J.P BEMBA : POURQUOI SON ACQUITTEMENT EST UN COUP DUR?

Pour ceux qui ne le connaissent pas, mais qui est Jean-Pierre Bemba ? En bref, quelques faits marquants

Jean-Pierre Bemba est un homme d’affaires et fils de l’homme d’affaires congolais proéminent Bemba Saolona

1998 : Aidé par l’Ouganda pour former un groupe rebelle MLC en République Démocratique du Congo
2003 : devient vice-président dans le cadre d’un accord de paix
2006 : perte de l’élection du président Joseph Kabila, mais obtient le plus de voix dans l’ouest de la RD Congo, y compris à Kinshasa
2007 : Fuit en Belgique après des affrontements à Kinshasa
2008 : arrêté à Bruxelles et remis à la CPI
2010 : Début du procès
2016 : reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité
2018 : condamnation annulée en appel

La Cour pénale internationale (CPI) a annulé la condamnation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité de l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba.

Bemba a été reconnu coupable en 2016 des crimes commis en République centrafricaine (RCA) de 2002 à 2003.

Il a été accusé de ne pas avoir empêché ses rebelles de tuer et de violer.

Mais un juge a maintenant dit qu’il ne peut pas être tenu responsable de leurs actions.

Christine Van den Wijngaert a également déclaré que les juges dans l’affaire de 2016 avaient omis de prendre en compte ses tentatives d’arrêter les crimes une fois qu’il avait été mis au courant qu’ils avaient lieu.

La décision de renverser la peine de 18 ans a été accueillie avec enthousiasme par ses partisans dans la galerie.

Mais l’ONG des droits de l’homme Amnesty International a déclaré que c’était un « coup dur » pour les victimes d’une « horrible campagne de viol et de violence sexuelle », appelant les autorités à redoubler d’efforts pour poursuivre ceux qui l’avaient perpétré.

La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a qualifié cette décision de « regrettable et troublante ».

Avant la décision de vendredi, la CPI avait rendu des verdicts dans six affaires, neuf personnes ayant été reconnues coupables et une acquittée, selon son site internet.

Plus de 5 000 survivants ont pris part aux procédures contre Bemba, a déclaré le chef de la justice internationale d’Amnesty International, Solomon Sacco.

« Pour ces personnes courageuses, ainsi que des milliers d’autres victimes en RCA, la poursuite de la vérité, de la justice et des réparations se poursuivra », a-t-il ajouté.

La condamnation de Bemba a marqué plusieurs étapes importantes pour la CPI. C’était la première fois que la cour se concentrait sur le viol comme arme de guerre, et la première fois qu’un suspect avait été condamné pour des crimes commis par d’autres sous son commandement.

Le tribunal a appris que Bemba avait envoyé plus de 1 000 combattants en RCA en 2002 pour aider le président Ange Félix Patassé à mettre fin à une tentative de coup d’Etat.

Mais ses forces ont commis des actes de violence extrême contre des civils – des crimes dont les juges d’origine ont dit que Bemba avait été mis au courant mais n’a rien fait pour arrêter.

Cependant, le juge d’appel Van den Wyngaert a déclaré que les juges dans l’affaire initiale avaient « ignoré des preuves testimoniales significatives que la capacité de Bemba à enquêter et punir les crimes en RCA était limitée ».

Les juges d’appel ont également déclaré qu’il avait été condamné «à tort» pour des actes criminels précis.

Bemba, qui a déjà passé près d’une décennie en prison, ne sera pas libéré immédiatement à La Haye après avoir perdu un appel distinct contre une condamnation pour avoir soudoyé des témoins.

La RCA, quant à elle, est restée dans un état d’agitation presque constant. Le Comité international de la Croix-Rouge a averti en janvier que la moitié de sa population avait besoin d’aide humanitaire, alors que les Nations Unies avaient une force de maintien de la paix dans le pays depuis 2013.

Selon un rapport de Human Rights Watch d’octobre 2017, les combattants du dernier conflit, qui dure depuis plus de cinq ans, ont continué à utiliser la violence sexuelle pour «terroriser les femmes et les enfants».

Il y a eu des scènes de jubilation jamais vues à l’intérieur de la Cour pénale internationale.

La légion de ses amis et de sa famille fidèles à Jean-Pierre Bemba s’est habillée pour l’occasion dans des tons vibrants de costumes traditionnels.

Leur joie a été exprimée avec une telle vigueur que le juge a appelé le personnel du tribunal à rétablir l’ordre.

Certains diront que le verdict prouve que cette cour, souvent tournée en dérision comme un outil néo-colonial, est conduite cette fois-ci par la vérité et les faits.

Mais l’acquittement est un coup dur pour les procureurs. La condamnation de Jean-Pierre Bemba fut l’une de leurs rares victoires et célébra alors comme un avertissement aux autres dirigeants qu’ils pourraient être tenus pour responsables des actions des troupes sous leur commandement, même lorsqu’ils commettent des atrocités sur le sol étranger.

Les groupes de défense des droits de l’homme affirment déjà que l’accusation doit tirer des leçons de ses échecs et faire plus pour s’assurer que leurs preuves puissent se défendre devant les tribunaux.

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