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QUAND LA FRANCE IMPOSAIT L’AVORTEMENT AUX FEMMES NOIRES

« En juin 1970, un scandale éclate à l’île de La Réunion : des milliers d’avortements sans consentement auraient été pratiqués par des médecins, qui auraient prétexté des opérations bénignes pour se faire ensuite rembourser par la Sécurité sociale. Ainsi, non contents d’amasser des sommes considérables, ils auraient enfreint deux lois : celle qui interdit l’avortement et criminalise ceux qui la pratiquent, et celle qui encadre les remboursements d’actes médicaux. Plusieurs femmes portent plainte ; mais elles seront à peine entendues. Pendant le procès, les inculpés déclarent avoir été encouragés indirectement par les politiques antinatalistes que l’État a mises en place dans les départements d’outre-mer et directement par ses représentants sur l’île, alors que la contraception et l’avortement sont criminalisés et durement réprimés en France, et qu’à cause de cette criminalisation un million de femmes risquent la mort en avortant chaque année dans des conditions déplorables ».

Tels sont les premiers mots qui recouvrent les lignes du livre « Le Ventre Des Femmes » de Françoise Vergès. Un essai qui revient sur une période tragique de l’histoire de l’Île de la Réunion. Une période sanglante dont les drames ont été orchestrés au plus haut sommet de l’État, avec la complicité des médecins, bien vite oubliée par les populations de l’Île. Mais la femme, Militante féministe, spécialiste de l’esclavage et des sociétés créoles, notamment de La Réunion, a choisi de rappeler cette partie de l’histoire de la colonisation de l’Ile, lorsque la France menait une politique contre l’avortement en métropole, et la pratiquait, voire l’imposait aux femmes noires dans les départements dits « d’outre-mers ».

Plus que des vies brisées, c’est la situation financière de la Sécurité Sociale qui inquiète l’État. Car de centaines de millions de francs (à l’époque), avaient été détournés, et ça commençait à alourdir le fonctionnement de la Sécurité Sociale. Au cours du procès, Le docteur Alain Ladjadj, déclara : «La Sécurité sociale, le président du Conseil général m’ont donné le feu vert pour les stérilisations.(…) Tout le monde savait. Si j’ai agi ainsi, c’est parce que j’étais couvert. L’avortement est la seule solution valable au problème démographique tragique dans ce département.». Des déclarations violentes, qui font froid dans le dos. Alors comme ça « tout le monde le savait » ! Mais cette jeune fille de 17 ans, tombée dans le coma suite à son opération dans une clinique orthopédique, où elle venait de subir un curetage et la ligature de trompe, à son insu, le savait-elle aussi ? Alors, pour venir à bout de ce « problème démographique tragique dans ce département », d’autres moyens de contraception n’étaient -ils pas envisageables en place d’avortements à 6, 7, 8 mois de grossesse ?

Dans la presse, des témoignages se sont multipliés. Des femmes noires et pauvres essentiellement racontaient leur douleur. Comme cette femme enceinte de trois mois, entrée dans cette même clinique pour une douleur au ventre, à laquelle on avait annoncé une opération de l’appendicite, et qui s’était rendue compte au réveil qu’on avait mis fin à sa grossesse et qu’on lui avait ligaturé les trompes. 8000 avortements par an, pour 16000 naissances annuelles.Michel Debré, encourageait les naissance en France disant que «Renoncer au fait que le couple doit procréer, renoncer à la mission féminine d’être source de vie, c’est accepter qu’une nation, une civilisation se couchent pour mourir.». mais ce fut lui aussi qui déclarait qu’à la Réunion, «le problème numéro 1, c’est la démographie», «les femmes de la Réunion ont eu des enfants sans compter». Pour lui, il semblerait que l’heure soit venue pour les femmes de l’Île d’arrêter de concevoir. Elles en avaient assez fait.
Si ce scandale n’a pas été cachée, elle n’a pas empêché l’affaire de disparaître des mémoires et du récit national, ni même aux victimes d’être indemnisées. Encore une partie de l’histoire des Noirs qui a été omis dans le récit de la colonisation fait par les occidentaux.

NegroNews

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