici, seule la FIFA engrange des bénéfices et c’est aussi pour cela que la population descend, à juste titre, dans la rue pour protester.

Traduction du portugais (Brésil) par Danielle Schramm

Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/27/au-bresil-la-population-doit-tirer-profit-du-mondial_3437336_3232.html

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