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[INSPIRATION] VÉRONE MANKOU VEUT PLUS D’ENTREPRENEURS AFRICAINS DANS LES TIC

Mankou veut plus d’entrepreneurs africains dans les TIC. Il explique comment il compte assumer sa contribution jusqu’au bout

Le Point Afrique : Pourquoi avez-vous lancé BantuHub ? Comment avez-vous eu l’idée ? Qu’en attendez-vous dans deux ans ?

Vérone Mankou : Le BantuHub est né d’un constat simple : c’est que, au Congo, les jeunes ont beaucoup de mal à se lancer dans les nouvelles technologies et qu’ils avaient besoin d’accompagnement pour devenir entrepreneurs. Avec le BantuHub , nous avons voulu créer un environnement dédié aux technologies, un espace de travail doté de tout le confort d’un bureau, un incubateur pour aider à l’émergence de start-up, et surtout un laboratoire d’innovation pour répondre aux besoins réels du moment avec des solutions innovantes. Si on a réussi avec VMK (le fabricant des tablettes et des smartphones inventés au Congo, NDLR), c’est parce que, en plus de l’idée, nous avions l’Internet, un ordinateur, de l’électricité et un bureau. En 2010 déjà, nous avions prévu de mettre à disposition un open space pour accompagner tous ceux qui voulaient suivre notre voie. À l’époque, ça s’appelait « VMK Lab ». Le projet a évolué pour devenir une entité à part entière et a été lancé en novembre 2013. L’Afrique a du talent, en matière de codeurs, de créateurs et d’entrepreneurs, mais pour la grande majorité ils sont tous dans l’ombre. Le but du BantuHub est de les faire venir dans la lumière. Dans deux ans, j’espère qu’on aura contribué à sensibiliser un millier de jeunes à l’entrepreneuriat, et à faire émerger une vingtaine de start-up viables, ce qui serait une victoire pour nous. Et d’ici cinq ans, je pense que nous aurons étendu notre mission en République démocratique du Congo. Mais nous allons aussi le faire dans la sous-région et en Afrique de l’Ouest où notre activité est bien suivie !

Avez-vous été inspiré par ce qui se passe à l’étranger ?

Il est clair que le iHub au Kenya a inspiré tous les TechHub nés après lui, mais le but n’est pas de faire des copies du iHub, car chaque région, chaque ville, chaque pays a un environnement spécifique. Lors de ma dernière tournée aux États-Unis organisée par EtriLabs (un TechHub du Bénin), j’ai pu constater de moi-même le retard que mon pays avait en matière de « Techpreneurs » et, dès mon retour, j’ai juré que mon pays ne serait pas le dernier de la classe en Afrique. J’ai accéléré le lancement du « Hub » en n’étant soutenu par aucun des partenaires que nous avons sollicités. Je pense que, s’il faut attendre que tout soit réuni pour se lancer, il sera trop tard.

Cela vous a-t-il déjà permis de repérer des pépites ?

Nous sommes sur une mine d’or. Les pépites, il y en a partout ici. Il suffit de les chercher avec les bons outils, et surtout de se donner les moyens de nos ambitions, et c’est là que le bât blesse. Nous ne sommes pas encore soutenus. Du coup, on fait avec ce qu’on a… Pas beaucoup, en fait !

Y a-t-il à votre avis assez d’investisseurs au Congo ? En avez-vous trouvé à l’étranger ?

Par principe, les investisseurs, il y en a sans doute assez pour ce marché qui ne compte que 4 millions d’habitants. Notons que toutes les banques du Congo sont en surliquidité, car elles ne prêtent presque pas… Ajouté au fait que le taux de bancarisation en Afrique est de moins de 10 %… En réalité, ceux qui ont l’argent investissent rarement dans les projets de nouvelles technologies. Comme je le dis souvent, en Afrique, chaque problème a une solution. Chaque solution est une start-up. Pour le problème de financement des jeunes start-up, j’ai trouvé une solution. Elle se nomme « JPC : Jeune Pousse Capital » www.jpcap.co. C’est mon fonds d’investissement pour start-up. En effet, lors d’un récent voyage aux États-Unis, j’ai pu collecter 250 000 dollars sur cinq ans. C’est peu, mais c’est un début… Pour financer les start-up au Congo d’abord ; dans toute l’Afrique, ensuite. Son lancement est prévu en janvier 2015. Dans le monde des start-up, il y a ce qu’on appelle « the valley of the death ». C’est cette période de deux à trois ans où la majorité des start-up meurent faute de financement, faute d’accompagnement. Le rôle de JPC est d’aider des projets viables que nous aurons sélectionnés à passer ce cap, nous agirons donc comme un fonds d’amorçage !

Faut-il revoir la politique fiscale du Congo ? Sa politique de formation ? D’équipement à Internet ? Qu’est-ce que cela peut changer pour le pays d’avoir plus d’entrepreneurs ?

Les États africains devraient avoir une politique de motivation, en permettant par exemple aux jeunes de se lancer sans impôt ni taxe pendant au moins cinq ans. Vous savez, l’Afrique comptera en 2050 deux milliards d’habitants, dont la grande majorité sera des jeunes. Mon rêve pour l’Afrique de demain est que cette majorité de jeunes soit entrepreneurs, et pas seulement ouvriers. Car, en donnant la priorité à la matière grise comme matière première, nous ne serons que mieux… Regardez la Corée (… celle du Sud, bien sûr)… Et c’est là que la formation devrait prendre un rôle déterminant, sinon devenir la priorité des priorités, car un peuple formé est un peuple qui sait comment trouver des solutions à ses problèmes (donc des créateurs de start-up si on reprend ma formule). Je suis heureux de voir qu’au Congo, pour la deuxième année consécutive, le pays a mis l’éducation comme la priorité des priorités. Au moment où je vous parle, une très grande université est en train de sortir de terre au nord de Brazzaville. Par ailleurs, en ce moment même, je suis en train de chercher les fonds pour lancer mon école spécialisée en nouvelles technologies et qui devrait voir le jour en 2016. Ce sera la « Infinite School »… Quant à l’équipement d’Internet, c’est une autre paire de manches… mais les choses avancent pour le mieux !

Le Congo peut-il devenir une start-up nation ?

Non seulement le Congo peut devenir une start-up nation, mais il va le devenir. J’y tiens et tout le monde autour de moi aussi. Avec VMK, BantuHub, Jeune Pousse Capital & Infinite School, nous allons faire tout ce qui est possible pour que le Congo ne rate pas ce train qui est déjà en marche. Le BantuHub va s’ouvrir en fin d’année à Pointe-Noire qui est la deuxième ville du Congo. Puis, en 2015, à Dolisie, Ouesso et Oyo, dans le seul but d’apporter de la lumière partout où les talents sont. Si tout marche bien, j’aimerais aussi ouvrir une représentation à Washington et à San Francisco… Bref, on a du pain sur la planche, il ne reste plus qu’à trouver de l’argent ! L’Afrique est déjà une start-up continent… Nous avons déjà la mèche, la poudre et les étincelles, il ne reste plus qu’un « boom » ! Quant à moi, je suis convaincu d’une chose : l’avenir est dans l’entrepreneuriat.

Source :

http://www.lepoint.fr/afrique/economie/du-bantuhub-a-l-infinite-school-verone-mankou-dit-tout-30-07-2014-1850333_2033.php

 

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