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LES ‘’MAINS COUPÉES DU CONGO’’: UNE HORREUR DE LA COLONISATION

Les Belges sous le règne du roi Léopold II ont exploité, torturé et tué des millions de Congolais entre 1885 et 1908. ‘’Si les villages ne rendaient pas la quantité de caoutchouc dont on avait besoin, on prenait les hommes mâles, adultes et on leur coupait la main. La deuxième fois, on leur coupait l’autre main. Si la famille continuait à ne pas donner le caoutchouc, on tuait.’’ La punition la plus répandue était la section de la main: l’origine de l’appellation ‘’ les mains coupées du Congo’’.

En 1885, Léopold II, roi des Belges, obsédé par l’idée de posséder une colonie, se voit attribuer le Congo comme « propriété personnelle » et se prévaut d’une mission civilisatrice et humanitaire. Il modernise la région, développe des infrastructures, favorise le commerce et l’agriculture, crée des villes. Dans le même temps, il fait main basse sur les richesses locales, le caoutchouc et l’ivoire, s’arrogeant dès 1891 le monopole de leur exploitation. L’administration de « l’Etat indépendant du Congo » organise alors un système répressif, brutal et sauvage, pour faire travailler les populations autochtones.

Un livre a été publié par l’historienne africaine-colombienne Rosa Amélia Plumelle-Uribe. Dans ce livre, une femme qui a vécu cette époque témoigne :’’ Notre village s’appelait Waniendo, du nom de notre chef Niendo, nous n’avions jamais fait la guerre dans notre pays et pour toute arme, les hommes avaient des couteaux. Nous étions tous occupés aux champs, quand un messager est arrivé au village pour nous prévenir qu’approchait un groupe d’hommes important, qui portaient des casquettes et fusils à l’épaule et de longs couteaux. Beaucoup d’hommes blancs dont le chef était Kibalanga, nom africain d’Oscar Michaux, officier de la force publique qui reçut une épée d’honneur des propres mains de Léopold II. Le lendemain, matin, un groupe important de soldat est rentré dans le village, ils se sont précipités dans les maisons et ont sorti les gens de force. Nous pleurions tous parce qu’enchaînés et battus à sang, les soldats nous ont apportés des paniers de nourriture, dans certains desquels il y avait de la viande humaine fumée.’’

Autre témoignage sordide en une de l’Éclaireur de l’Ain » : ’’Un employé du Congo belge, M. Parminter, raconte avoir vu apporter aux Européens, par les indigènes auxiliaires, des chapelets d’oreilles humaines, et une autre fois, un sergent lui montra un sac rempli de mains coupées sur les ordres d’un officier blanc, dans un village qui n’avait pas fourni assez de caoutchouc. »

La presse internationale s’empare de l’affaire en 1896 et révèle l’histoire des mains coupées. Des écrits ont également été publiés par Le quotidien français « la Cocarde » sur le traitement infligé au Congolais par les Belges. « Il n’est question en ce moment dans la presse de toute l’Europe que des atrocités commises au Congo par les Belges. Travail forcé des indigènes dont les villages sont incendiés quand ils n’apportent pas assez de caoutchouc (le missionnaire dit n’avoir pas vu moins de 45 villages réduits en cendres) ; mains coupées et fumées, pour contrôler la compatibilité des cartouches confiées aux soldats noirs envoyés en expédition ; torture des indigènes, dont quelques-uns seraient abattus de temps à autre pour susciter la peur chez les autres.

C’est un pan de l’histoire qui fût longtemps oublié. Grace à la mise au jour faite dans le rapport de Roger Casement connu pour son engagement contre les abus du système colonial au Congo beaucoup d’atrocités furent relevées au grand jour. Le rapport révèle un massacre de masse qui a fait probablement plusieurs millions de morts entre 1885 et 1908. Une tuerie inouïe de cruauté. Un système qui devait permettre au royaume belge de jouir des richesses économiques que procurait le Congo. Massacres de masse, tortures et châtiments corporels, asservissement, villages rasés, rien ne fut épargné aux indigènes qui cherchaient à se soustraire au travail forcé.

Le rapport a provoqué la mise sur pied de la commission d’enquête sur les exactions commises dans l’Etat indépendant du Congo. Cette commission créée à la suite de l’affaire des mains coupées instituée par l’article 5, décret du 23 juillet 1904 visait principalement à rechercher si, dans certaines parties du territoire, des actes de mauvais traitement étaient commis à l’égard des indigènes, soit par des agents de l‘État, soit par des particuliers et de signaler éventuellement les améliorations utiles.

Le Congo devient le pays des mains coupées. Peu avant sa mort, Léopold II a brûlé toutes les archives belges qui pouvaient le compromettre. Certains documents sont restés secret-défense jusque dans les années 1980 et malgré les manœuvres de Léopold II pour manipuler la presse en arrosant ses interlocuteurs, le scandale fût mondial et a donné lieu à une campagne pour les droits de l’homme, jusque-là inédite. Le Congo n’a pas été le seul pays où la colonisation a été sanglante. Mais le nombre des victimes a été tel qu’il a montré un systématisme inégalé.

KHOUDIA GAYE

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