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[POLITIQUE] L’AFRIQUE CONDAMNE LA « DÉRIVE FASCISTE » DU CHEF DE JUNTE MALIEN, SANOGO

Le 11 décembre, le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a été arrêté par les militaires aux ordres du capitaine Sanogo.

Contraint de démissioner, il a été remplacé dans la foulée par Diango Cissoko.

Comment la presse africaine a-t-elle réagi, alors que le Mali semble s’enfoncer un peu plus dans la crise?

Le Mali atterré mais pas révolté

«C’est aux grandes nations et aux grands peuples qu’arrivent les grandes crises», écrit l’écrivain malien Ousmane Diarra, dans Les Echos du 12 décembre.

Ces quelques mots expriment à la fois toute la douleur et toute l’espérance des Maliens, qui assistent impuissants au nouvel épisode d’une crise politique interminable.

C’est dans une tribune intitulée «Ce que je pense de la situation» que l’écrivain décrypte les enjeux de l’arrestation, puis de la démission du Premier ministre Cheick Modibo Diarra.

Un cri de colère contre les «leaders politiques, religieux, d’associations de la société civile» inconscients, selon lui «de l’humiliation que les Maliens et les amis sincères de notre pays vivent au quotidien».

Le renoncement et la honte sont pour lui les maux qui rongent aujourd’hui le Mali en profondeur, et rendent impossible toute initiative pour sortir de la crise.

De manière plus pragmatique, le quotidien L’Essor du Mali préfère analyser les causes et les conséquences de la démission de Cheick Modibo Diarra.

Il y voit l’expression presque naturelle d’un système politique bancal et désordonné, qui a mis entre les mains de ce dernier de trop grands pouvoirs.

«Le problème réside autant dans la personnalité du chef de gouvernement (…) que dans la définition du périmètre de ses pouvoirs», peut-on lire dans le quotidien.

«Pour la majorité (des Maliens, ndlr), cet épisode ne fera que plomber une situation déjà particulièrement difficile (…) Ce sentiment semble le mieux partagé, tant les Maliens sont las des rebondissements de cette crise», écrit, pour sa part, Le Journal du Mali, qui cherche à comprendre comment les populations ont reçu la nouvelle.

Pour le site Internet, le «débarquement» de Cheick Modibo Diarra par le capitaine Sanogo est, avant tout, le résultat de rapports qui se sont considérablement dégradés depuis plusieurs semaines entre les deux hommes. Une situation d’autant plus explosive qu’ils avaient semblé plutôt proches depuis le début de la crise.

Fait marquant: peu de critiques à l’encontre du capitaine Sanogo sont à noter dans les médias maliens depuis le 11 décembre. Seul le blog Africamix, qui dispose d’un correspondant à Bamako, a vertement réprimandé le coup de force du jeune officier putschiste (40 ans tout juste).

En titrant un billet d’humeur: «La dérive fasciste du simple capitaine Sanogo», Africamix donne le ton.

Une véritable diatribe s’ensuit, fustigeant tour à tour «celui qui rêve à un destin national», un «exemple de combativité… de salon ou d’arrière-cour », responsable d’un coup d’Etat «inepte».

«Laissez les problèmes de la nation à ceux qui ont un semblant de légitimité et astiquez plutôt votre arme, avant de partir au nord vous battre vraiment pour votre pays», exhorte le blog Africamix, rageur.

Sanogo, le «petit capitaine» qui pourrait tout casser

Il en est de même pour les médias sénégalais, enclins à la critique du capitaine Sanogo. Le Quotidien titre ainsi:

«Au Mali, le putschiste Sanogo démontre à nouveau son pouvoir de nuisance.»

Il lui est reproché d’avoir plongé le Mali dans le chaos lors de son coup d’Etat du 22 mars, et de vouloir réitérer avec l’arrestation de Cheick Modibo Diarra.

«Ce militaire, qui aime à se comparer au général Charles de Gaulle en résistance contre l’occupant allemand et ses collaborateurs français pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), joue sur les profondes divisions de la société malienne face à la crise dans le nord.»

Même son de cloche du côté du site Press Afrik, qui fustige «ce “petit” capitaine [qui] n’a pas eu le culot de braver les islamistes du Nord-Mali mais [qui] a chaque fois le toupet de chambouler l’ordonnancement institutionnel de son pays».

La presse burkinabè analyse en revanche la nouvelle crise malienne à travers le prisme des négociations menées par Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso, au sujet du Nord-Mali.

«Il faut rapidement former un nouveau gouvernement qui prendra la relève, au cas où l’option du dialogue avec Ansar Dine et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) serait toujours maintenue», analyse le quotidien Le Pays, qui s’inquiète vraisemblablement de la tournure que peut prendre le dialogue pour une sortie de crise au nord.

Une préoccupation que partage le quotidien algérien El Watan, qui donne la parole à Bakary Mariko, porte-parole de l’ex-junte militaire et du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), qui avait administré brièvement le Mali après le coup d’Etat du 22 mars.

Ce dernier répète que, selon l’ex-junte, Modibo Diarra constituait un point de blocage pour la discussion entre Maliens.

Dans un autre article, El Watan précise que «la destitution par les militaires du Premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra, n’a pas été une surprise».

Le quotidien estime ainsi que l’homme se trouvait déjà isolé depuis plusieurs semaines, et que sa démission risque de perturber le plan pour évincer les islamistes toujours présents au Nord-Mali:

«Des divergences qui, malheureusement, empêchent tout espoir de voir la crise politique résorbée, pour passer à la libération du Nord.»

Source : slateafrique.com

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