[HOMMAGE] MADIBA ET LA CULTURE DE LA LIBERTÉ

Il a incarné le rêve d’une nation arc-en-ciel et, même après sa mort, Mandela continuera à nourrir l’imaginaire des artistes. Des chanteurs, sculpteures, photographes, peintres, danseurs, musiciens et cinéastes qui propagent jusqu’à aujourd’hui ses idées et qui ont largement contribué à sa libération en 1990, après 27 ans de prison. Retour sur la relation entre Nelson Mandela et une culture au service de la liberté.

Nelson Mandela savait aisément interpréter et manipuler les codes culturels. Très tôt, son sens théâtral du costume et du geste a été employé au service des messages politiques de l’ANC. Pendant toute sa carrière politique, Mandela avait consciemment pris la pose devant les photographes pour incarner publiquement l’habit du conseiller, de l’avocat, de chef de guérilla ou d’homme d’État.

Et lors du procès marathon pour haute trahison de 1957 à 1961 à Pretoria, ce n’était pas un hasard que Mandela portait un costume croisé à revers boutonnés : « C’était le seul homme noir à porter des costumes coupés sur mesures par le tailleur de l’homme le plus riche d’Afrique du Sud, Harry Oppenheimer, le magnat de l’or et des diamants » raconte le scénariste britannique John Carlin. Et quand, en 1961, l’ANC risquait de perdre le soutien de ses rivaux « africaniste », Mandela n’hésitait pas à s’afficher en tenue traditionnelle xhosa avec pièce d’étoffe et collier à perles thembu pour incarner la culture et l’identité « africaine ».

« Invictus » (Invaincu)

À d’autres moments, Mandela arborait une barbe révolutionnaire en s’identifiant avec le héros du Mouron Rouge, un roman anglais de 1903. Dans son autobiographie, Mandela relate également que c’est à la lecture de La Guerre et la Paix de Tolstoï qu’il avait compris qu’il faut profondément connaître son peuple pour pouvoir le conduire à bon port. Et lors du procès de Rivonia, en 1964, Nelson Mandela affronte la crainte d’être condamné à mort avec des vers de Shakespeare.

Le géant de la littérature restera aussi son compagnon de cellule, grâce à un exemplaire clandestinement introduit dans la prison de Robben Island. La couverture du livre a été recouverte avec des divinités hindoues pour tromper les gardiens. C’est ainsi que les prisonniers s’instruisaient à « l’université Mandela » où l’on récitait aussi avec verve le poème Invictus (Invaincu) du poète britannique William Ernest Henley.

De Dennis Brutus à Nadine Gordimer

Depuis toujours, Nelson Mandela avait loué la force de la culture et l’enseignement de ses professeurs qui leur inculqué à l’école l’importance de la littérature pour la vie dans la société contemporaine. Ce n’est pas un hasard que le programme d’action de l’ANC en 1949 fixait un but éducatif et culturel au combat national contre l’apartheid. La littérature et la poésie (« cela vous donne de l’énergie ») étaient pour Mandela des inspirations permanentes.

Il lisait aussi bien des poètes sud-africains comme Dennis Brutus que des classiques comme William Shakespeare ou des auteurs contemporains comme Samuel Beckett ou Nadine Gordimer qui l’avait toujours soutenue. Et ce n’était certainement pas anodin que les prisonniers de Robben Island montassent au sein de la prison Antigone de Sophocle pour défier avec une tragédie grecque le pouvoir illégitime du régime de l’apartheid. Dans la pièce, c’est Mandela qui incarnait le tyran Créon, comme il étudiait la langue afrikaans pour mieux comprendre et surmonter l’esprit de ses bourreaux.

Pendant ses 27 ans en prison, Mandela est pratiquement devenu un homme sans visage. Après des années sans contact avec le monde extérieur, même ses amis proches en liberté n’avaient plus aucune idée à quoi il ressemblait. Quelques mois avant la libération de Mandela en février 1990, l’artiste Reshada Crouse avait entrepris à réaliser une série de portraits pour retrouver l’image de Mandela. Crouse essaie alors de restituer l’apparence d’un Mandela devenu mûr et réfléchit. Et Crouse y parvient étonnement bien, avec l’aide des descriptions transmises par Amina Cachalia et des avocats de Mandela qui lui rendaient régulièrement visite en prison.

Source : rfi

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