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[INSPIRATION] BETHANN HARDISON : LÉGENDE NEW-YORKAISE ET CHANTRE DE LA MODE EN COULEURS

Pionnière des mannequins noirs sur podiums dans les années 1960 devenue une figure phare de la mode new-yorkaise, Bethann Hardison est une femme avenante et chaleureuse mais entêtée: la mode n’est pas qu’une affaire de blondes.

Il y a tout juste un an, celle que l’on célèbre depuis des décennies à New York pour son « oeil » incomparable et son don pour dénicher des modèles qui ont « du chien », blonds, bruns mais aussi noirs ou latinos, a poussé un cri de colère aux résonances mondiales.

Pour la première fois, les grandes maisons qui, de Paris à Milan, Londres ou New York, ne faisaient appel à aucun, voire à un seul, modèle de couleur dans leurs défilés, ont été nommées et dénoncées, publiquement, une par une.

Cloués au pilori médiatique, beaucoup, dont les plus grands, Prada, Céline, Calvin Klein, Lanvin, Jil Sander, ont rectifié le tir dès la saison suivante, en février. De zéro, le nombre de modèles féminines noires et latines, notamment, a parfois décollé jusqu’à 5, sur une trentaine.

« Bethann est une force et les gens écoutent ce qu’elle a à dire », explique à l’AFP Diane von Furstenberg, présidente du CFDA (Council of Fashion designers of America) qui lui a remis en juin un prix pour son engagement.

« La réponse a été bonne », reconnaît simplement Bethann Hardison, vêtue d’une djellaba sombre en toile fine et d’un discret bracelet à la cheville, dans la moiteur brûlante d’un après-midi d’été new-yorkais.

Toute sa vie, ou presque, Bethann, qui entretient le mystère sur son âge, s’est consacrée et a représenté la diversité. En 1973 déjà, elle était l’une des 11 mannequins noires à représenter l’Amérique lors d’une mythique bataille des podiums à Versailles.

« Elle avait cette sauvagerie, cette attitude impériale… Elle a jeté à un parterre de têtes couronnées le regard le plus noir. Ils étaient terrorisés. C’était la vraie Amérique », se souvient avec émotion Bill Cunningham, grand photographe de mode du New York Times.

Chez elle, un mur de peintures haïtiennes et mexicaines célébrant la femme accueille le visiteur avec, à l’entrée, deux oeuvres de Jean-Michel Basquiat et Keith Haring, des amis.

– Femme d’influence –

Ses grands yeux noirs, célébrés en son temps par le photographe de mode Bruce Weber, lorsque l’ancienne ouvrière du quartier textile de Manhattan, le Garment District, apprenait à poser devant l’objectif, brillent d’une légère fatigue mais aussi de fierté.

« Un éditeur de mode m’a avoué que +désormais, ce n’est plus cool si tu n’as pas de filles de couleur dans la pub+ », comme sur les podiums, se réjouit-elle.

Aussi prête à caresser qu’à bondir face à un espoir déçu, celle qui a réussi à faire plier les plus grands créateurs n’en est pas à son coup d’essai.

En 1989, pour célébrer les modèles noires, alors « si nombreuses à travailler » dans les magazines, elle fondait la Black Girl Coalition, aux côtés des supermodèles Iman et Naomi Campbell. En 1993, la coalition donne un premier coup de griffes au monde de la publicité, jugé pas encore assez représentatif.

« On a pris l’habitude de se réunir sur ces questions » et d’attirer l’attention du public, se souvient Naomi Campbell, pour qui Mme Hardison, présente à ses côtés dès le début de sa carrière est « comme une deuxième mère ». Mais souvent, « il fallait se heurter à de fausses promesses », dit-elle à l’AFP.

« Quand elle a fermé son agence en 1996, le monde du mannequinat a commencé à reperdre peu à peu de sa diversité », raconte Kim Hastreiter, rédactrice en chef de Paper magazine.

Peu à peu, la tendance à la quasi-uniformité des mannequins, souvent blancs, s’est imposée. La faute, selon Mme Hardison, aux choix esthétiques de créateurs comme Miuccia Prada, désireuse de s’éloigner de l’individualité du mannequin pour mieux revenir sur le vêtement.

Résultat, en 2007, un an avant le numéro « 100% Black » du Vogue Italie par Franca Sozzani, « le mot d’ordre, c’était +pas de black, pas d’ethnique+ », note-t-elle.

L’idée de montrer du doigt, publiquement, les plus grands couturiers du monde, a alors émergé, et elle s’est lancée.

Après tant d’années, Bethann ne voit désormais qu’un seul successeur de taille, selon elle: le monde de la mode lui-même.

AFP

Source :

http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/Bethann-Hardison-legende-new-yorkaise-et-chantre-de-la-mode-en-couleurs-2014-09-05-1201626

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