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Falmata, ex-prisonnière de Boko Haram : « J’ai refusé actionner la bombe »

Victime de séquestration depuis des mois par le groupe terroriste Boko Haram, Falmata Bunu avait été « programmée » pour mener un attentat suicide. Epouse à trois reprises de trois membres influents de la bande terroriste, elle était condamnée à exécuter cette mission suicidaire. Mais elle s’oppose à l’idée d’attacher une bombe sur elle.

« Ma vie a basculé »

Désormais en paix avec son dramatique passé d’otage de Boko Haram, Falmata raconte comment elle a été kidnappée par les terroristes : « J’avais 15 ans lors de mon rapt, rappelle la jeune femme. C’était en 2015 à Dikwa, dans ma commune d’origine. Nous étions en chemin avec des amies pour aller sur-le-champ des parents d’une de mes copines de classe. Nous étions insouciantes. Il y a eu un raid massif de Boko Haram. Soudain nous avons été encerclées par un groupe d’hommes armés. Je n’ai jamais revu mes amies par la suite. Ma vie a basculé ».

Le nouveau commandant décrète que, conformément à la parole de son émir, jeune fille doit rejoindre ses trois époux au paradis. Elle est conduite vers une destination inconnue, avant de se voir assigner une mission kamikaze à exécuter au milieu d’une foule ou d’une garnison militaire. « Je ne voulais pas mourir jeune alors j’ai joué le jeu en faisant semblant d’obéir, affirme Falmata. « J’ai remarqué la manière dont ils ont attaché sur moi puis enclenché la bombe. J’ai réussi à m’échapper durant les préparatifs grâce à la complicité d’une vieille femme ».

Au lieu de suivre le plan de ses ravisseurs, elle détache de son corps la ceinture portant la bombe et prend la fuite. À bout de force, elle atteint un point de contrôle militaire à Monguno, à une centaine de kilomètres au nord de Maiduguri, la capitale de l’État du Borno : « Me voyant m’approcher d’un pas hésitant, un soldat a pointé son arme vers moi. Il hurle, m’ordonne de m’arrêter. Il était convaincu que j’étais une kamikaze. Un de ses collègues s’avance en m’interrogeant. Il m’a cru. Cela m’a sauvée ».

« J’ai beaucoup de chance en fait »

Pendant longtemps, Falmata est éprouvé pour sortir de son logement de fortune puis de marcher et traverser le camp de Bakkassi. « Regardez-la, c’est une épouse Boko Haram ! », des propos qu’elle entendait fréquemment. Mais elle reste silencieuse malgré son indignation : « Ces insultes, c’est comme recevoir à chaque fois des coups de poignard dans le dos, confie Falmata. Mais j’arrive à supporter, car c’est ici que j’ai retrouvé mes parents. J’ai beaucoup de chance en fait. D’autres femmes ayant connu la même expérience que moi sont rejetées par leurs proches ».

Aujourd’hui, Falmata a décidé de ne plus prêter attention à ce que les gens pensent. Elle mène son existence de jeune femme de 20 ans, sans se justifier. Et a presque réussi à retourner l’opinion d’une partie du camp de Bakkassi, grâce à ses talents de couturière. « J’ai appris le métier en observant ma mère ».

Prince Khalil

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