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GÉNOCIDE RWANDAIS : DES NOTES CONTREDISENT LA VERSION FRANÇAISE

La cellule investigation de Radio France et Mediapart révèlent de nouveaux éléments ce mercredi 6 février, sur l’attentat qui a servi de déclencheur au génocide contre les Tutsis, qui a fait près d’un million de morts, à l’été 1994 au Rwanda.

Des documents inédits, dont une note de la DGSE (les services extérieurs de renseignement français), révèle des informations qui contredisent la version que la France a toujours soutenue sur ce sujet.

Une note, jamais dévoilée jusqu’ici désigne Théoneste Bagosora, ancien directeur de cabinet du ministre rwandais de la Défense, passé par l’École de guerre en France et Laurent Serubuga, ancien chef d’état-major des Forces armées rwandaises (FAR) les têtes pensantes du génocide et les commanditaires probables de l’attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.

Le 17 septembre 2015, les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux ouvraient une enquête sur l’attentat contre le président Habyarimana, c’est à cette occasion que la note « Confidentiel Défense » et datée du 22 septembre 1994 a été déclassifiée par le ministre de la Défense.

Dans cette note, les espions français parlent de la responsabilité des « ultras » hutus dans l’attentat, désireux d’éliminer un président rwandais, jugé trop conciliant avec les rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé, l’actuel président rwandais : « Le 12 juillet 1994, le service, la DGSE avait déjà émis une hypothèse qui, deux mois plus tard, lui semble toujours la plus plausible », « Tous deux natifs de Karago, à l’instar du défunt président Habyarimana, Théoneste Bagosora et Laurent Serubuga se sont longtemps considérés comme les héritiers légitimes du régime », « Leur mise à la retraite, prononcée en 1992 par le président Habyarimana, alors qu’ils espéraient obtenir le grade de général, avec les privilèges afférents, a été à l’origine d’un lourd ressentiment et d’un rapprochement remarqué auprès de Mme Agathe Habyarimana, veuve du président et considérée souvent comme l’un des principaux cerveaux de la tendance radicale du régime. » , « Cette opération, l’attentat contre l’avion du président Habyarimana aurait été préméditée de longue date par les extrémistes hutus », écrit la DGSE

Toujours dans ces écrits, le renseignement français poursuit en décrivant un complot politique soigneusement préparé : « L’assassinat de ministres de l’opposition modérée et de Tutsis, moins d’une demi-heure après l’explosion du Falcon présidentiel, confirmerait le haut degré de préparation de cette opération. « , « vaste programme de purification ethnique dirigé contre les Tutsis, dont les concepteurs seraient des proches du chef de l’État. « , « les événements actuels sont à replacer dans un contexte d’affrontement entre Hutus du nord et Hutus du sud , la possibilité d’un complot politique organisé et soigneusement préparé, comme le montre l’exécution de l’attentat, relativement complexe sur le plan technique », « L’ hypothèse selon laquelle ces roquettes pourraient avoir été tirées par des éléments armés du Front patriotique rwandais (FPR) n’est pas satisfaisante », « Pour pouvoir approcher de l’aéroport, il est nécessaire de franchir plusieurs barrages militaires et la zone est strictement interdite aux civils. Par ailleurs, des patrouilles de gendarme et de soldats de la Mission d’assistance des Nations unies (MINUAR) quadrillent le terrain. Les roquettes semblent donc avoir été tirées par des personnels biens entraînés et se trouvant déjà dans le périmètre de sécurité de l’aéroport.». ‘’, analyse la DGSE.

Vingt-cinq ans plus tard, ces notes de la DGSE viennent contredire la version française dans laquelle le général Christian Quesnot, le chef d’état-major particulier du président François Mitterrand, disait dans une note adressée au chef de l’État le 7 avril 1994 que : « L’hypothèse vraisemblable d’un attentat du FPR devra être confirmée par l’enquête. » Lorsque en février 2017, l’hebdomadaire le 1 demande à l’ancien secrétaire général de l’Elysée de mai 1991 à mai 1995, Hubert Védrine, s’il est « convaincu de la culpabilité de Kagamé dans l’attentat contre l’avion », ce proche de François Mitterrand répond : « En 1995, on n’en savait rien. Avec les années, ma conviction s’est renforcée que c’est probablement Kagamé. »

Les éléments auxquels ont eu accès la cellule investigation de Radio France et Mediapart démontrent que les services de l’État français avaient toutes les informations sur cet attentat. La DGSE (les services extérieurs de renseignement français) a multiplié les notes destinées au sommet de l’État jugeant la piste des extrémistes hutus comme « la plus plausible ».

Khoudia GAYE

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