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[INSPIRATION] AFRICAINS AUX USA: CAMILLE NGOULOU, UN NOIR DANS LE COCKPIT D’UN 747

Suite de notre série de portraits sur les Africains qui ont choisi de tenter leur chance aux Etats-Unis. Le quadragénaire gabonais Camille Ngoulou, commandant de bord de Boeing 747-400, n’a pas sa langue dans sa poche et éprouve envers les Etats-Unis et son peuple des sentiments aigres-doux.

Camille Ngoulou donne une réception ce soir pour fêter son diplôme de pilote de Boeing 747-400. De doux fumets s’échappent de la cuisine, les femmes sont aux fourneaux. Au menu : poisson au chocolat, feuilles de manioc, queues de bœuf et bananes grillées. Camille est originaire de la province du Haut Ogoué dans l’Est du Gabon. Ses racines africaines, il ne les oublie pas, contrairement à d’autres : «Il y a des Africains qui viennent ici aux Etats-Unis et qui oublient tout, leur culture, leur langue, et moi je trouve que c’est une insulte envers notre continent. En plus, ils essaient de se comporter à l’américaine mais ils n’y arrivent même pas. Ils ne maîtrisent pas l’anglais, ils ne connaissent rien aux Etats-Unis, donc ils essaient de s’identifier à quelque chose qu’ils ne connaissent pas, c’est énervant !»

Tous les invités à la party de Camille sont gabonais, pourtant il s’est installé il y a 25 ans aux Etats-Unis. Il n’a pas d’atomes crochus avec les Américains. Il évoque d’abord les blancs, souvent surpris de voir un noir sur le siège du pilote dans un cockpit : «L’Américain moyen est souvent choqué parce qu’il se demande si les Africains ne sont pas venus jusqu’ici à la nage, je ne leur en veux pas car ils sont limités et victimes de leur ignorance.» Les Américains éduqués sont parfois interloqués eux aussi, notamment ses collègues ainsi que les hôtesses de l’air. «Ils se demandent : celui-là d’où il sort et comment a-t-il pu devenir pilote ? Ils se posent des questions, ils pensent que j’ai profité de la discrimination positive, alors que moi je n’ai bénéficié d’aucun de ces programmes !» ajoute Camille.

Avec les noirs ce n’est pas mieux. Camille dit ressentir de la jalousie tous les jours. Ce père de famille, divorcé, a financé ses longues études en travaillant des années en tant que portier dans les hôtels. Selon lui les Africains connaissent moins d’échecs car ils viennent tous aux Etats-Unis dans un but bien précis : «On les bat à plates coutures les noirs américains, et leurs femmes aiment bien se mettre avec des Africains parce qu’elles savent qu’ils travaillent beaucoup et qu’ils sont plus enclins à la réussite. L’Américain moyen ne comprend pas que si l’Africain est au sommet, c’est qu’il s’est comporté différemment. Le système en place aux Etats-Unis profite à tout le monde, et les Africains l’ont compris. De nombreux noirs américains eux n’arrivent pas à le reconnaître et ne parviennent pas à en profiter.»

Camille préfère le modèle américain à celui du Gabon où les interférences de la classe politique, affirme-t-il, font capoter des projets. Camille en a fait lui-même les frais. «Je suis revenu au Gabon en 1999 pour essayer de monter une compagnie aérienne avec des amis, mais nous sommes vite arrivés à une impasse, parce que nous n’avions pas de parapluie comme on dit chez nous, c’est-à-dire pas de sponsors, mais aussi parce qu’il y a trop de personnes qui se mêlent de choses qui ne les regardent pas et pour lesquelles elles ne sont pas qualifiées, alors qu’aux Etats-Unis, si tu veux faire des choses, on te laisse tranquille.»

Source: RFI/Nicolas Champeaux

Image d’illustration : Camille Ngoulou, pilote de Boeing 747-400, vit aux Etats-Unis depuis 25 ans.

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