Niger : Areva empoisonne la population

« À Arlit, il y a beaucoup de problèmes de santé. Difficultés respiratoires, cancers, femmes qui accouchent d’enfants mal formés » Tel est l’amer constat que fait Amina Weira, réalisatrice nigérienne, sur la ville de son enfance. Dans le documentaire « La Colère dans le vent » présenté à Dakar dans le cadre du festival Films Femmes Afrique, elle a tenu à dénoncer les actions du grand groupe français.

Présent au Niger depuis plus de 50 ans, AREVA (devenu Orano) exploite dans le département d’Arlit, au nord du pays, deux sites miniers, SOMAÏR et COMINAK, et développe à proximité le futur site d’Imouraren et les populations qui vivent près de ses sites pâtissent de leurs activités quotidiennes.

« Quand j’étais petite déjà, la mère d’un de mes camarades avait des problèmes de santé à chaque fois qu’elle venait à Arlit. Il fallait l’évacuer à Niamey, à plus de mille kilomètres, pour la soigner. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne pouvait pas vivre ici. Plus tard, quand j’ai voulu faire le film, j’ai questionné des scientifiques et des médecins sur les dangers de l’activité minière. À Arlit, il y a beaucoup de problèmes de santé. Difficultés respiratoires, cancers, femmes qui accouchent d’enfants mal formés… Petits, on voyait tout ça, mais on ne faisait pas le lien. Les gens avaient l’habitude de dire, comme souvent en Afrique, « c’est son destin, c’est Dieu qui lui a donné un enfant comme ça. Ce sont surtout les retraités de la mine qui sont touchés. Beaucoup meurent de paralysies et de maladies étranges. » Confiait la jeune femme de 30 ans aux journalistes du Monde, venus l’interviewer dans le cadre de la sortie de son documentaire sorti en 2016.

Dans ce documentaire, on y apprend qu’à l’origine, Arlit était un campement, une cité de mineurs. Toutefois ayant pour objectif de réunir pour les travailleurs les conditions possibles pour qu’ils y restent, Areva a bâti une ville pour eux sans pour autant tenir compte des normes sanitaires d’usage. « Certains quartiers sont à moins de 200 mètres de la mine. Les normes ne sont pas respectées. Et les tempêtes de sable propagent la radioactivité dans la ville. » décrit l’auteure du documentaire.

Lorsqu’on lui demande ce qu’elle reproche à Areva, elle répond sans détour : « Qu’ils se soient accaparés nos richesses sans prévenir les travailleurs des risques encourus. Ils ont tablé sur l’ignorance de la population pour faire du profit. »

Si elle admet ne pas avoir reçu de pression du groupe pendant et après le tournage de son documentaire, ce sont les autorités nigériennes qui lui ont donné du fil à retordre. Sûrement parce que dans ce pays où le taux de chômage est élevé, l’employabilité qu’offre un tel groupe est une manne inespérée pour le gouvernement.

 

Annabella Kemayou

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