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QUE GAGNE VRAIMENT L’AFRIQUE DE LA QUERELLE FRANCO-ITALIENNE ?

C’est une brouille qui dure depuis l’arrivée au pouvoir en Italie, de la Ligue, formation politique d’extrême droite, au pouvoir, avec le Mouvement 5 Étoiles, en juin 2018. Une arrivée commentée par Emmanuel Macron comme le signe d’une « lèpre qui monte ». De l’autre côté des Alpes, Matteo Salvini ne se prive pas de tacler « l’arrogance » du président français dont on accuse le pays « d’appauvrir l’Afrique ». Des piques qui ont débouché sur une crise politique sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale. Une crise qui n’a pas manquer de susciter les passions de beaucoup sur le continent noir au niveau notamment du débat sur le franc CFA.

L’extrême droite italienne est-elle « africanophile » ?

Il y a quelques jours de cela les vice-présidents du conseil italien Matteo Salvini et Luigi Di Maio ont lancé de sévères attaques contre la France et Emmanuel Macron. Les représentants de l’Etat italien accusent notamment Paris d’appauvrir le continent africain avec le franc CFA qui n’a pour objectif selon eux que de poursuivre une entreprise colonisatrice et ainsi aggraver la crise migratoire.

Le Quai d’Orsay a jugé les propos « inacceptables » et l’ambassadrice Teresa Castaldo fut immédiatement convoquée. Le gouvernement italien serait-il soudain frappé d’une folle et soudaine africanophilie ?

Les italiens Matteo Savini et Luigi Di Maio accusent Paris d’appauvrir le continent africain avec le franc CFA et d’être par conséquent responsable de la crise migratoire. En instrumentalisant les relations franco-africaines complexes, le mouvement 5 étoiles tente d’affaiblir le président français en vue des prochaines élections européennes.

C’est que plusieurs personnes en Afrique n’ont pas perçu dans la crise diplomatique qui oppose la France à l’Italie. Elles se sont vite emballées en voyant en Di Maio et Savini les défenseurs de la cause africaine.

« La France repose sur les recettes venant d’Afrique »

Dans cet affrontement qui oppose les partis pro-européens et les partis proches de l’extrême-droite, tous les coups sont permis, tous les arguments sont bons pour insulter le voisin. En instrumentalisant la revendication panafricaine sur le franc CFA, la manœuvre politicienne des populistes italiens consiste à affaiblir Emmanuel Macron en vue des prochaines élections européennes. L’ex-président français Jacques Chirac déclarait un jour que « la France repose sur les recettes venant d’Afrique, pour ne pas sombrer dans l’insignifiance économique ».

L’Italie reprend la diatribe contre le franc CFA, une monnaie surévaluée, facilitant l’importation et qui n’avantage pas l’industrialisation des 14 pays africains assujettis. Les défenseurs du Franc CFA expliquent qu’il permet de maintenir une stabilité en rapport avec la Banque centrale européenne qui exige des règles budgétaires strictes et un taux d’inflation inférieur à 3 %.

Cette dépossession économique donne un pouvoir infondé au gouvernement français qui peut arrêter toute transaction financière avec l’extérieur de chaque pays subordonné. Pour l’auteur du roman Les Cigognes sont immortelles « la francophonie est la continuation de la politique étrangère de la France, telle qu’elle était du temps des colonies ».

Paris et Rome veulent juste avoir bonne conscience

Ainsi pour certains, la langue et la monnaie de l’ancien colonisateur tissent encore les mêmes liens indéfectibles 50 ans après les indépendances des pays africains. L’avantage politique que peuvent tirer les italiens Matteo Salvini et Luigi Di Maio est de déposer sur le dos d’Emmanuel Macron, le fardeau des marées humaines qui débarquent sur les plages de Lampedusa et que les douaniers français refoulent à Vintimille.

Pointées du doigt pour leur manque de volonté à résoudre la crise migratoire, la France et l’Italie, qui mènent des politiques d’immigration divergentes aboutissant toutes deux au verrouillage de leurs frontières, se sont lancées depuis un moment dans une stratégie de déni : s’accuser mutuellement afin, peut-être, d’avoir chacune bonne conscience.

Loin de se trouver au cœur de leurs priorités respectives, le sort de l’Afrique n’est qu’un fonds de commerce dans cette lutte d’influence entre européens. Il faut donc cesser d’être naïf et ne pas trop vite s’émouvoir de tout ce que dit Paris ou Rome.

NN

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